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Moerani Frebault veut une commission d’enquête sur « les ingérences étrangères dans le Pacifique »

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En attendant la nomination d’un nouveau gouvernement et la reprise des travaux parlementaires à Paris, le nouveau député polynésien a présenté ses « axes de travail ». Parmi eux : la création d’une « commission d’enquête sur les ingérences étrangères dans le Pacifique, notamment concernant l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie ». Une idée du député loyaliste calédonien Nicols Metzdorf qui aurait « sollicité » Moerani Frebault sur le sujet.

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Premier recrutement, et premiers projets pour Moerani Frebault. Le nouveau député de la première circonscription est de retour à Paris où il restera jusqu’à la mi-octobre. De quoi attendre la nomination et l’installation du gouvernement – les annonces d’Emmanuel Macron, en la matière, se font toujours attendre – et bien sûr la reprise des séances de l’Assemblée nationale, début octobre. En attendant, « tout tourne un peu au ralenti » à Paris, mais le Marquisien assure ne pas chômer. Il a présenté, dans une courte vidéo, sa première assistante parlementaire, Mary Anna Reiatua, titulaire d’une licence de droit et un master en Relations internationales et management des affaires publiques, et qui sort d’un stage de six mois auprès du cabinet du directeur général des Outre-mer, au ministère de l’Intérieur. Une « jeune polynésienne très motivée » dont Moerani Frebault assure qu’elle répondra en son nom aux demandes des administrés.

Le jeune parlementaire, membre du groupe macroniste Ensemble pour la République, évoque aussi des réunions de travail à la direction générale des Outre-mer, des rencontre avec la ministre des Outre-mer sortante et le cabinet du président de la république où il a demandé « le doublement des enveloppes financières dédiées aux contrats de services civiques » pour le Pacifique. Il détaille certains projets, dont une étude sur le coût du transport des biens de consommation entre la métropole et le fenua. Mais surtout une proposition de commission d’enquête, qui reste à être mise sur la table de l’assemblée. Une proposition qui lui a été faite par son collègue de Nouvelle-Calédonie Nicolas Metzdorf, lui aussi associé au groupe Ensemble, et qui porterait sur « les ingérences étrangères dans le Pacifique, notamment concernant l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie ».

L’état d’Asie centrale, depuis plus d’un an, est en conflit diplomatique ouvert avec Paris, qui dénonce avec force les violences du conflit dans le Haut-Karabagh, la persécution de minorités chrétiennes, et est allié à son ennemi arménien. Entre autres réponses, le gouvernement autoritaire azéri multiplie les mains tendues et les partenariats avec les mouvements nationalistes et indépendantistes français, notamment le FLNKS calédonien et le Tavini, tous deux membres du « Groupe d’initiative de Bakou » créé pour « lutter contre le colonialisme français » et accompagner les territoires d’outre-mer vers l’autodétermination. Cette lutte d’influence a été plusieurs fois dénoncée par Paris, notamment à l’occasion des émeutes en Nouvelle-Calédonie. Ces violences qui se poursuivent seraient, d’après certains représentants loyalistes comme Nicolas Metzdorf, en partie provoquées, avivées ou entretenues par l’étranger. Un discours qui semble convaincre Moerani Frebault : « Il est important de mettre en lumière les responsabilités de chacun et de prendre des mesures pour éviter ces manœuvres de déstabilisation orchestrées par certaines puissances étrangères ».

Reste à savoir si le groupe Ensemble portera collectivement cette demande de commission d’enquête, ou si elle sera soutenue dans une Assemblée nationale où la coalition présidentielle est désormais minoritaire face aux groupes de gauche.