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Macron "entre en campagne" avec un premier grand meeting parisien

Paris (AFP) – A deux jours de l’allocution de François Hollande le 14 juillet, Emmanuel Macron, auquel on prête des ambitions présidentielles, tient mardi un premier grand meeting à Paris avec son mouvement En Marche!.

Trois mois après le lancement de ce parti « transpartisan », qui reprend ses initiales, le jeune ministre de l’Économie (38 ans) laisse toujours planer le doute sur ses intentions pour 2017, dans une posture de quasi-candidat qui mélange l’habileté et l’ambiguïté.

« Je ne concours pas pour le maillot à pois ou le maillot blanc, ni pour le maillot vert. Quand on fait du vélo, c’est le maillot jaune », a lâché M. Macron en marge d’une visite sur le Tour de France le week-end dernier.

Mais pas de déclaration de candidature à attendre toutefois à partir de 20H00 à la Mutualité, ni même de sortie du gouvernement, assure son entourage : il n’y aura « pas d’annonce personnelle ». Exit donc aussi les rumeurs de départ à la mi-juillet évoquées par plusieurs médias.

La méthode et le calendrier restent inchangés : le « diagnostic » et une opération de porte à porte jusqu’à la fin de l’été, les « propositions » en octobre, puis les « questions de personnes », selon un proche du colocataire de Bercy.

Organisé dans une salle de 1.800 places qui s’annonce « pleine à craquer » selon les organisateurs, le rassemblement apparaît aussi comme une tentative de relance, alors que la trajectoire ascendante de M. Macron a connu ses premiers « couacs » ces dernières semaines (affaire du « costard », jets d’oeufs, démêlés autour de son ISF…) 

Un député Les Républicains, Georges Fenech, vient d’ailleurs de saisir ce mardi la Commission des comptes de campagne pour « éclaircir » des informations de presse sur une levée de fonds d’En Marche! à Londres.

« On a beaucoup entendu qu’il était seul, que c’était une aventure solitaire, je pense que ce soir ça va être la démonstration du contraire », souligne Benjamin Griveaux, un ancien strauss-kahnien qui fait désormais partie de la jeune garde de M. Macron.

« C’est le premier grand rassemblement des adhérents et soutiens » depuis le lancement du mouvement le 6 avril, le moment de « faire un point d’étape sur les valeurs et les méthodes », poursuit-il.

– La « créature » du président –

Ce meeting sera aussi l’occasion pour l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée, qui n’a pas sa carte au PS, de faire ses armes dans un exercice relativement inédit pour lui.

M. Macron « entre en campagne. Parce qu’il pense que les forces progressistes ont besoin de lui. Macron est utile à tout le monde », a expliqué la semaine dernière le maire PS de Lyon Gérard Collomb, en annonçant d’autres meetings au cours de l’été.

Une trentaine de parlementaires sont annoncés, dont le premier cercle : outre M. Collomb, le sénateur François Patriat, les députés Richard Ferrand, Arnaud Leroy, Stéphane Travert et Corinne Erhel, Christophe Castaner, tous socialistes. Des intellectuels et des économistes sont également attendus.

« Il n’y a pas beaucoup de mouvements aujourd’hui qui remplissent la Mutualité, quand je vois que +hé oh la gauche+ (mouvement de soutien à François Hollande animé par Stéphane Le Foll, ndlr) a du mal à rassembler 200 personnes… », moque un macronien.

Le positionnement « un pied dedans, un pied dehors » du ministre a toutefois pu désarçonner ses soutiens, dont certains ne poursuivront pas l’aventure « En marche! » s’il s’agit in fine de soutenir le président sortant François Hollande.

Une manoeuvre régulièrement démentie par le ministre de l’Économie, alors qu’a encore surgi ces derniers jours dans la presse l’idée d’un « ticket » Hollande-Macron.

Julien Dray, un proche de François Hollande qui avait favorisé l’éclosion politique d’Emmanuel Macron avant de prendre ses distances, a « pris le pari » mardi matin que le ministre ne serait pas candidat et qu’il serait aux côtés du chef de l’État en 2017.

Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien publié mardi, 36% des Français souhaitent que M. Macron se présente (30% chez les sympathisants de gauche, 53% de droite) contre 14% pour le président Hollande et 26% pour Manuel Valls.

© AFP/Archives ERIC PIERMONT
Le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, le 11 juillet 2016 à Paris