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Michel Barnier nommé Premier ministre

Élu depuis des décennies dans les différents partis de la droite gaulliste, Michel Barnier a acquis une réputation de technicien et négociateur. Il présenterait l’avantage de ne pas risquer la censure immédiate du Rassemblement national et de ne pas avoir d’ambition présidentielle pour 2027. Les précisions de notre partenaire RTL.

Michel Barnier à Matignon. C’est désormais officiel. L’hypothèse a commencé à circuler dans la soirée du mercredi 4 septembre 2024. Un conseiller de l’exécutif expliquait alors les qualités de l’ancien candidat à la primaire LR de 2021 : il est « Macron-compatible », il permet la participation de LR à une coalition de gouvernement, il ne serait pas censuré immédiatement et ne sera pas candidat en 2027. Voilà le profil qui a séduit le président de la République après des semaines et des semaines de paralysie politique, qualifiée, par les plus courtois, de « trêve olympique ».

Son nom et son visage sont familiers pour les Français. Il faut dire que Michel Barnier, 73 ans – ce qui fait de lui le Premier ministre le plus âgé de la Ve République –  a occupé un grand nombre de fonctions officielles depuis son entrée dans l’arène politique au début des années 70, poussé par sa fascination pour l’image du général de Gaulle ou l’aura de figures comme Jacques Chaban-Delmas. Il se fait remarquer pour la première fois pour sa précocité, en devenant député de la Savoie en 1978, cinq ans seulement après avoir rejoint les rangs de la droite via l’UDR. À 27 ans, il était alors le plus jeune député dans l’hémicycle. Il avait déjà fait ses armes, quelques années auparavant dans plusieurs cabinets ministériels : celui de Robert Poujade, ministre de l’Environnement (1973-1974), de Pierre Mazeaud, secrétaire d’État chargé de la Jeunesse et des Sports (1974-1976), d’Antoine Rufenacht, secrétaire d’État auprès du Premier ministre (1976-1977), puis secrétaire d’État au Commerce et à l’Artisanat (1977-1978). Il a aussi été rapidement élu local dans ses terres, en Savoie, en devenant conseiller général dès l’âge de 22 ans, un autre record de jeunesse à l’époque.

Troisième fils d’un patron d’une petite entreprise industrielle de gainerie et d’une catholique de gauche, Michel Barnier, aujourd’hui âgé de 73 ans, a terminé ses études à Paris, après une scolarité savoyarde, à l’École supérieure de commerce de Paris. Sur les bancs de la prestigieuse institution, il croise un certain Jean-Pierre Raffarin, lui aussi diplômé en 1972 et futur locataire de l’hôtel de Matignon sous la présidence de Jacques Chirac, de 2002 à 2005.

Entre les ministères et la Commission

Dans les années 90, sa carrière prend une dimension nationale. Il est nommé ministre de l’Environnement du gouvernement Édouard Balladur en mars 1993 et devient, via la loi qui porte son nom, l’un des architectes du concept de « principe de précaution ». Il est élu sénateur pour la première fois en 1995 et quittera la chambre haute que lorsqu’il sera nommé commissaire européen en 1999. Il oscillera ainsi entre les institutions européennes et la politique française tout au long de sa carrière. Les Français le redécouvrent ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Raffarin en 2004. Il coordonnera la libération des deux journalistes, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, retenus par un groupe terroriste en Irak et celle de Florence Aubenas.

Après un rapprochement avec Nicolas Sarkozy qu’il soutient en 2007, il est nommé ministre de l’Agriculture et de la Pêche du deuxième gouvernement François Fillon. Député européen et figure centrale du parti de droite, le PPE, il fut commissaire européen au Marché intérieur et aux Services entre 2010 et 2014. Il tente de conquérir le président de la commission mais est battu par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Rebelote en 2019, c’est l’Allemande Ursula von der Leyen qui décroche le poste. Michel Barnier restera un homme clef de l’union puisqu’on lui confiera l’épineuse négociation du Brexit. Il représente alors l’Union européenne face aux Britanniques sortants. Il racontera cette expérience dans un livre : La Grande Illusion : journal secret du Brexit (2016-2021).

À quoi ressemble la ligne Barnier ?

Autre défaite à l’échelle locale lorsqu’il perd, au profit de Laurent Wauquiez l’investiture de son parti, l’UMP, pour être tête de liste lors des régionales dans la future Auvergne-Rhône-Alpes en 2015. En 2021, il vise la fonction suprême mais est battu au sein de son parti Les Républicains par Éric Ciotti et Valérie Pécresse qu’il rejoindra pour sa campagne. Après l’échec cuisant de sa candidate, il a appelé à voter très directement pour Emmanuel Macron. Idéologiquement, son programme évoquait alors des thèmes chers à la droite : un contrôle de l’immigration pour prévenir, selon lui, d’autres Brexit, le recul de l’âge de la retraite de 62 à 65 ans (ce qui a certainement plu à Emmanuel Macron), l’augmentation de la durée du temps de travail et le conditionnement des aides sociales qui subiraient un grand choc de simplification. Un ADN qui le rend tout à fait compatible avec la ligne économique et sociale de l’actuel président de la République.

Michel Barnier est marié à l’avocate Isabelle Altmayer qui a notamment travaillé auprès de Roselyne Bachelot lorsque son époux avait des fonctions gouvernementales. Ils ont trois enfants. L’aîné a reçu en héritage le virus de la politique. Nicolas Barnier a été collaborateur parlementaire de Grégory Besson-Moreau, député La République en marche. En 2019, il s’est présenté aux élections européennes en Belgique sans succès et en 2021, il était chargé de mission à la présidence du Sénat.

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