Mareva Kitalong- Lechat a pris en mai dernier la tête de la Délégation aux affaires internationales, européennes et du Pacifique. Cette ancienne collaboratrice d’Oscar Temaru, directrice de campagne de Moetai Brotherson aux législatives de 2017, s’est envolée samedi soir pour New York, où le président du Pays interviendra devant la 4e Commission de l’ONU. Radio1 l’a rencontrée la veille de son départ.
Le statut de 2004 donne au seul président du Pays la compétence en matière d’affaires internationales. C’est pour l’assister sur ce plan qu’existe la Délégation aux affaires internationales, européennes et du Pacifique (DAIEP), qui compte 16 personnes. Mareva Kitalong-Lechat en a pris la direction très rapidement après les élections territoriales. Un service que cette femme de 41 ans, mère de trois enfants, connaît bien, puisqu’elle y travaillait déjà sous la précédente mandature.
Mareva est titulaire d’une double licence droit et lettres modernes obtenue à l’Université de la Polynésie française. Elle a ensuite obtenu son doctorat en sciences politiques de l’Université de Bordeaux en 2011, avec une thèse intitulée « Jeux politiques et processus d’autonomisation en Polynésie française (1957-2011) ». À son retour, elle est embauchée au cabinet d’Oscar Temaru, puis le suit en tant que collaboratrice de l’UPLD à l’assemblée de la Polynésie. En 2017, elle dirige la campagne victorieuse de Moetai Brotherson pour les élections législatives, et partage ensuite son temps entre l’Assemblée nationale et Tarahoi, avant de travailler sous la direction d’Édouard Fritch au sein de cette délégation qu’elle dirige à présent.
« Il faudrait que la France fasse le premier pas du dialogue »
Elle a pris l’avion pour New York samedi soir, pour rejoindre le président du Pays qui interviendra mardi, durant 7 minutes, devant la 4e Commission de l’ONU. Avec l’espoir, ravivé récemment par Emmanuel Macron, que la France participe elle aussi aux auditions sur le cas de la Polynésie française. Mais Mareva Kitalong-Lechat est prudente : « On ne sait pas si la France occupera sa chaise cette année. Dans la vie on peut changer d’avis juste avant … En effet des assurances ont été données, mais on verra bien si M. de Rivière, le représentant permanent de la France auprès des Nations-Unies, sera là pour prendre la parole. » L’enjeu de cette présence de la France à la 4e Commission, explique Mareva Lechat, c’est l’envoi effectif d’une mission de l’ONU en Polynésie pour poser les bases d’un référendum d’autodétermination, en contribuant à la complète information des Polynésiens.
Oscar Temaru est également parti pour New York samedi soir, et de nombreux pétitionnaires ont pris l’avion dimanche matin. Chacun d’entre eux aura trois minutes pour s’exprimer.
Les futures représentations à Fidji, en Nouvelle-Zélande et à Montréal
Le service que dirige Mareva Kitalong-Lechat est chargé de mettre en œuvre l’annonce du président sur l’établissement de représentations polynésiennes à l’étranger. La première chose est d’en évaluer le coût avant qu’une décision politique puisse être réellement prise.
Fidji est le centre politique de la région qui concentre le Forum des îles du Pacifique, la représentation de l’Union européenne, de nombreuses ambassades et des annexes de grandes organisations internationales comme l’OMS (santé) ou la FAO (agriculture) dans lesquelles la Polynésie souhaite devenir membre associé ou observateur.
Des organisations internationales dont la France doit ouvrir les portes à la Polynésie en présentant son dossier. Cela dit, dit Mareva Lechat, « le discours français est celui de la volonté que la Polynésie française s’insère régionalement », comme en témoigne son accession au statut de membre à part entière du Forum des îles du Pacifique, après avoir intégré le PROE (Programme régional océanien de l’environnement) et la Communauté du Pacifique. « Il y a cette volonté, mais après le chemin peut être parcouru de certaines petites bosses… », dit-elle en souriant.
Autre changement, le repositionnement au sein de la Délégation de la Polynésie française à Paris du correspondant européen de la DAIEP. Mareva Kitalong-Lechat espère y déployer d’autres agents, pour mieux exploiter les possibilités, encore peu explorées, offertes par les fonds européens.
À ceux qui critiquent les déplacements à l’étranger des membres du gouvernement, Mareva Kitalong-Lechat répond : « Chaque mission a un intérêt pour le Pays, sinon on n’irait pas. Parfois c’est aller s’inspirer de ce que font nos voisins, parfois c’est nous qui inspirons les autres, parfois c’est aller chercher des fonds, ou aller chercher des soutiens politiques. C’est sans doute à nous de mieux communiquer sur cet aspect. »