La CSIP, le Sapot, la CSTP-FO, O oe to oe rima et Otahi menacent d’arrêter le travail ce jeudi 25 juillet, deux jours avant le début des JO, et ce dans l’ensemble des filiales du groupe OPT. Cette intersyndicale, qui était déjà entrée en action en octobre dernier, dénonce entre autres le gel de certains avantages du personnel exigé par la ministre du Travail Vannina Crolas au vu de la situation préoccupante des finances du groupe.
Fare Rata, Onati, Vini distribution, Marara Paiement, Pacific cash Service, et bien sûr la holding qui chapeaute toutes les filiales de l’office… C’est tout le groupe OPT qui est visé par un préavis de grève signé vendredi par la CSIP, CSTP-FO, O oe to oe rima, et plusieurs sections du syndicat maison, le Sapot. Si le cahier de revendication s’adresse à la PDG du groupe, Hina Delva, qui a pris ses fonctions en février, l’essentiel des demandes sont tournées vers le gouvernement, particulièrement la ministre en charge de la Fonction publique, du Travail et des Télécoms. Vannina Crolas est accusée d’avoir, ces dernières semaine, « enfoncé le dialogue social », de faire preuve de « mépris à l’égard du personnel »… Et surtout d’exiger, au nom du gouvernement, des coupes dans la masse salariale jugés « pas acceptables » par les syndicats de l’OPT.
Les agents « pas responsables » de la situation
Un préavis qui n’est pas une première, puisque la même intersyndicale avait menacé d’une grève en septembre dernier pour les mêmes raisons, avait suspendu son mouvement pour laisser la place aux négociations d’une nouvelle convention collective, puis l’avait réenclencher en octobre. Un accord avait bien été signé, juste avant le départ de l’ancien PDG du groupe Jean-François Martin, mais avec des économies de masses salariales jugées bien trop faibles au regard de la situation financière de l’OPT, déficitaire de 2 milliards de francs sur la seule année 2022. Une situation « très préoccupante », pour Vannina Crolas qui rappelait sur TNTV que les agents du groupe bénéficient de « 2 milliards de francs d’avantages annuels », dont certaines primes de résultats, « pas justifiées » au regard des pertes. « Les discussions continuent », avait donc expliqué la ministre sur le plateau de Radio 1 le 29 mai, demandant clairement un « gel des avantages dans l’attente du rétablissement des équilibres financiers de l’OPT ». Le même jour, lors d’une rencontre avec la nouvelle direction du groupe, les syndicats quittaient prématurément la table des discussions, précisant au micro de Tahiti Infos que cette demande de gel, associée selon eux à un « chantage » à la subvention, pourrait « se terminer en conflit”.
Voilà donc le conflit, qui pourrait, sauf négociations fructueuses d’ici là, être entamé ce jeudi. Dans leur cahier de revendications, les responsables de l’intersyndicale, martèlent que « le personnel du groupe OPT ne peut être tenu responsable » de la « dérive » financière du groupe. Elle est plutôt imputée, entre autres, au plan Ambition 2020 mis en œuvre par Jean-François Martin, au coût du système d’information NOA (« près de 7 milliards de francs » fin 2028 en comptant l’investissement et la maintenance), aux « résultats catastrophiques des filiales Fare Rata Marara Paiement et Onati, à des décisions d’investissements non rentables « imposées » à l’OPT, à « l’instabilité de la gouvernance » dans les filiales, au cadre règlementaire « injuste » dans les télécom pour l’opérateur historique… Ou encore au passage « en perte » de certaines créances du Pays, des communes ou de l’État, estimées par la CSIP à « environ 300 millions de francs ».
Des subventions, mais pas d’interférence dans les négociations
Le cahier compte 24 revendications, à commencer bien sûr par le refus du « gel des acquis sociaux ». Les syndicats exigent que la direction s’en tiennent à l’application des accords passés sous l’ancienne gouvernance et demandent que la prime de croissance soit pérennisée en étant « intégrée dans le salaire de base ». Ils somment en outre le Pays d’accorder les subventions demandées à Fare Rata, Onati et Marara Paiement, de faire preuve de « transparence » sur sa stratégie vis à vis de Google et son impact sur l’OPT, de ne pas intervenir dans les négociations de groupe ou de branche, de réformer le cadre concurrentiel « biaisé » sur les télécoms, ou encore de clarifier les suites de la décisions du Conseil d’État sur le transfert de la DSP télécom à Onati. Côté direction, il est demandé à la nouvelle PDG et à son équipe de présenter publiquement sa stratégie pour le groupe et tirer un premier bilan de son action, de laisser aux filiales retrouvent une « autonomie » dans leurs recrutements », de réétudier des « alternatives » au nouveau système d’information, de lancer un audit social soit mené dans « chaque entité » du groupe, ou de faire la lumière soit faite sur le montant exact des créances non recouvrés auprès des différents clients institutionnels de l’OPT.
Beaucoup de points à couvrir donc, d’autant que le préavis comporte aussi des demandes propres à certaines filiales. Sans signature d’un protocole, la grève sera effective ce jeudi 25 juillet, dans tous les établissements et sites du groupe, et ce pour une durée illimitée.