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Menace de grève de la Fraap : « Ils sont dans le rêve », tacle Patrick Galenon

Accusés de « sabotage » par les responsables de la Fraap, qui menacent de repartir en grève, la CSTP-FO et A tia i mua restent droits dans leurs bottes. Les deux centrales expliquent que le syndicat de Jean-Paul Urima, s’il affirme avoir négocié 20 000 francs de hausse de salaire pour les catégorie D, n’a obtenu aucun engagement « noir sur blanc ». Le chef de file de FO, Patrick Galenon, regrette que la Fraap ait demandé à remettre en cause des avancées sur le statut des infirmiers ou celui des assistants sociaux éducatifs pour « satisfaire leur égos », et certaines de leurs promesses « utopiques » auprès des fonctionnaires. Vannina Crolas, elle, assure que toutes les options seront présentées en conseil des ministres.

Lire aussi : « On va tout bloquer » : la Fraap menace de repartir en grève sur les catégorie D

Après les cinq jours de bras de fer avec le gouvernement – et les usagers de l’aérien – et avant une éventuelle reprise de la grève en début d’année, la tension monte aussi entre syndicats au sujet du salaire des catégories D. Mardi, au lendemain d’un Conseil supérieur de la Fonction publique (CSFP) agité, la Fraap avait accusé tant le gouvernement que les autres poids lourds de la représentation des fonctionnaires territoriaux de « manipulation » et de traîtrise. En cause la validation en CSFP d’un projet de texte prévoyant, entre autres adaptations du statut des catégorie D, une revalorisation des grilles de rémunération à hauteur de 5 points d’indice supplémentaire. Soit un peu plus de 5000 francs par mois et par agent. Or la fédération de Jean-Paul Urima assure avoir obtenu, lors des négociations, un engagement du président Moetai Brotherson sur 20 points d’indice, plus de 21 000 francs. Non seulement la Fraap, majoritaire dans la fonction publique pour la première fois aux élections de juillet et alliée pour l’occasion au SFP et au Fissap, n’a pas voté le texte proposé par le gouvernement, mais elle a assuré qu’elle reposerait un préavis et menerait une grève « sans concession » s’il était validé en conseil des ministres. Au passage, la jeune organisation a accusé la CSTP-FO et A tia i mua d’avoir « saboter » leur demande en votant aux côtés du gouvernement.

5 000 « écrit et voté » plutôt que 20 000 « rêvés »

Une position parfaitement assumée par les deux centrales, respectivement deuxième et troisième du secteur en nombre de voix et premières en nombre de sièges, qui disent préfèrer « obtenir du concret » pour les agents plutôt que de s’accrocher à des revendications « pas actées sur le papier ». Le protocole d’accord signé par la Fraap après la longue nuit de négociation du 10 au 11 décembre ne fait en effet référence à aucun montant de revalorisation. « Les 20 000 francs dont ils parlent, peut-être qu’ils sont tombés en accord avec le gouvernement, mais moi je ne suis pas au courant. En tout cas dans les accords qu’ils ont eu, c’est pas dit ça, note Patrick Galenon, de la CSTP-FO. Dans leurs rêves, c’est 20 000 mais c’est pas écrit. Là au moins, c’est écrit et voté : on va prendre ce qu’on peut, 5000 francs, et après on verra ». 

Même discours chez A tia i mua, où on note, en plus, que la grille mise sur la table du CSFP par la Fraap emporte des revalorisation beaucoup plus importante que 20 000 francs pour certains échelons de la catégorie. Si la Fédération de Jean-Paul Urima estime à 376 millions le coût annuel de leur demande, l’administration à 578 millions de francs. Contre 166 millions de francs pour la revalorisation de 5000 francs et ses ajustements de statuts, qui étaient négociés depuis de longs mois par la CSTP-FO et A tia i mua.

« Ils veulent éliminer tout le travail qui a été fait sur les autres catégories pour satisfaire leur égo »

S’ajoutent à cette dépense budgétaire, les autres revalorisations de statuts présentées aux partenaires sociaux lundi. 190 millions de francs pour faire basculer les infirmiers territoriaux en catégorie A – une demande sur la table depuis des années, déjà actée en métropole et qui correspond au niveau de diplôme de ces agents – 72 millions pour les assistants socio-éducatifs, 28 millions pour les conseillers socio-éducatifs – autres dossiers de revalorisation négocié depuis longtemps, notamment par la CSTP-FO… Autant de projets que la Fraap a demandé à ajourner pour mobiliser tous les budgets sur les catégories D. « Ils veulent éliminer tout le travail qui a été fait sur les autres catégories pour satisfaire leur égo, reprend Patrick Galenon. C’est pas comme ça que ça se passe, il y a un budget. S’ils veulent se battre pour qu’il y ait plus, on sera à leurs côtés, mais pas dans des proportions inaccessibles comme la demande qu’ils avaient faite d’une augmentation de 40% pour tous les fonctionnaires. C’est utopique ».  

Accusés de « manœuvre purement électoral » par la Fraap, le patron de FO retourne, en creux, le compliment, en notant que le syndicat a « beaucoup promis », lors des dernières élections et lors de cette première grève. Et au final peu obtenu. « Après ils accusent les autres, c’est un peu facile, résume Patrick Galenon, mais nous on rêve pas. On travaille ». Que la Fraap reparte au conflit ou pas en début d’année, l’ambiance devrait être plutôt fraiche en mars quand il s’agira, pour tous les syndicats de la fonction publique territoriale, de renégocier le point d’indice avec le gouvernement.

Vannina Crolas transmettra bien « plusieurs propositions » au conseil des ministres

Elle aussi mise en cause par la Fraap, Vannina Crolas assure que les décisions du gouvernement ont été transparente. Pourtant, la ministre de la Fonction Publique avait bien parlé, dans une interview à Radio1, d’augmentation de « 10 000 à 20 000 francs » pour les catégorie D – et pas de 5000 francs – au micro de Radio1 en sortant des négociations. Mais elle assure que ces hausses n’étaient pas inscrites dans le protocole car elles étaient conditionnées aux possibilités budgétaires. « On a retenu la solution était en phase avec notre enveloppe budgétaire. Et encore même pas parce qu’il va falloir qu’on gèle certains postes pour financer ces coûts supplémentaires », précise-t-elle. Comme elle s’y était engagée en CSFP, la ministre présentera « les différentes options » – le projet voté lundi et l’option d’une revalorisation plus importante des catégories B sans avancées pour les infirmiers ou les assistants socio-éducatifs – au reste du gouvernement. Cette présentation pourrait avoir lieu ce vendredi, mais le choix du gouvernement ne sera pas acté avant le début d’année. Ce qui repousse d’autant la menace de préavis de grève de la Fraap.

 

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