Après l’annonce par Gérald Darmanin d’une prochaine mission spéciale « monopoles économiques » dans les Outre-mer , le sénateur guadeloupéen, ancien ministre des Outre-mer, salue la « soudaine lucidité » du gouvernement central mais critique la démarche : selon lui, tous les rapports et les outils réglementaires sont déjà en place. Reste à trouver « le courage politique ».
Une mission menée par Philippe Vigier pour « identifier » et lutter contre les sources de prix très élevés : si l’annonce de Gérald Darmanin a semblé bien accueillie en Polynésie, le sénateur socialiste Victorin Lurel, ancien ministre des Outre-mer est, lui, d’humeur ironique. Il « ne peut que saluer cette soudaine lucidité tout en notant son caractère tardif ».
Mais il note surtout que cette prise de conscience est pour lui en totale contradiction avec les politiques menées outre-mer par les gouvernements d’Emmanuel Macron depuis 2017. Et surtout avec deux lois datant du quinquennat Hollande : la « loi Lurel » de novembre 2012 qui interdit les exclusivités d’importation non justifiées dans les collectivités d’outre-mer, et la loi « égalité réelle Outre-mer » de février 2017. Un « arsenal d’outils législatifs et réglementaires » prêt à l’emploi, mais qu’Emmanuel Macron aurait choisi « d’enterrer » pour lui préférer le « laissez-faire libéral ».
Victorin Lurel estime que le gouvernement devrait plutôt engager un travail conjoint avec le Parlement, « pour actualiser les dispositions des lois existantes », en prenant pour base de travail le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la vie chère dans les Outre-mer, publié en juillet dernier.
« Il n’est jamais trop tard pour mieux faire en faisant – enfin ! – preuve de courage politique », conclut Victorin Lurel.