ACTUS LOCALESÉCONOMIE

Media Polynésie: Auroy fait sa Une

Dominique Auroy annonce prendre le contrôle du groupe Media Polynésie ©Cédric VALAX

Dominique Auroy annonce prendre le contrôle du groupe Media Polynésie ©Cédric VALAX

La prise de contrôle du groupe Media Polynésie par l’homme d’affaire Dominique Auroy a retenti comme un coup de tonnerre dans le paysage médiatique polynésien. Passage en force pour Marc Collins qui dénonce une session de parts entachée d’illégalité. Nouvelle aventure pour Dominique Auroy qui veut rassurer des employés inquiets de l’arrivée, entre autre, de Pierre Marchesini et Louis Bresson à la tête des deux quotidiens. Informations, rumeurs… Dominique Auroy nous a accordé une interview pour tenter de démêler le vrai du faux et nous livrer SA vérité.

 

Vous vous êtes présenté ce matin aux Nouvelles de Tahiti et à la Dépêche de Tahiti comme le nouvel actionnaire du groupe. Vous êtes venu avec une partie des membres de votre directoire, comment cela a t-il été perçu par les rédactions rencontrés?

« Je pense que les choses ce sont passées très correctement. Effectivement, monsieur Dick Bailey, représentant Antarès, et monsieur Chichong ont souhaité, pour des raisons qui les concernaient, céder leur participation qu’ils détenaient dans le groupe Média Polynésie, et une société dans laquelle j’interviens en tant que gérant a repris ces participations. Actuellement la propriété du groupe média est composée de la société Chin Foo pour un tiers et Papyrus, la société que je viens de vous citer pour les deux autres tiers. Cette société donc, Papyrus, j’en suis le gérant et nous avons désigné, pour  maintenant prendre je dirais la suite de la direction du navire « La Dépêche », deux nouveaux gérants.

L’un qui n’a pas changé, c’est Média Polynésie, qui était représenté par monsieur Dick Bailey qui était gérant mais qui maintenant sera représenté par monsieur Pierre Marchesini (qui a repris la gérance de la SCP Chin Foo actionnaire de Media Polynésie lors d’une assemblée générale le 14 avril dernier, AG contestée par Marc Collins, démis de ses fonctions, Ndlr) et le deuxième gérant sera monsieur Félix Bernardino (Pdg de la Brasserie du Pacifique et proche de Dominique Auroy, Ndlr) entrepreneur polynésiens bien connu sur la place.

Le directeur de la publication sera monsieur Louis Bresson qui était un homme de média qui a dirigé les Nouvelles pendant un certain temps, qui a une longue expérience dans ce secteur d’activité et une bonne connaissance de la Polynésie.

Donc nous avons rencontré les délégués du comité d’entreprise, nous avons exposé ce qu’il en était et le but et entre polynésiens de poursuivre le développement de ce groupe de presse, de le dynamiser et de le faire accéder aux technologies modernes, ce qui n’a pas encore été le cas jusqu’à maintenant. »

Vous êtes un homme d’affaire avisé, qu’est-ce qui vous amène à reprendre en main un groupe de presse qui connait d’importantes difficultés financières et dont les précédents actionnaires ont essuyé de lourdes pertes?

« Je crois que les anciens actionnaires… Monsieur Chichong, avait déclaré qu’il y était pour une raison purement patrimoniale, effectivement ça n’a pas été un excellent placement. Monsieur Dick Bailey a des activités très importantes à l’étranger et il n’avait plus le temps nécessaire pour s’en occuper et c’est pour cette raison que j’ai été en contact avec eux pour prendre leur participation, disposant d’un peu plus de temps et surtout mettant en place des collaborateurs polynésiens dont la finalité est de le développer en partenariat et surtout en parfaite association avec l’ensemble du personnel actuel de ces différentes publications. »

Le modèle économique des médias et particulièrement de la presse quotidienne régionale est compliqué. Il se dit que vous serez amené à mettre en place un plan social et que le titre des Nouvelles serait fermé, vous confirmez?

« Je confirme absolument rien, ça fait parti des rumeurs pour lesquelles je n’ai aucun avis. En l’état actuel, nous prenons les rênes. Nous allons d’abord faire une analyse en liaison avec les représentants du personnel pour voir quels sont les problèmes, quelles sont les difficultés, quels sont les secteurs où il faut réinvestir, qu’est-ce que nous pouvons développer et seulement après, en accord avec eux, en participation avec eux, nous prendrons les bonnes décisions pour poursuivre dans un soucis d’économies et de développement la rentabilité de ces sociétés. »

Les Nouvelles n’ayant jamais vraiment rapporté de l’argent au groupe jusqu’à présent et depuis la création, il est possible que le titre ferme ?

« Je n’en sais rigoureusement rien  pour la bonne raison que n’ayant pas les informations économiques nécessaires, il m’est impossible, tant pour moi en tant que Média Polynésie que pour la dite société de prendre toutes décisions. Le fait qu’elle n’ai rien rapporté, est-ce que c’est un problème de gestion, est-ce que c’est structurel, je ne peux pas vous répondre tant que nous n’aurons pas plus analysé les comptes. »

Pour Félix Bernardino qui travaille avec vous depuis des années, vous le présentez comme un des actionnaires de la société. Il sera nommé en tant que directeur général du groupe c’est bien ça ?

« C’est une SNC donc il n’y a pas de directeur général, il y a ce qu’on appelle des gérants. Il y aura deux gérants, monsieur Pierre Marquesini, représentant Média Polynésie et monsieur Félix Bernardino. Entre eux deux ils auront à se répartir les différentes tâches par rapport à leurs compétences respectives et travailler ensemble  avec le reste du personnel de ces journaux pour poursuivre le développement. »

Pierre Marchesini a déjà fait des annonces sur la ligne éditoriale de la Dépêche et des Nouvelles, notamment sur le traitement des affaires politico-judiciaires. Qu’en sera t-il?

« Alors là je pense que vous êtes mal informé. Il y a eu, par Tahiti Infos, une reprise d’informations qui n’ont pas été reprises dans leur totalité de ce que j’ai pu voir qui ne correspondaient pas du tout au propos exacts de monsieur Marchesini.

Ces journaux ont un rôle d’information générale qui sera maintenu. Il n’y a aucune volonté de quoi que ce soit, de vouloir ou cacher ou amplifier. Le métier de journaliste est un métier noble qui doit être fait avec précision, avec exactitude  dans un souci je dirais de contradictoire pour éviter toute contestation. Je pense que les deux personnes que je vous ai cité auront à tâche avec l’ensemble des journalistes de poursuivre dans cet esprit. »

Donc les journalistes peuvent être rassurés quant à leur futur travail avec cette nouvelle équipe à la tête du groupe Média Polynesie ?

« Je pense que quand les gens sont compétents et qu’ils travaillent je ne vois pas pourquoi ils iraient s’inquiéter sur leur avenir. Si tel n’est pas le cas c’est un autre problème. Je pense que dans toute entreprise, l’intérêt c’est de fonctionner, si les cadres de ces entreprises, c’est également leur motivation, ce que je crois après les avoir rencontré, je pense que les choses ne pourront qu’aller très bien sur le futur. »

Parmi les rumeurs, il est aussi question du retour de Christine Bourne en tant qu’éditorialiste à la Dépêche de Tahiti. Vous confirmez?

« Vous me l’apprenez, ça n’a jamais été envisagé. Elle a son blog qui fonctionne très bien je ne vois pas pourquoi elle reviendrait à la presse écrite. »

Derrière cette reprise, il se dit aussi qu’il y aurait la main de Gaston Flosse et qu’en échange vous auriez obtenu le marché du SWAC de l’hôpital du Taaone?

« On est dans le grand n’importe quoi, dans la rumeur négative qu’il est triste de voir se développer en Polynésie. Ça fait deux ans que je ne suis plus actionnaire de la société qui gérait ça. Je ne vois pas sur quels fondements de telles choses pourraient se dire. Monsieur Louis Bresson, je pense, n’a jamais eu la réputation d’être Tahoeraa, monsieur Pierre Marchesini non plus (Pierre Marchesini est le plus proche conseiller de Teiva Manutahi qui vient d’être désigné par le gouvernement pour occuper les fonctions de médiateur de la Polynésie, Ndlr) .  Je dirais que l’équipe actuelle est volontairement indépendante, neutre et naturellement elle reconnaitra autant que nécessaire les actions positives du gouvernement et quand, si des choses n’allaient pas… je pense que ce ne sont pas les gérants qui font les articles ce sont bien les journalistes. »

Vous avez rencontré les deux comités d’entreprises des deux journaux. Vous allez rencontrer les journalistes mercredi, c’est bien ça ?

« Je vois que vous êtes bien informé. Nous avons prévu au niveau de l’ensemble de la direction de réunir l’ensemble du personnel car plutôt que les délégués du personnel, qui sont très compétents et font bien leur travail, il nous a semblé également intéressant pour faire taire toutes les rumeurs et que les gens puissent être rassurés sur leur avenir, de réunir tout le monde. Donc les 170 employés du groupe Média Polynésie seront réunis mercredi pour une réunion d’information, pour leur exposer ce que sera leur futur, leur demander notamment leur soutien pour le développement de ce groupe.

Alors il y a un point en particulier que je voudrai quand même développer, c’est que nous avons mis en place un conseil de surveillance malgré que ce soit une SNC. Nous avons voulu adjoindre à la gérance, une équipe de gens pris dans la société civile qui assisteront et qui conseilleront et qui interviendront dans le cadre d’un conseil auprès des gérants – qui comporte Mercedes Chin Foo qui fait partie de la famille Chin Foo, qui comprend un avocat, maitre Smaïn Bénouar pour les parties juridiques (avocat de Pierre Marchesini dans les affaires l’opposant à Marc Collins), qui comprend Christopher Kozely qui est un informaticien de haut niveau et en complément consul des États-Unis, Christina Teihotaata (fille de Dominique Auroy, Ndlr) et moi-même. Donc les deux gérants et la direction seront assistés en permanence du conseil que je viens de vous citer. »

Qui aura pour mission de cadrer les choses si besoin?    

« Qui aura pour mission d’aider, de participer, de s’assurer que les directives sont bien suivies à tous niveaux. Ce n’est pas du tout la mainmise par une personne sur un groupe de presse, c’est la participation d’un certain nombre de gens à la poursuite d’une aventure, de faire en sorte que l’information médiatique se poursuive d’une façon cohérente, objective et réaliste. »

Je voudrais juste rebondir sur une des réponses que vous m’avez faites tout à l’heure quand je vous demandais si éventuellement le titre des Nouvelles serait fermé. Vous m’avez dit que vous n’aviez pas encore toute la visibilité économique de la chose… Comment peut-on reprendre un groupe sans en avoir intégralement la visibilité économique justement ?

« J’ai une visibilité économique qui est au niveau des comptes de 2012. Les comptes de 2013 viennent juste d’être terminés donc ils nous ont été remis aujourd’hui. Donc j’ai la visibilité il y a un an et demi, donc il convient maintenant de l’actualiser par rapport à l’année qui s’est écoulée. Ce qui est assez normal puisqu’on est fin avril et que les comptes sont arrêtés pour les contributions au plus tard au 31 avril. »

Propos recueillis par Cédric Valax

Après cette interview, la nouvelle direction a fait parvenir un communiqué aux rédactions. Communiqué qui sera publié ce mardi à la Une des deux quotidiens.

Réunion au sommet avec, de gauche à droite: Dominique Auroy, Pierre Marchesini, Félix Bernardino et Alexandre Thévenet, actuel directeur général de Media Polynésie ©Cédric VALAX

Réunion au sommet avec, de gauche à droite: Dominique Auroy, Pierre Marchesini, Félix Bernardino et Alexandre Thévenet, actuel directeur général de Media Polynésie ©Cédric VALAX

 

 

 

 

 

 

Article précedent

Media Polynésie: Marc Collins dénonce une prise de contrôle illégale

Article suivant

Répondeur de 6:30 le 29/04/14

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Media Polynésie: Auroy fait sa Une