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Matahi Drollet qualifié et « prêt à tout donner » au main event de la Tahiti Pro


À 25 ans, le « charger » du PK0 a dominé les Trials dans un Teahupo’o des grands jours. Il remporte une finale aux « bombes » mémorables contre un autre résident de la Presqu’île, Eimeo Czermak, et rejoint Kauli Vaast et Vahine Fierro sur le « main event » de la Shiseido Tahiti Pro. Matahi Drollet, qui avait déjà eu une première occasion de côtoyer les pros en 2019, devrait être opposé au numéro 1 mondial à Filipe Toledo dès le premier tour.

Le surf polynésien a encore montré tout ce qu’il avait à offrir, ce dimanche, dans la passe de Hava’e. La houle de Sud-Ouest, parfaite pour creuser la gauche de Teahupo’o, a permis de lancer dès ce dimanche la journée des Trials de la Tahiti Pro. Dans l’eau, 32 surfeurs polynésiens, des plus jeunes aux plus expérimentés, tous en quête de l’unique ticket restant pour aller se mesure à la crème du surf mondial. Tous prêt à s’aventurer au plus profond des tubes XXL qu’offrait le spot du PK0 ce weekend. Le public ne s’y était pas trompé, avec de nombreux bateaux d’habitués, de sportifs ou de curieux dans la passe. Quelques grands noms du circuit WSL, qui ne commenceront leur compétition que le 11 août s’étaient aussi glissés, pas franchement incognito, parmi cette foule : rien de mieux que cette lutte entre locaux pour reconnaitre une vague qui impressionne même parmi les « pros ».

La plupart des inscrits aux Trials connaissent très bien Teahupo’o, y ont surfé des dizaines de fois, dans des sessions de gros comme en compétition. Mais certains connaissent la passe plus que d’autres, et c’est à peine une surprise, si on retrouvait en finale ce dimanche deux voisins de la Presqu’île qui se plaisent à dire qu’ils vivent avec la vague « au fond de leur jardin ». La compétition est pourtant restée ouverte, et après les premiers heats, Tikanui Smith Mateia Hiquily, auteurs de barrels mémorables, faisaient partie des favoris, de même que Enrique Ariitu et Mihimana Braye. Les deux derniers feront partie du carré final, mais c’est bien Eimeo Czermak et Matahi Drollet qui s’affronteront pour le ticket WSL.

Deux 10.0 en finale

Matahi et Eimoe, ce donc deux « chargers » – spécialistes des vagues puissantes -, bien connus dans le milieu pour leurs « bombes » à répétition qui ont eu les honneurs des magazines de glisse. Deux amis qui se connaissent par cœur, surfent « tous les jours ensemble ». Deux compétiteurs, aussi, qui savent que ces Trials sont une occasion en or de s’ouvrir des portes à l’international. Aussi, quand Matahi Drollet sort un 9.60 en début de heat, sous les hourras de la flottille de Teahupo’o, il « sait qu’Eimeo « va lui répondre ». Et repart dès son retour au pic pour un barrel d’anthologie : « 10 », la note maximum. Eimeo Czermak n’est pas sonné très longtemps : 8.17 pour sa première vague, puis là encore, un tube presque impossible, encore plus profond que celui de son concurrent, qui lui vaut lui aussi une note parfaite. Pendant tout le reste du heat, le surfeur de 21 ans cherchera la vague à 9.60 qui lui manque pour doubler son aîné. Ni les la fatigue ni un wipeout dans une vague qui se referme de plus en plus ne le décourageront. Mais la dernière « bombe » n’arrivera pas. À sa sortie, le natif de Raiatea, passé par Huahine et la côte landaise avant de vivre à Teahupo’o, juge la finale « incroyable », mais a du mal à cacher sa déception. « Je pensais que j’allais gagner mais Matahi… ça a toujours été un de mes mentors, donc je suis heureux pour lui. Je pense que c’est le meilleur surfeur à Teahupo’o. Je suis fier de moi quand même, de mon parcours dans cette compétition. Et on sait jamais… »

Il est effectivement arrivé, par le passé, que des surfeurs locaux soient invités à la dernière minute au main event du fait de l’absence ou de la blessure d’un des compétiteurs du circuit WSL. La finale remarquable d’Eimeo Czermak en ferait un candidat privilégié, même si les questions de sponsors rentrent aussi en ligne de compte dans ces choix. La ligue internationale n’est quoiqu’il arrive très optimiste sur l’idée d’une place vacante : la Shiseido Tahiti Pro est la dernière étape avant les finales du Championship Tour et une occasion de s’entrainer voire de se qualifier pour les JO… Aux dernières nouvelles, tous les pro seront de la partie à partir du 11 août.

Les meilleurs mondiaux face aux Polynésiens dès le premier tour

Matahi Drollet, après ses 19.6 points rassemblés en quelques minutes, passera l’essentiel du heat final à attendre, guetter, et gérer astucieusement ses priorités pour ne pas offrir à son rival la vague qui retournerait la compétition. Une stratégie que le « prince de Teahupo’o », frères du non moins royal Manoa et fils d’un pilote bien connu sur le spot, a apprise à ses dépens. Deux fois demi-finalistes de ces Trials, il en avait été finaliste face à Kauli Vaast en 2022. Il a certes déjà participé au main event de la Tahiti pro, en 2019, mais ce n’était qu’au bénéfice d’une wildcard et d’absence de pro. Cet « évènement spécial », il « rêvait de le gagner ». « Eimeo, c’est le compétiteur que je redoutais le plus, précise-t-il, un des gars qui me poussent le plus, que ce soit dans les freesurf ou la compétition ». Aussi, c’est un peu à lui que Matahi pense en dédiant sa victoire à toute sa commune. « C’est vraiment un rêve d’habiter là juste en face de la meilleure vague au monde, lance-t-il lors de la remise des prix. Je vais essayer de faire de mon mieux sur le main event, d’aller m’entrainer parce qu’il y aura pas les mêmes conditions je crois qu’aujourd’hui. Mais c’est pas grave, on va donner du mieux qu’on peut avec Kauli et Vahine ».

Kauli Vaast et Vahine Fierro, bénéficiaires d’une wildcard, savent aussi que les petites conditions prévues pour la prochaine quinzaine ne jouent pas en leur faveur. Ni les adversaires qu’ils rencontreront dès le début de cette Shiseido Tahiti Pro. La surfeuse de Huahine devra composer, au premier tour, avec la numéro 1 mondiale hawaïenne Carissa Moore et la Brésilienne Tatiana Weston-Webb. Kauli, lui, fera face au Sud-africain Jordy Smith et au numéro deux mondial Ethan Ewing, qu’il avait éliminé l’an passé pour se hisser en finale. Quant à Matahi Drollet, il tombe automatiquement dans le heat du numéro 1 mondial Filipe Toledo. Un surfeur qu’il connait bien puisque sa famille le fréquente « depuis des années ». « Il loge à la maison en ce moment même, rigole le jeune qualifié. Mais bon, pas de cadeaux, hein ! »

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