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Margaux Crusot, lauréate du prix Jeunes talents L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science

©CP/Radio1

Margaux Crusot, qui a soutenu la semaine dernière sa thèse de doctorat en écologie à l’Université de Polynésie française, est l’une des lauréates du Prix Jeunes talents L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science. Ses travaux visent à caractériser et quantifier les déchets plastiques produits par la filière perlicole, et à proposer une alternative : un biomatériau qui puisse être fabriqué au fenua.

Aujourd’hui en France, les femmes sont encore trop peu présentes dans la recherche scientifique : elles ne représentent que 28 % des chercheurs, contre 33,3 % au niveau mondial. Margaux Crusot, 30 ans, enseignante-chercheuse à l’Université de la Polynésie française, fait partie des 35 jeunes femmes scientifiques – et 4 ultramarines – récompensées cette année par L’Oréal et l’Unesco. Elle recevra son prix à Paris ce mercredi.

Originaire de Lyon, Margaux Crusot a passé une partie de son enfance au Vanuatu. Et elle a toujours su ce qu’elle voulait faire : ingénieur, dans une filière en rapport avec sa passion pour la mer. « C’est un très beau métier, ingénieur, dit-elle, il faut répondre à des problématiques mais aussi trouver des solutions. » Après un BTS d’aquaculture à Annecy, elle intègre l’Isara, école d’ingénieurs en agronomie à Lyon, et fait son apprentissage en génétique aquacole à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) à Jouy-en-Josas. C’est alors qu’elle répond à une annonce pour un poste en service civique à l’Ifremer de Vairao : elle arrive à Tahiti en 2016 pour travailler sur la réduction de la mortalité dans l’élevage de paraha peue. Deux ans plus tard, elle devient chargée d’études à l’UPF sur les biomatériaux en perliculture, dans le cadre d’un programme financé par la Direction des ressources marines. Le fruit de ses travaux constitue sa thèse de doctorat, soutenue avec succès mercredi dernier, et intitulée « Perliculture et déchets plastiques : de l’analyse des pratiques à la proposition de solutions plus durables ».

Fabriquer des collecteurs de naissains en bioplastique

Les chercheurs estiment que la perliculture polynésienne génère plus de 1 600 tonnes de déchets plastiques par an. Des déchets dont de nombreux perliculteurs ne se sont pas souciés pendant des années, jusqu’à ce que la pollution oblige à l’arrêt de la production dans certains endroits, et que les professionnels se tournent vers le Pays pour évacuer ces déchets.

Le travail de Margaux Crusot s’est donc développé sur deux axes : identifier les pratiques les plus polluantes, et trouver des biomatériaux pour remplacer le plastique.

Ce sont ainsi les collecteurs de naissains d’huîtres perlières qui ont été identifiés par les chercheurs – le projet bénéficie aussi de la participation de l’institut Sion de Nouvelle-Zélande – comme étant les plus dangereux pour l’environnement. « Ce collecteur, à l’heure actuelle, il est constitué d’une corde en polyéthylène avec une ombrière qui est enfilée dessus. C’est l’ombrière qui est particulièrement problématique parce qu’elle va créer des microplastiques et en plus, sa composition s’avère toxique chimiquement », explique Margaux qui a donc élaboré un biomatériau, partiellement biosourcé et totalement biodégradable, pour fabriquer les ombrières des collecteurs.

La recherche se poursuit en partenariat avec Plastiserd : le bioplastique de Margaux Crusot pourrait facilement être produit en Polynésie. Un brevet a été déposé. Une production plus onéreuse que celle du plastique actuellement utilisé, mais la chercheuse pointe que la nouvelle matière permettra d’économiser la collecte et le transport vers Tahiti des déchets perlicoles.

Margaux a candidaté au prix L’Oréal-Unesco pour faire connaître ses travaux : « C’est vrai qu’on a obtenu de très bons résultats, c’était l’occasion de les valoriser », dit-elle. Le prix qui lui sera remis mercredi à Paris est assorti d’une bourse de 15 000 euros, qu’elle va pouvoir utiliser pour participer à des colloques à l’étranger, et pour passer le niveau 3 de plongée sous-marine, et se former aux travaux sous-marins.

Elle va également bénéficier de formations en communication et en leadership visant à lui donner des moyens supplémentaires pour mieux affronter le « plafond de verre » et mieux valoriser ses recherches scientifiques.

 

 

 

 

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