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Métiers d’art : les professeurs dans la lumière

Tipe’a en nacre par Here. ©MB/Radio1

Le Centre des métiers d’art accueillait vendredi l’exposition annuelle de ses professeurs et anciens élèves. Elle était conçue avec une attention particulière accordée à la visite de l’inspectrice générale des métiers d’art, Brigitte Flamand. 

C’est un moment important de l’année pour le personnel du Centre des métiers d’art. Après l’exposition des élèves mardi 15 février, quelques professeurs et anciens élèves de l’établissement ont exposé vendredi soir, sur le thème des métiers d’art justement, leur domaine de prédilection. Lumière, angle de vue, on place et déplace les œuvres, les accroche et les décroche jusqu’au dernier moment. Il faut à la fois trouver une harmonie entre les œuvres et les mettre suffisamment en valeur individuellement. Et puis les invités arrivent, quelques centaines entre 18h30 et 21 heures. Si les artistes ont plus d’une corde à leurs arcs, ce soir, le sujet, ce sont les spécialités du centre, « la sculpture et la gravure ». Certaines œuvres font partie de la collection du CMA, d’autres ont été réalisées spécialement pour l’occasion.

Les métiers d’art au service de la mode

Parmi eux, Orama Nigou, ancienne élève qui a obtenu son diplôme national des métiers d’art et du design en métropole, est revenue définitivement. Depuis son retour elle a lancé en parallèle de son activité artistique, l’Atelier Tamau et y propose des bijoux en plumes. Elle garde aussi un lien fort avec le CMA avec qui elle travaille depuis quelques temps à mettre en place un diplôme des métiers d’art de niveau Bac+3 en Polynésie. Comme elle l’explique, le métier d’art désigne le fait de « pousser une discipline à un niveau d’excellence en termes de maitrise technique ». Vendredi elle exposait plusieurs œuvres faites avant tout de plumes, sa spécialité mais aussi autour du maro ura, cette ceinture destinée au roi, en tapa et recouverte de plumes rouges ou blanches.

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Déclinaisons inspirées du maro ura par Orama Nigou. ©MB/Radio1

À l’extrémité droite de la pièce, les œuvres de Nathalie Domenech s’accordent bien avec celles de Viri Taimana, noires et argentées. L’un des vêtements présentés lui a valu entre autres l’obtention de son diplôme du CMA. Ici, elle a pensé ses pièces pour qu’elles épousent les formes du corps et le tissu. Elle aussi a un atelier, de gravure sur nacre et a présenté quelques bijoux. Leur niveaux de maîtrise technique, ces deux anciennes élèves le doivent à leur travail, au sens de la discipline qui a son importance au CMA.

Collier réalisé par Nathalie Domenech. ©MB/Radio1

Des professeurs exigeants : « excellence et extrême finesse »

À l’autre extrémité de la pièce, c’est Heiata Aka qui expose à la fois des peintures et des objets et bijoux gravés. Elle y enseigne la gravure depuis 2019 et est aussi une ancienne élève. Elle entre au CMA en 2013 et termine major de sa promotion, puis elle décide alors de tenter le concours pour devenir professeur au CMA. En parallèle, elle a une patente d’artisanat d’art haut de gamme, qui lui permet encore aujourd’hui d’allier une activité d’artiste peintre à son métier au CMA.

En gravure, elle « aime beaucoup aller dans la dentelle, vraiment aller à l’extrême finesse jusqu’à l’ajour », comme sur ce collier en nacre. Mais depuis quelques années elle s’est éprise de la noix de coco et la grave aussi très finement. Pour elle, le métier d’art se compare à la pensée des compagnons de France, c’est « le geste répétitif qui amène à la maîtrise » et c’est quelque chose dont les élèves doivent avoir conscience en arrivant au CMA et dans leur carrière.

Si elle est heureuse de sa vie professionnelle aujourd’hui, les artistes en Polynésie doivent souvent se diversifier pour vivre, à l’image d’Orama et de Nathalie. Cette exposition, il en faudrait beaucoup d’autres semblables, voire un plus grand musée à son avis.

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Collier en nacre « dentelle » réalisé par Heiata Aka. ©MB/Radio1

Heiata Aka.©MB/Radio1

Noix de coco gravée par Heiata Aka. ©MB/Radio1

Pipe ornée de ce qui semble être des dents, mais pas d’après le titre de l’œuvre, réalisée par Tokainiua Devatine, professeur de sculpture. ©MB/Radio1