Lyon (AFP) – Marine Le Pen, candidate Front national à la présidentielle, a lancé dimanche à Lyon sa campagne, vantant son « patriotisme » face aux « deux totalitarismes », économique et religieux, et se posant contre la droite et la gauche « du fric ».
Au moment où Jean-Luc Mélenchon tenait meeting à Lyon et par hologramme près de Paris et au lendemain d’une réunion publique d’Emmanuel Macron à Lyon, Marine Le Pen s’est présentée en ouverture comme candidate « de la France du peuple » « contre la droite du fric, la gauche du fric », visant François Fillon et Emmanuel Macron.
« L’actualité récente en a apporté une démontration éclatante », a-t-elle ajouté, référence aux soupçons d’emplois fictifs de la femme et de deux enfants du candidat de la droite.
Sur une scène bleue ornée de roses bleues, son logo de campagne, et de son slogan « Au nom du peuple », elle a aussi affirmé que « deux totalitarismes menacent nos libertés et notre pays ».
« Ces deux idéologies veulent soumettre nos pays. L’une au nom de la finance mondialisée: l’idéologie du tout commerce; l’autre au nom d’un islam radicalisé: l’idéologie du tout religieux », a enchaîné la candidate d’extrême droite, donnée en tête du premier tour par les sondages depuis début janvier, mais battue au second.
« Pour progresser », leurs tenants « invoquent faussement la liberté pour installer leur totalitarisme : c’est la liberté du renard dans le poulailler », selon Mme Le Pen, pour laquelle « nous n’avons plus le temps ».
En une heure de discours, la fille de Jean-Marie Le Pen a réaffirmé son souhait d’une présidentielle-référendum entre son « camp », celui des « patriotes », et les « mondialistes », « choix de civilisation ».
La conjonction de réunions publiques à Lyon a été l’occasion d’une bataille de chiffres. Le FN a revendiqué « plus de 5.000 personnes » avec de nombreux bus de militants. Une source frontiste avait annoncé jusqu’à 10.000.
Mme Le Pen, qui a réuni 17,9% des voix en 2012 et que les sondages annoncent qualifiée au second tour de la prochaine présidentielle depuis 2013, est apparue sur scène à 15 heures après un clip de campagne la présentant, sur fond de paysages naturels ou de déplacements de campagne, en mère, femme, avocate et désormais femme politique.
« Oui, je veux remettre la France en ordre! » y dit-elle.
– « Réveil des peuples » –
Au lendemain de la présentation de ses « 144 engagements présidentiels », Marine Le Pen a répété un certain nombre de propositions, notamment sur l’économie et le pouvoir d’achat ou contre l’Union européenne.
Celles habituelles du FN sur l’immigration ont gagné à l’applaudimètre, notamment lorsque Mme Le Pen a lancé : « Si (ceux venus en France) voulaient vivre comme chez eux, il leur suffisait de rester chez eux. »
La « priorité nationale », coeur du projet frontiste, fera l’objet d’un référendum constitutionnel et concernera « le logement social, l’emploi ».
Citant notamment le général de Gaulle, le cardinal de Richelieu ou encore Victor Hugo, Mme Le Pen a vanté une triple révolution: « patriotisme, proximité, liberté ».
Alors qu’elle a dévoilé samedi soir un chiffrage de 4 pages sur son programme – « étonnamment léger » selon un frontiste interrogé par l’AFP-, la présidente du FN a renvoyé dans les cordes « les égoïstes souvent très bien nantis », leur « vision comptable » et leur « science économique » responsables selon elle de la dette, du chômage, de la pauvreté et de « 66 millions de Français désabusés, démoralisés ».
Son projet ? « La force des équilibres ».
« L’Etat stratège », par exemple, ne sera « pas omnipotent et omniprésent » mais « protecteur » car Marine Le Pen, qui veut attirer les voix de droite au moment où François Fillon est en difficulté, veut la « libération des énergies des entrepreneurs ».
Elle s’est décrite aussi en candidate du « travail » face à « ceux qui annoncent la fin du travail », allusion au candidat socialiste Benoît Hamon.
Mme Le Pen a conclu sur son espoir de surfer sur la vague de « réveil des peuples », saluant encore le Brexit ou l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, et sur un appel à « tous les patriotes » à la rejoindre.
© AFP JEFF PACHOUD
Marine Le Pen lors d’une réunion de lancement de sa campagne présidentielle à Lyon le 5 février 2017