Après le débarquement de Sylvana Puhetini de la présidence du groupe Tapura à l’assemblée, des tensions sont apparus au grand jour au sein de la majorité. Tensions liées à la composition du gouvernement, à l’attribution des commissions ou encore à de vieilles querelles entre ex-A Ti’a Porinetia et « frondeurs » du Tahoeraa. Edouard Fritch a même menacé la semaine dernière de « démissionner » si sa majorité n’arrivait pas à s’entendre.
Ca gronde ces derniers jours chez les élus du Tapura. Le débarquement de la présidente du groupe rouge et blanc à l’assemblée a été la goutte d’eau qui a fait déborder un vase rempli de mécontentements autour de la composition du gouvernement, de la répartition des commissions, ou encore de la place donnée aux anciens de A Tia Porinetia dans la majorité. Critiqué sur ses choix, Edouard Fritch a tapé du poing sur la table la semaine dernière.
Déceptions à l’annonce du gouvernement…
Premières déceptions dans la majorité, la répartition des portefeuilles ministériels. Edouard Fritch a gardé secrète la composition du gouvernement jusqu’à la dernière minute, craignant des « fuites » comme lors de l’élection de Gaston Tong Sang à la présidence de l’assemblée la veille.
Problème, de sources internes au Tapura, des discussions avaient déjà eu lieu avant la formation du gouvernement sur la répartition des commissions à l’assemblée. Certains élus à qui des commissions avaient été retirées « se voyaient déjà au gouvernement ». « Des colistiers se voyaient aussi monter à l’assemblée, (…) ils avaient même fait le tour de l’assemblée pour choisir d’ores et déjà leur bureau ». La déception a donc été grande pour certains élus du Tapura, puisque finalement « leur prétention n’a pas été assouvie ».
L’attribution des commissions fait des jaloux…
L’attribution des commissions n’a pas été plus simple. Rien que pour la commission permanente, trois candidats se sont proposés. Benoit Kautai, Frédéric Riveta et John Toromona « têtu et borné » selon les déclarations d’Edouard Fritch à sa majorité. Finalement, John Toromona a gardé la présidence de la commission permanente. Frédéric Riveta a pris la troisième vice-présidence de l’assemblée. Et Benoit Kautai a récupéré la commission de l’Agriculture, à Thomas Moutame qui se voyait ministre de l’Agriculture…
Le tavana de Punaauia, Rony Tumahai, s’était vu promettre une commission. Il a finalement dû y renoncer. Virginie Bruant avait abandonné l’idée de présider la commission de l’Economie pour éventuellement monter au gouvernement. Elle a récupéré la Santé et Antonio Perez l’Economie.
« Les élus de A Tia Porinetia sont les gâtés »
« Les élus de ATP sont bien placés et nous les fidèles ? Où est notre place aujourd’hui ?», lâche un représentant Tapura. Teva Rohfritsch est vice-président du Pays, Nicole Bouteau est ministre, Gaston Tong Sang est au perchoir et Antonio Perez a eu la commission de l’Economie. Plusieurs élus estiment que les anciens d’ATP sont moins « légitimes » que les premiers « frondeurs » du Tahoeraa.
En effet, ces derniers aiment à rappeler que : « si Edouard Fritch est là aujourd’hui, c’est que nous l’avons soutenu, nous avons quitté le Tahoeraa pour lui . (…) Le groupe A Tia Porinetia ne s’est positionné que bien après (…) vous n’allez qu’à aller dans les archives et refaire l’historique de notre parcours, c’est simple ».
La goutte d’eau de la présidence du groupe Tapura…
Le retrait de la présidence du groupe Tapura à Sylvana Puhetini a été la goutte d’eau. « On ne voit pas où est le problème, si elle va au perchoir c’est le vice président qui assure la présidence du groupe ». Un élu proche de l’ancienne présidente du groupe prend aujourd’hui sa défense : « ce n’est pas évident de gérer un groupe de 37 élus. Il faut mettre tout le monde à la même enseigne. (…) Parfois lorsqu’on est chef, on doit prendre des mesures, même si elles ne plaisent pas, pourvu que les objectifs soient atteints ».
Plusieurs élus considèrent que si un vote avait été effectué, Sylvana Puhetini aurait gardé sa fonction de présidente de groupe. « Puisqu’aucun texte ne l’interdit », rétorque un élu. Les pros Sylvana estiment que « si on s’est retrouvé avec une majorité confortable l’an dernier, c’est quand même grâce à elle ».
Antonio Perez prétendait également à la présidence du groupe à l’assemblée. « Il est venu ce soir là avec un organigramme et il nous a expliqué comment est-ce qu’il voyait le fonctionnement du groupe. Mais il a tout de suite été arrêté par une élue, ce qui n’a pas été du goût d’Edouard Fritch ».
Fritch menace de « démissionner »…
Invité à participer aux réunions la semaine dernière, Edouard Fritch a tenté de taper du poing sur la table. Fatigué par toutes ces querelles internes, il a affirmé devant sa majorité : « si cela continue je démissionne ».
Une menace qui n’a pas laissé insensibles les élus Tapura. Certains se disant estomaqués : « Est-ce digne d’un président de parler comme cela ? (…) Il n’avait pas non plus à nous imposer toutes ces choses depuis le début et là ça en est trop. (…) On n’a jamais rien dit pour garder la cohésion du groupe, mais à quel prix ? ».