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« Malaise » à Tarahoi

© Cédric VALAX

A quelques mois du renouvellement des élus de l’assemblée, une vaste réorganisation des services de l’institution est en marche. Dans les couloirs de Tarahoi, le personnel se sent « maltraité » et dénonce « un malaise et un mal-être ». Selon le président de l’assemblée, Marcel Tuihani, cette réforme est pourtant la suite logique des préconisations de la chambre territoriale des comptes (CTC) et de l’audit effectué par son prédécesseur Edouard Fritch.

Pour une fois, le « malaise » à l’assemblée ne vient pas d’une querelle politique d’élus, mais des employés de l’institution. « C’est la première fois que nous nous manifestons », explique un agent, malgré l’anonymat demandé par nos nombreux interlocuteurs dans les services. La cause de ce « malaise ou mal-être », c’est la réorganisation de l’institution. « Ca a foutu une mauvais ambiance. Ils ont pris des gens à eux, et nous on est traité comme des pions », explique un agent. Un autre employé déclare : « déjà que ce n’est pas facile de travailler avec le politique, mais là on n’en peut plus, Marcel (Tuihani, NDLR) nous maltraite trop. Même Jacqui Drollet ou encore Lucette Taero, pourtant sévères, ne nous ont jamais traité de la sorte et de nuls ».

Pour un autre employé : « les têtes tombent ou on les pousse même à la démission, comme notre DAF ou notre chef de service de la logistique. Et tous sont remplacés par des gens à Marcel ». Pour les employés de l’assemblée, le président de l’institution « embauche ses copains avant de partir ».

Une réorganisation prévue depuis 2014

Le président de l’institution Marcel Tuihani se dit effaré par les réactions des agents de l’institution. Il affirme que cette réorganisation est la suite logique du dernier rapport de la chambre territoriale des comptes (CTC) et de l’audit mené en 2014 par l’ancien président de l’assemblée, Edouard Fritch. « Après, on a fait des constats. Le personnel a même été consulté à plusieurs reprises. C’est un cheminement de trois ans pour arriver à cette réorganisation. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Aujourd’hui, je mets simplement en place ce que mon prédécesseur a commencé. Je ne fais que suivre  la feuille de route de l’audit et de la CTC. »

Ainsi de dix services, l’institution est passée à cinq, pour obtenir un « format plus rationnel permettant une mutualisation des ressources ». « Dans certains services, comme les commissions, les agents sont débordés, alors que dans d’autres c’est beaucoup plus calme », explique Marcel Tuihani. Le président de l’assemblée rappelle que, l’an dernier, malgré les nombreux départs à la retraite non-remplacés : « personne n’est venu se plaindre d’une surcharge de travail. Cela veut dire quoi ? ».

Les agents de l’APF sont « des enfants gâtés »

Marcel Tuihani dénonce  le comportement « d’enfants gâtés » des agents de l’institution. Il affirme qu’ils sont mieux lotis que les élus, qu’une salle de sport est à leur disposition ainsi qu’un parking privé. Que leur salaire, plus avantageux que celui de la fonction publique territoriale, n’a pas été revu à la baisse, que les avantages restent inchangés ou encore que le confort matériel a été conservé.

Seul changement opéré aujourd’hui : « c’est que tout le monde doit se mettre au travail, et c’est peut-être cela mon tord. Mais je suis désolé nous devons être plus qu’exemplaires et performants, nous sommes payés avec l’argent de la collectivité. Chacun doit assumer les missions pour lesquelles ils a été recruté. Tout le monde sans exception, car c’est le denier public ».

Flambée des arrêts maladie depuis 2015

Le président de l’assemblée dénonce le laisser-aller des agents. Il dit regretter de leur avoir fait confiance. Il explique qu’en 2012, l’indemnité de législature de 20 000 et 30 000 Fcfp/mois avait été retirée en cas d’arrêt maladie, pour « lutter contre l’absentéisme ». Résultat, le taux d’absence avait diminué. Mais à la suite d’une réunion avec le comité technique paritaire en 2015, cette indemnité a été remise en place pour les agents en arrêt. Résultat : près de 3 000 jours d’arrêt maladie en 2015 et 2016, contre 1 800 les deux années précédentes. « Il faut arrêter. Je leur ai fait confiance, mais ils en ont profité. Alors je dis ça suffit ». L’an dernier, un agent avait été licencié pour ses arrêts maladies trop nombreux et injustifiés. « Je suis le premier à en licencier, mais vous pensez que c’est facile pour moi ? (…) Cet agent, sans cesse en arrêt maladie, accordait une interview télévisée sur un sujet de société ou se prenait en selfie à la plage pendant ses arrêts. C’est normal ça ? Et en plus payé par les deniers publics ? ».