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Mickaël Forrest espère que les indépendantistes kanak sortiront « de cette crise par le haut »

Mickaël Forrest, ministre calédonien en charge notamment des relations extérieures, était accueilli lundi matin par le Tavini, qui tenait une conférence de presse pour montrer son soutien aux militants indépendantistes kanak transférés dans des prisons en métropole. De retour de New-York où il a été entendu par le Comité spécial sur la décolonisation à l’ONU. Mickaël Forrest se dit satisfait du projet de résolution qui en est ressorti.

Le drapeau du Tavini d’un côté, celui du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) de l’autre, ne formaient qu’une seule et même bannière sur la table. Ce lundi matin au siège du Tavini, Oscar Temaru et Mickaël Forrest ont tenu une conférence de presse commune, le premier se positionnant en soutien au second, membre du parti indépendantiste Union Calédonienne et ministre de la culture, de la jeunesse et des sports au sein du gouvernement calédonien, également chargé du suivi des relations extérieures.

Le Caillou connaissait une accalmie très relative, après les émeutes déclenchées le 13 mai dernier par une partie des indépendantistes en réaction à la tentative de passage en force de l’Etat sur la modification du corps électoral. Mais la tension est remontée d’un cran ce week-end, après l’arrestation et le transfert dans des prisons de métropole des leaders de la CCAT, suspectée d’avoir orchestré les violences. « Des prisonniers politiques » pour Oscar Temaru, qualifiés de « déportés » par Mickaël Forrest, qui doit justement sa présence en Polynésie à la situation actuelle : il est dans l’attente d’un avion pour retourner sur le Caillou, après avoir été entendu à New York par « Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ».

Pour un processus d’autodétermination qui « se déroule de manière pacifique, équitable, juste et transparente »

Ce « Comité des 24 » était chargé d’élaborer ses résolutions annuelles sur chacun des territoires non autonomes, dont la Nouvelle-Calédonie. Dans son projet de résolution, le Comité se dit « conscient que, après la tenue du troisième référendum sur l’autodétermination, le 12 décembre 2021, la Nouvelle-Calédonie se trouve désormais dans la phase la plus critique de son développement politique ». Et estime que « l’Organisation des Nations Unies doit continuer de suivre de près la situation dans le territoire afin d’aider les Néo-Calédoniens à exercer leur droit à l’autodétermination, y compris en atteignant la pleine autonomie ».

Le Comité a aussi souligné l’importance « maintenir constamment à l’étude le processus engagé en Nouvelle-Calédonie depuis la signature de l’Accord de Nouméa ». Et « demande de nouveau à la puissance administrante et à toutes les parties concernées en Nouvelle-Calédonie de veiller à ce que les prochaines étapes du processus d’autodétermination se déroulent de manière pacifique, équitable, juste et transparente, conformément à l’Accord de Nouméa ». Le document exhorte par ailleurs « toutes les parties prenantes en Nouvelle-Calédonie, en particulier les forces de l’ordre, à faire preuve de la plus grande retenue afin d’éviter d’aggraver une situation déjà tendue, compte tenu de l’exercice de la proportionnalité par rapport à la situation ».

« La commission pointe l’action négative de l’État »

Différentes remarques qui s’apparentent à « des avancées » pour Mickaël Forrest. « La commission pointe l’action négative de l’État, notamment la gendarmerie et la police, avec plusieurs situations discriminatoires. L’autre chose très positive, est qu’elle réaffirme que l’Accord de Nouméa doit aller jusqu’à son terme. C’est marqué noir sur blanc que le Comité des 24 des Nations Unies engage la puissance de tutelle à organiser un référendum en bonne et due forme », souligne l’ancien vice-président de l’UC.

« Le dialogue est plus que rompu »

Le document « se félicite » également « que la puissance administrante ait de nouveau fait part au Comité spécial de sa volonté de faciliter l’organisation d’une autre mission de visite en Nouvelle-Calédonie, et souligne qu’il importe que cette mission de visite soit menée dès que possible ».

« Actuellement le dialogue est plus que rompu » avec l’État, concède Mickaël Forest. « C’est aussi pour ça qu’on a demandé, et ça a été retenu, qu’une mission de médiation internationale viennent créer une condition pour qu’il y ait une reprise du dialogue. Mais cela ne va pas se faire en quelques semaines, il faut être assez sincère par rapport à ça, car encore une fois, beaucoup d’actes continuent à nous discriminer. Il y a aussi l’impact psychologique de l’action de l’armée et de la police. C’est un ensemble d’éléments négatifs sur lesquels on ne pourra pas fuir en termes de responsabilité. Après charge à nous de remettre en place un calendrier, dans la perspective de mener l’accord de Nouméa à son terme ».

Gauche, droite ou centre, « ça reste l’État colonial »

Et ce, peu importe le gouvernement central en place à l’issue des élections législatives. « On est un peu comme le Covid, on a reçu assez de vaccins. Que ce soit un État qui est géré par une majorité de gauche, de droite ou du centre, ça reste quelque part l’État colonial. A nous, comme à chaque année, de pouvoir continuer à travailler, à baliser le terrain, à consolider les différences acquises dans la perspective de sortir de cette crise par le haut, même si encore une fois, cette semaine, on a eu des grosses difficultés avec la déportation de sept prisonniers politiques« , martèle l’indépendantiste kanak. Sur ce point, il assure que « plusieurs équipes du collectif solidarité Kanaky en France sont aux côtés de différentes prisons sur lesquelles nos militants ont été incarcérés ». Un travail a également été engagé « avec un collectif d’avocats internationaux, français, mais aussi étrangers, qui sont à nos côtés pour nous accompagner sur les différents niveaux du dossier judiciaire, que ce soit les incarcérations, les assassinats, le fait que la milice et les assassins sont toujours en liberté. Et puis bien sûr aussi les conditions sur lesquelles nos militants ont été déportés en métropole ».

Des Loyalistes qui « vont de champs de palétuviers en champs de palétuviers »

Quant à la demande des Loyalistes de mettre le gouvernement, dont il fait partie, sous tutelle, Mickael Forrest y voit là des demandes d’élus « qui cherchent la lumière, mais qui sont dans un brouillard assez profond ». Affirmant que « les députés sortants Renaissance n’ont pas eu l’investiture du président Macron« , pour les législatives, il se laisse aller à des expressions propres à sa terre d’origine pour répondre : « ils vont de champs de palétuviers en champs de palétuviers, tantôt ils sont dans la boue, tantôt dans dans la mer, mais l’eau elle est très sale. Dans les palétuviers, il y a parfois beaucoup de poissons, mais il y a aussi beaucoup de crabes. Il y a beaucoup de mauvaise visibilité dans un espace où il y a un peu de turbulence », image-t-il. « Charge à eux de continuer à nager en eaux troubles avec les lettres qu’ils veulent envoyer là où ils veulent, même dans l’espace. Nous ça ne nous touchera pas, on va toujours rester sur l’objectif de pouvoir respecter l’accord de Nouméa » et donc « la Constitution française, puisqu’il cet accord y est intégré » et enfin « le droit international, qui a été réaffirmé par le Comité spécial de décolonisation ».

 

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