Ce jeudi environ 450 personnes se sont rassemblées devant l’assemblée pour opposer quatre revendications à la loi sur l’obligation vaccinale et pour soutenir le docteur Théron. Les responsables des collectifs présents ont été reçus par le président de l’assemblée et les présidents de groupes de l’assemblée. La rencontre s’est déroulée dans un climat d’écoute et les élus ont annoncé qu’ils proposeraient des amendements à la loi d’ici le 7 octobre d’après le collectif organisateur.
Le collectif Nuna’a a ti’a avait appelé à la protestation ce jeudi contre l’obligation vaccinale qui est sensée entrer en application le 23 octobre prochain. Environ 450 personnes ont répondu présent, de 8 à 13 heures. Aucun débordement n’a été observé – une centaine de policiers étaient déployés – et c’est sans doute ce qui a permis aux organisateurs de se faire entendre. Même sii, sur les groupes Facebook des collectifs, beaucoup discutent de la marche à suivre et parmi les messages les plus lus et commentés ceux qui appellent à des mouvements plus musclés :« Fini de perdre du temps en audience. Ce n’est pas négociable, passons aux actions plus sévères ! » peut-on lire sur le groupe créé par Te ora a te fenua. Dans la matinée le représentant Tavini Richard Tuheiava est intervenu pour les remercier de leur présence et de leur attitude pacifique dont il a souligné l’importance : « cela rend votre message crédible et audible ». Les pasteurs Tapati et Pihaatae sont également intervenus dans cet esprit. C’est ainsi qu’une délégation a été reçue par le président de l’assemblée et les présidents de groupes entre 11 et 14 heures. Elle était composée de représentants des collectifs Femmes de Polynésie, Te ora o te Fenua, Covid A ti’a Porinetia, Nuna’a a ti’a et Touchez pas à ma famille, ainsi que le président François Pihaatae et le pasteur Mitema Tapati de l’église protestante Ma’ohi. Leur quatre revendications ont été prises en compte mais les élus n’ont pas non plus fait de promesses.
Une manifestation à plusieurs voix
Les objectifs de la manifestation étaient divers, un peu comme les convictions des manifestants. La principale revendication partagée par tous était la suppression de la loi sur l’obligation vaccinale. Mais chacun a eu droit à la parole, notamment le collectif Touchez pas à ma famille, né en soutien au docteur Théron. Ce dernier est d’ailleurs intervenu par téléphone interposé, diffusé sur les enceintes. Les trois revendications secondaires de Nuna’a a ti’a n’ont pas reçu d’opposition notable des élus de l’assemblée : ils vont considérer leur demande de promouvoir une alimentation basée sur les produits locaux pour renforcer les défenses immunitaires ; leur demande de classer le « kit » comprenant un oxymètre, un thermomètre et un tensiomètre en tant que produit de première nécessité (PPN) a été promise par Edouard Fritch dans son discours devant l’assemblée ; d’autre part ils souhaitent que les « traitements alternatifs » et précoces « soient favorisés, et que l’initiative du maire de Paea Antony Géros avec le docteur Théron soit propagée, dans les bonnes conditions ».
Une issue constructive pour les organisateurs
Concernant l’obligation vaccinale, les collectifs qui se sont mobilisés depuis quelques semaines étaient tous présents : A tamau i te hono, Te ora te fenua, … La délégation de Nuna’a a ti’a reçue par Gaston Tong Sang, Teura Iriti, Tepuaraurii Teriitahi et Antony Géros est sortie en partie satisfaite : frère Maxime de l’association 193 annonce la promesse des élus que « d’ici au 7 octobre, il y aurait des propositions d’amendement de la loi pour atténuer le champ d’application de l’obligation vaccinale ».
Les représentants de l’assemblée ont été à l’écoute mais ont aussi assumé leur position. Tepuaraurii Teriitahi, présidente du groupe Tapura, explique avoir « remis les choses à leur place » : l’obligation vaccinale pour les enfants et le licenciement des non vaccinés n’ont jamais figuré dans ce texte de loi. Elle leur a aussi rappelé l’ouverture du texte, qui grâce à son article 6 est pensé pour évoluer avec la situation sanitaire. Ainsi une réflexion doit être menée avec le gouvernement avant une éventuelle prorogation de l’échéance du 23 octobre. Comme la majorité, Tepuaraurii Teriitahi indiquait sa position ferme quant à la nécessité d’une obligation vaccinale. Parmi les traitements alternatifs, l’utilisation de l’hydroxychloroquine et de l’ivermectine ont encore été mises en avant par certains manifestants. Ces médicaments n’ont jamais fait l’objet d’interdiction, a précisé le président du Pays en séance, bien que leur utilisation pour traiter le Covid soit faite hors AMM sous l’unique responsabilité du médecin prescripteur. Les services de santé l’ont rappelé à maintes reprises.
Application en entreprise?
La question principale que pose la loi qui se voit opposer 7 recours est son application dans les entreprises. Qu’en est-il de la protection des données personnelles, médicales notamment? Le président de l’assemblée Gaston Tong Sang explique que « L’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (Arass) a envoyé une circulaire aux sociétés et aux communes du Pays pour que la liste des postes concernés par l’obligation vaccinale lui soit communiquée ». Le maire de Bora-Bora explique notamment qu’en ce qui concerne son île, « 50 personnes sur 200, soit un quart de ses employés communaux » sont concernés.