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« Mobilités au fenua » : les citoyens planchent, les politiques suivront-ils ?

Lucien Pommiez, direceur des Transports terrestres, et Rehia Ynam, chargée de mission à la DTT. ©CP/Radio1

La Direction des transports terrestres organisait ce samedi des ateliers participatifs de réflexion sur la problématique des transports en Polynésie. Plusieurs propositions prioritaires ont émergé ; elles s’ajouteront à celles qui peuvent encore être faites en ligne. À terme, dès mi-2024, sept propositions seront intégrées dans la révision du schéma directeur des transports collectifs et des déplacements durables. Mais les participants, aussi motivés soient-ils, doutent de la volonté politique de faire aboutir un réel changement.

Après le forum, fin novembre, sur la congestion routière et les problématiques de mobilité, la Direction des transports terrestres a poursuivi sa démarche avec des ateliers participatifs qui ont réuni une soixantaine de personnes dans l’un des salons de l’interContinental de Faa’a samedi matin.

En amont, un questionnaire en ligne avait reçu plus de 400 réponses.  « L’idée, c’est de demander à des citoyens qui sont non experts en matière de mobilités de proposer des idées ou des micro-projets », dit Rehia Ynam. L’objectif est la révision du schéma directeur des transports collectifs et déplacements durables, adopté en 2017.

« Très honnêtement il y a encore du travail, un travail de sensibilisation », dit Rehia Ynam, chargée de projets à la DTT. Même si « la réflexion s’affine », l’individualisme reste l’un des freins les plus importants à la réduction de l’utilisation de la voiture particulière. Il ne s’agit pas seulement de trouver des modes de transports alternatifs, dit le directeur des Transports terrestres Lucien Pommiez, mais de remettre en question notre rapport global aux déplacements. Les progrès peuvent intervenir aussi bien sur nos véhicules que sur, par exemple, les outils numériques pour optimiser les déplacements.

Jason Man, militant écologiste, participait aux ateliers. « Ce qui m’attire c’est surtout l’exercice démocratique de demander son avis à la population », dit-il, ainsi que la dimension sociale du problème. Parmi les propositions qu’il a mises en avant, la limitation de l’importation de voitures. Mais on sent l’impatience : « ça fait 20 ans qu’on le dit, à mon avis on sait déjà ce qu’il faut faire depuis bien longtemps. »

Concrètement, les propositions de la population sont encore attendues jusqu’au 28 avril sur le site Internet dédié (sur lequel on peut trouver les premiers résultats du forum de novembre dernier) ou dans les « boîtes à idées » qui sont disponibles à la DTT, à Carrefour Faa’a ou encore chez EDT.  Les propositions seront ensuite classifiées, et 100 projets seront sélectionnés et analysés, un travail qui doit s’étendre jusqu’en février 2024. Ils seront ensuite soumis au vote de la population, et sept projets lauréats seront intégrés dans le futur schéma directeur à partir de mai 2024.

Trois projets en tête des votes

Trois projets sont ressortis de cette matinée de réflexion : des « hubs » multimodaux ouverts H24 tous les jours, regroupant des zones pour le covoiturage, des arrêts de bus et des stationnements pour les vélos ; la décentralisation des administrations, à égalité avec le zonage du calendrier scolaire et le développement du télétravail ; et un service de bus opérationnel 24h/24, 7 jours sur 7.

Et c’est Jason Man qui a posé, en conclusion, la question qui fâche : « comment met-on la pression sur le politique ?  Parce que si c’est comme la politique du climat, qui est clairement un échec… Quand on les rencontre, ce n’est que du blabla. Il n’y a pas d’ambition politique sur le sujet, il faut qu’ils voient qu’on ne les lâche pas. »

 

Les mobilités dans les programmes électoraux 

Les sept listes en présence accordent une place variable à la question des transports : certaines l’occultent totalement, d’autres restent dans les généralités ou proposent des choses qui existent déjà, comme la gratuité des transports pour les personnes âgées ou les étudiants.

Au Tavini, on veut « créer un Pass Jeune/Étudiant et un Pass Matahiapo pour faciliter l’accès aux transports publics », décentraliser les services publics et les activités, développer les e-services, les voies dédiées et le co-voiturage. La réduction de l’utilisation des véhicules individuels est renvoyée à la mise en place d’un « vrai système de transport routier en commun gratuit fonctionnant à l’hydrogène ».

Ia Ora te Nunaa aussi veut décentraliser les services publics pour éviter les déplacements en ville, tracer des couloirs prioritaires, et proposer aux écoliers, étudiants et personnes âgées la gratuite d’un service qui l’est déjà. Les jaune et bleu proposent un tarif unique de 100 Fcfp par trajet de bus pendant 3 ans, le temps de construire le « Tram Papeete Nui » entre Paea et Arue. Ils veulent aussi construire la route traversière, et tenir deux référendums, le premier sur les horaires de l’administration et des écoles, le second sur la route du Sud.

Le Amuitahiraa propose lui aussi de rendre gratuit les transports « pour tous les enfants, les personnes âgées, matahiapo et les personnes handicapées. »

Hau Ma’ohi veut « investir dans le développement du transport écologique », mais sans développer le propos.

Le Tapura propose de favoriser le covoiturage, construire des parking relais pour faciliter l’accès aux transports, créer une voie dédiée aux bus électriques entre Faa’a et Arue, aménager trottoirs et pistes cyclables en zone urbaine, encourager l’aménagement des horaires du privé, du public et des écoles, poursuivre le développement des abribus en partenariat avec les communes, et renouveler et étendre l’aide à l’obtention du permis de conduire.

Chez A Here Ia Porinetia, aucune des 50 mesures du programme n’a trait aux mobilités. La promesse de tenir des référendums sur « tous les grands sujets publics » recèle peut-être un espoir dans le domaine des transports.

Enfin, chez Heiura-Les Verts, on propose la mise en place de voies dédiées aux bus, véhicules prioritaires, deux roues, handicapés, et véhicules ayant 3 personnes à bord. Le parti écologiste est également favorable au transport maritime de passagers, côte est et côte ouest.

 

 

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