Reims (AFP) – Jusqu’à cinq mois de prison avec sursis ont été requis contre les sept supporteurs corses jugés mardi à Reims pour des violences présumées sur des policiers après le match Reims-Bastia le 13 février, à l’issue d’un procès calme malgré un contexte tendu.
Le jugement a été mis en délibéré au 13 mai.
Lors des heurts, un jeune supporteur bastiais, Maxime Beux, avait été gravement blessé à l’oeil, ce qui avait provoqué une vague de manifestations en Corse les jours suivants.
La peine la plus lourde – cinq mois avec sursis et deux ans d’interdiction de stade – a été requise contre un prévenu de 22 ans, au motif qu’il détenait des substances explosives, en l’occurrence des fumigènes lancées contre des policiers selon l’accusation.
Quatre mois avec sursis et deux ans d’interdiction de stade ont été réclamés contre un deuxième prévenu qui avait aidé au transport de ces fumigènes, et d’un à trois mois avec sursis et un an d’interdiction de stade contre les cinq autres.
« Nous n’avons pas affaire à des gamins apeurés mais à des individus structurés, déterminés à en découdre », a lancé le procureur de Reims, Fabrice Belargent, soulignant une « séparation en petits groupes pour disséminer les forces de l’ordre, puis le regroupement ».
« Les policiers ont été pris à partie verbalement et physiquement de manière inacceptable, avec la volonté de nuire et des les humilier », a poursuivi le magistrat, estimant, en citant le sociologue Max Weber, que l’Etat seul peut user de la violence légitimement.
Ces réquisitions survenaient au terme d’un long procès, dans une salle comble.
Le procès, très calme malgré les rumeurs d’arrivée de 150 soutiens corses, s’est tendu au moment de l’examen des enregistrements de caméras de sécurité, en début de soirée.
A l’image, notamment, des coups de matraque et de pied de la part de la police, alors que l’absence de son a été pointée par l’accusation comme un problème pour rendre compte des outrages subis par la police.
– « Elucider des zones d’ombre » –
Les débats se sont déroulés malgré la demande de renvoi du procès de la part de la défense, qui souhaitait un complément d’information afin « d’élucider des zones d’ombre ». Des caméras de commerçants n’auraient pas encore été exploitées, des témoignages oubliés, selon elle. La présidente a cependant décidé de réentendre les éléments du dossier avant de statuer.
Les prévenus, à l’image de Dominique Alfonsi, 23 ans, ont souhaité « garder le silence ». « Car je pense qu’il manque un certain nombre d’éléments pouvant me permettre d’assurer ma défense », a assuré le jeune homme, aux lunettes à épaisse monture noire.
Le parquet avait distingué trois séquences lors de la soirée du 13 février.
D’abord avant le match, où une vingtaine de supporteurs auraient lancé des engins incendiaires en ville. Ensuite dans l’enceinte du stade Delaune, selon l’accusation: « insultes » aux forces de l’ordre, découverte dans les toilettes d’un tag signé du groupe de supporters « Bastia 1905 » rappelant l’assassinat du préfet Érignac, abattu à Ajaccio en 1998. Puis à l’issue de la rencontre, en centre-ville, lorsqu’une dizaine de fans auraient commencé à lancer des fumigènes contre les policiers.
C’est lors de ces heurts que Maxime Beux, présent à l’audience, mais non poursuivi, a perdu l’usage d’un œil dans des circonstances restant à déterminer. Selon le parquet, il s’était blessé en tombant sur un poteau alors qu’il tentait d’échapper aux policiers lancés à ses trousses. Une version mise en doute par des témoins et les dirigeants corses Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni (nationalistes), le premier affirmant que le jeune homme avait été blessé par un tir de Flash-Ball, le second condamnant « des comportements provocateurs et brutaux (…) des forces de l’ordre ».
Les incidents survenus à Reims avaient suscité de la colère en Corse, où plusieurs manifestations et rassemblements avaient dégénéré, s’achevant le 21 février par le défilé, sans incident, de plusieurs milliers de personnes à Bastia.
Les sept supporters ont également porté plainte contre X le 19 février auprès du parquet de Reims pour « violences aggravées ».