Le mouvement fondé par Tauhiti Nena a présenté sa liste et son programme, samedi après-midi, dans les jardins de la mairie de Papeete. Tant pis pour le Te Nati et Here Ai’a dont l’absence, assure l’ancien ministre, ne pèsera pas sur la campagne. L’équipe, hétéroclite et « dynamique », prône des investissements du Pays dans plusieurs secteurs clés, un nouveau rapport à l’Etat et des actions coups de poing pour le pouvoir d’achat.
« On n’en parle plus ». Pour Tauhiti Nena, pas question d’épiloguer sur les divisions de dernière minute qu’ont connu son mouvement, Hau Ma’ohi, une version élargie de la plateforme qu’il avait proposé lors des législatives de 2022. L’ancien ministre d’Oscar Temaru, un temps bras droit de Gaston Flosse, l’assure : la liste qu’il mène pour ces territoriales ne souffrira pas du départ du Here Ai’a – « ils n’ont jamais été vraiment là, un coup avec nous, un coup pas avec nous » – et du Te Nati. L’antenne locale du Rassemblement nationale, présidée par Éric Minardi qui avait déjà soutenu Tauhiti Nena à la députation, faisait pourtant parti des piliers de la nouvelle alliance.
Départ de Te Nati : « un mal pour un bien »
« Ils nous faisaient gagner des voix, mais ils nous en faisaient perdre aussi, dit aujourd’hui l’élu de Papeete, qui regrette problème que les frictions qui ont aboutis à cette séparation « auraient pu être réglées » mais qui assure avoir été « plus que correct » avec les candidats Te Nati. Mais si pour une histoire de places on n’est pas capable de s’entendre aujourd’hui, qu’est ce que ça va être quand on va gouverner ce pays. Quelque part, c’est peut-être un mal pour un bien ».
Tauhiti Nena n’aura « pas eu de mal » à ficeler sa liste malgré l’urgence, et l’a présenté samedi dans les jardins de la mairie de Papeete, devant « 600 à 700 personnes » d’après lui, et moins de 300 d’après des observateurs. Les candidats, eux étaient bien là, et entre les « élus d’autre partis », les « jeunes entrepreneurs », « athlètes » ou « techniciens », les colistiers de Hau ma’ohi brillent par leur « diversité » et leur « dynamisme », insiste le chef de file. Parmi les têtes connues, Heifara Izal, la compagne d’Émile Vernaudon, Heia Parau, ancienne élue de Faa’a qui s’était brouillée avec le Tavini, Vatea Heller, qui s’est fait connaitre dans son activité syndicale, au Cosac, Faana Taputu, président de la fédération de basket qui avait accompagne Paméla Otcenasek aux législatives, Samuel Taupotini et Mainearii Tavita des Marquises, Titaina Parker, tête de liste aux australes… Réunis dans cette plateforme, qui promettait lors de sa formation de donner « le bon coup de balai que tout le monde attend » dans la politique, des personnalités aux sensibilités indépendantistes, souverainistes ou autonomistes. Tauhiti Nena, un temps grand promoteur de l’indépendance-association, estime que la question statutaire « devra être posée » mais devra aussi attendre que la Polynésie conquiert un peu plus de « souveraineté économique ».
Le Pays sur tous les fronts
Et pour ça, comme pour la lutte contre la vie chère, thème de campagne important pour la plupart des partis, Hau Ma’ohi veut beaucoup s’appuyer sur la puissance publique. Ainsi le Pays lancera des grands investissements et des prises de participation dans « les secteurs clés ». Dans le tourisme, où la Polynésie doit être « actionnaire majoritaire » des hôtels se construisant sur son domaine, comme le Village Tahitien ; dans la pêche, avec un effort de formation et de construction de bateau sans précédent qui doit aboutir à la création de « 5000 emplois » en deux ans – ; la « finance » avec la « transformation de Fare Rata en réelle banque et assurance » ; l’énergie, domaine dans lequel le Pays « prendra ses responsabilités » face au privé notamment en s’impliquant lui-même dans l’import et la distribution de carburant ; ou encore transport, avec la création d’une ligne publique de fret entre la Nouvelle-Zélande et Tahiti. De quoi « réveiller l’économie », « faire baisser rapidement les prix », « donner du travail à nos jeunes ».
S’ajoutent des réformes coups de poings dans l’éducation, la solidarité ou la formation, entre autres… Un programme ambitieux qui sera mené avec l’appui de l’État, « qui ne veut pas nous perdre », explique Tauhiti Nena. « S’ils voient qu’il y a un gouvernement qui baissent les dépenses de fonctionnement, qui fait des propositions concrètes pour le Pays, ils seront très intéressés pour nous soutenir, reprend l’ancien ministre de l’Éducation. Je n’ai jamais eu de souci avec l’État parce qu’on était dans une logique de respect. Par contre il va falloir qu’il nous respecte également ».