Après avoir subi une lourde chute sur la Vans Pipe Masters, mi-décembre à Hawaii, le Tahitien a bien cru perdre l’usage de ses jambes. Aujourd’hui, le physique va mieux, mais le surfeur de Teahupo’o doit faire face à des frais médicaux exorbitants, près de 55 000 dollars, que son assurance ne prend pas en charge.
Le North Shore d’Oahu, paradis des surfeurs de gros, peut vite se transformer en enfer pour qui le sort n’est pas favorable. Eimeo Czermak en a fait l’amère expérience mi-décembre, sur le Vans Pipe Masters, lorsqu’un mauvais wipeout a brisé sa planche en deux, envoyant le Tahitien à l’hôpital, masque à oxygène sur le visage.
Touché au crâne et à la colonne vertébrale, cet habitué des tubes de Teahupo’o a vu le pire défiler. « Pendant dix jours, je n’arrivais plus à marcher, je ne sentais plus mes jambes », l’une de ses « plus grosses peurs », raconte-t-il. Une mobilité qu’il a finalement récupérée durant sa convalescence chez Noah Beschen, un ami surfeur du coin. Désormais il va « mieux », mais doit tout de même composer avec des migraines récurrentes, consécutives à un traumatisme crânien. « J’en sens toujours les effets, c’est compliqué », précise le Tahitien.
Pour le moment, il ne peut « toujours pas surfer ». Il y a une semaine, le finaliste des Trials de la Tahiti Pro 2023 a bien tenté de retourner à l’eau, « juste pour sentir l’océan ». « J’y suis allé quinze minutes, pour faire un test sur de petites vagues mais je n’en ai pris aucune… mais ensuite j’ai eu une mauvaise migraine. » Il s’en tient désormais aux recommandations de son médecin hawaiien. Si tout se passe bien, le jeune homme aux cheveux blonds devrait pouvoir à nouveau bondir sur sa planche d’ici « deux semaines ».
Un impressionnant ticket de caisse
Mais le natif de Raiatea, élevé à Huahine avant de vivre en métropole puis à Teahupo’o, a bien d’autres raisons de se faire des nœuds au cerveau, puisqu’il a eu la mauvaise surprise de découvrir que la compétition (qui ne fait partie d’aucun circuit) ne prendrait pas en charge ses frais médicaux. Pas plus que son habituelle assurance voyage « car elle ne couvre pas les compétitions ». Et ce, alors que cette même assurance l’avait pourtant couvert par le passé, déjà à Hawaii, alors qu’il s’était blessé en free surf.
Un paradoxe à près de 55 000 dollars (6 millions de francs), le prix d’une nuit passée dans un hôpital américain. « Il y a la nuit à 37 000 dollars, les trois consultations de cinq minutes à 2 000 dollars chacune, le trajet en ambulance à 5 000 dollars ou le scanner à 8 000 », détaille Eimeo. Un ticket de caisse hallucinant pour tout bénéficiaire de la CPS, mais peu surprenant dans le pays de l’oncle Sam, dépourvu de couverture sociale publique.
« Je n’ai pas réussi à parler directement aux organisateurs de la compétition et j’ai essayé de trouver une solution pendant deux semaines », raconte le Polynésien, qui concède ne pas être le plus à l’aise avec l’administratif. Désormais Eimeo Czermak craint de ne pouvoir remettre les pieds sur le territoire américain s’il ne paye pas ses frais. « J’ai deux solutions : tout payer d’un coup ou bien payer 1 800 dollars par mois pendant deux ans », souffle-t-il. Plus d’un smic mensuel, bien trop pour un surfeur qui « ne vient pas d’une famille très aisée ».
Cagnotte en ligne
Comme d’autre surfeurs avant lui, à qui cette mésaventure serait selon lui arrivée sur la même compétition, Eimeo Czermak s’est donc résolu à lancer une cagnotte en ligne pour payer ses frais. « Je voulais vraiment éviter cette solution, c’est assez compliqué mais c’est comme ça… j’ai tout essayé et ça n’a pas marché », glisse-t-il gêné. Ce lundi à la mi-journée, le jeune surfeur avait déjà récolté 14 000 dollars (1,5 millions de francs).
Encore à Hawaii, il aimerait vite tirer un trait sur la question pour profiter pleinement de sa convalescence et retourner dans l’eau dès que possible, « pour faire ce que j’aime le plus au monde ». Sa prochaine compétition pourrait bien avoir lieu en mai, avec les trials de la Tahiti Pro. Et pour les prochaines compétitions, il promet de regarder au mieux les petites lignes des contrats d’assurance.