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Louis Provost réélu au COPF : « c’est l’heure d’avancer » vers Tahiti 2027

Le président du COPF Louis Provost et son directeur technique Éric Zorgnotti.

Contesté par Faana Taputu, candidat soutenu par son adversaire de toujours Tauhiti Nena, Louis Provost a tout de même été réélu, plutôt confortablement, à la tête du Comité olympique de Polynésie Française, ce samedi. Le président, en poste de 2003 à 2008 puis depuis 2017, estime que ses efforts de modernisation ont payé. Et il assure qu’après cette réélection et une rencontre avec Moetai Brotherson, ses rapports tendus avec la ministre Nahema Temarii sont prêts à repartir du bon pied. Les autorités du sport « travaillent dans le même sens », avec un objectif clair : une « victoire à la maison » aux Jeux du pacifique 2027.

C’est la règle dans le milieu sportif polynésien : dans les trois mois suivant les Jeux du Pacifique, les fédérations élisent leur nouveau conseil, et les présidents ainsi installés se réunissent dans la foulée pour renouveler, à leur tour, les instances du Comité olympique de Polynésie (COPF). Le processus a légèrement traîné en longueur depuis le retour des Salomon, début décembre, mais le COPF a bien réuni son assemblée générale ce samedi matin. Louis Provost, président de cette association indépendante du gouvernement créée dès 1973, était candidat à sa réélection. Face au patron de l’association sportive de tir de Tahiti et de la fédération polynésienne de tir, un seul autre candidat : Faana Taputu.

Ça n’est un secret pour personne : le président de la Fédération tahitienne de basketball était dans cette élection le candidat de Tauhiti Nena, président de la Polynesian Boxing Association, qui vient de récupérer la délégation de service publique de la discipline, à la tête du COPF de 2001 à 2003 puis de 2008 à 2017. Il avait été, à chaque fois, renversé par Louis Provost, président de 2003 à 2008 et depuis 2017. Faana Taputu, qui avait aussi été nommé en 2022 vice-président du Hau Ma’ohi Ti’ama, plateforme politique du même Tauhiti Nena, avait beaucoup insisté sur le nécessaire renouvellement des dirigeants du sport fédéral polynésien pour préparer au mieux les Jeux du Pacifique 2027. Renouvellement il y a eu, puisqu’environ 40% des nouveaux membres au conseil d’administration du COPF ne siégeaient pas sous l’ancienne mandature. Faana Taputu, lui, n’a pas été élu, et a donc laissé Louis Provost seul en course pour la présidence. Samedi, il a remporté plus des trois quarts des voix des administrateurs nouvellement installés.

Le travail « ça n’est pas seulement de récupérer du pognon »

L’approche de Jeux 2027, les premiers organisés au fenua depuis 1995, a sans surprise occupé une bonne partie des discussions de campagne, menées de façon très informelles. Et les bons résultats de l’édition des Salomon – 154 médailles dont 57 en or, et une deuxième place derrière la Nouvelle-Calédonie – ont plutôt joué en faveur de l’équipe sortante. Mais à entendre le président réélu, c’est « tout le reste du travail entamé en 2017 » qui a payé. Recrutement d’un directeur administratif pour « structurer le COPF et pouvoir assumer toutes ses missions » ; recrutement, « après la raclée qu’on a pris à Samoa » en 2019, d’un directeur technique, Eric Zorgnotti, « qui s’était occupé des conseillers techniques fédéraux, les a rassemblé, a mis une stratégie en place » ; adoption d’un programme et d’objectifs en vue de 2027 ; programme dédié « à faire monter le niveau aussi dans les fédérations qui n’ont pas la chance d’être olympiques »… Cette réélection « ce n’est pas que le résultat des Jeux », insiste le tireur.

Louis Provost, malgré un soutien confortable au conseil d’administration, en profite pour dénoncer certaines déclarations de ses « adversaires » dans cette élection… et le rôle qu’aurait tenu Tauhiti Nena, pas candidat, mais qui bénéficie toujours d’une certaines aura auprès de certains présidents. « Il a tenu les rênes du Comité olympique pendant huit ans. On n’a pas vu la couleur du travail, tacle Louis Provost. On a vu que des promesses qui ont été encore refaites dans cette élection, à savoir d’aller au CIO, récupérer 300 millions par-ci, d’aller au CNOSF (comité national olympique, ndr), où on va récupérer 100 millions. En fait, nous, on n’est pas que sur de l’argent, on est aussi sur une technique, une productivité… Je ne dis pas que l’argent, on n’en a pas besoin. Si. Mais l’essentiel du travail ne se trouve pas seulement de récupérer du pognon. Et je crois que les présidents de fédérations avaient bien compris les enjeux et où était la différence entre les deux candidats ».

Un argument développé par l’équipe de Faana Taputu a tout de même fait mouche auprès de certains présidents : Louis Provost ne serait ni en phase, ni en odeur de sainteté auprès des autorités politiques du Pays, soutien financier indispensable du sport polynésien. Le camouflet des baisses brutales de budget pour Tahiti 2027 – et l’annulation de certains projets emblématiques prévus par le COPF avec l’ancien gouvernement, comme le centre aquatique d’Aorai – l’a bien montré.

Plus récemment, le président du comité avait exprimé publiquement son incompréhension sur « certaines décisions » prise par la ministre des Sports Nahema Temarii, notamment celle de priver de son agrément et sa DSP la fédération polynésienne de boxe, qui a participé au Jeux et engrangé des médailles, au profit de la PBA de Tauhiti Nena. Louis Provost avait même adressé, mi-février un courrier à Moetai Brotherson pour parler de ces incompréhesions.

« Je défends bec et ongles, mais je sais aussi mettre de l’eau dans mon vin »

« Je reconnais qu’il y a eu quelques tensions avec le ministère, c’est comme ça. Mais un dialogue se fait toujours à deux, pas chacun dans son coin, à ruminer et à taper la tête contre le mur, explique aujourd’hui le président du COPF. Effectivement, on a eu un rendez vous avec le président du Pays, qui a été à l’écoute. Et à l’issue de cette rencontre, les liens se sont raccordés, on est en discussion sur pas mal de sujets. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Moi, je suis un syndicaliste, je défends bec et ongles, mais je sais aussi mettre de l’eau dans mon vin, et arrondir les angles pour que les athlètes en soient les principaux bénéficiaires et pas les victimes d’une incompréhension totale ».

L’heure est donc à la désescalade et à « travailler tous dans le même sens » avec le ministère et ses services, et cette réélection devrait « faciliter les choses ». Louis Provost, se montre serein sur l’organisation et les objectifs sports des Jeux du Pacifique 2027. Au cœur des échanges avec le gouvernement, Ambition 2027, un plan de performance qui doit donner au sport polynésien les moyens de « gagner à la maison », qui avait mis sur la table dès février 2022 par le COPF. À la fin de la même année, toujours sous la mandature d’Édouard Fritch, le président du comité s’agaçait que le programme ne soit toujours pas financé par le Pays. Des fonds ont été alloués au développement du haut-niveau pour 2023 et 2024, mais pas dans la mesure demandée par Ambition 2027. « On va finir par le mettre en place, ce plan, assure Louis Provost à trois ans de l’échéance. Peut-être pas de la manière dont on aurait voulu, mais on trouvera certainement la solution qui conviendra à tout le monde, les fédérations, les athlètes, et le Pays au travers d’une victoire aux Jeux du Pacifique ».

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