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Moetai Brotherson accusé de « mensonge » et « d’indifférence » sur le Vanuatu

Édouard Fritch a jugé « totalement odieuses et erronées » les explications données par Moetai Brotherson pour ne pas envoyer d’aide matérielle au Vanuatu, touché par un violent séisme en début de semaine. Hier le président indépendantiste avait expliqué que ce genre d’envois par conteneurs était une « fausse bonne idée », rappelant que les produits expédiés après le cyclone Pam en 2015 avaient « pourri au soleil ».  Faux, répond Édouard Fritch qui estime que le seul don financier de 5 millions de francs acté en conseil des ministres allait donner une image « d’indifférence » de la Polynésie.

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« Ça me renverse ! » Édouard Fritch aurait préféré pousser son coup de gueule devant Moetai Brotherson, ce matin, à Tarahoi. Le président n’est finalement pas venu en séance, ce qui n’a pas empêché son prédécesseur de s’exprimer. La raison de son courroux : les déclarations du chef de gouvernement sur l’aide du Pays au Vanuatu, mercredi midi, jugées « totalement odieuses et erronées ».

À la sortie d’un conseil des ministres, qui venait d’acter une aide de 5 millions de francs à la Croix-Rouge, en première ligne dans l’assistance à l’archipel mélanésien touché par un violent séisme lundi, Moetai Brotherson avait été interrogé sur l’absence de collecte de dons matériels ou d’envoi par le Pays de matériel, comme cela avait été fait par le passé. Il avait alors expliqué que ces envois par conteneurs étaient coûteux – estimant l’affrètement du Tahiti Nui à 20 ou 25 millions de francs suivant les interviews – et surtout « inefficaces », notant qu’une partie des produits envoyés par la Polynésie en 2015 après le cyclone Pam avaient « pourri au soleil ».

« C’est toute la population polynésienne qui sera accusée de cette indifférence »

Faux, répond Édouard Fritch, qui rappelle que le Pays, qu’il dirigeait alors, n’avait pas utilisé le Tahiti Nui à l’époque et que les conteneurs, « d’eau potable, bâches, et vêtements » avaient été confiés au « National Disaster Management Office, organisme reconnu par l’ONU, présent sur place au Vanuatu auprès de la Croix-Rouge ». L’ancien président, qui rappelle que l’envoi de matériel en 2015 avait aussi été demandé par Oscar Temaru, estime donc que son successeur à la présidence « se base sur un mensonge » pour justifier son manque d’action.

« Monsieur le président, vous avez inventé une fausse histoire, mais la question que je me pose aujourd’hui en entendant tout ça, c’est ‘Est-ce que c’est ça la conception de la solidarité d’un gouvernement Tavini à l’égard d’un pays indépendant ? Cinq millions envoyés c’est bien, ça permet de s’afficher, mais est-ce cela la solidarité océanienne ? Parce que ça n’est pas que M. Brotherson qui sera accusé de cette légèreté en matière de solidarité, mais toute la population polynésienne qui sera accusée de cette indifférence par rapport à ce qui se passe chez nos amis. »

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Des dons gâchés après le cyclone Pam, mais pas nécessairement les dons polynésiens

Le chef de file du Tapura et du camp autonomiste a raison de dire que le Tahiti Nui n’avait pas été utilisé en 2015 pour l’aide au Vanuatu, contrairement à l’aide pour Tonga en 2022, quand le royaume avait été touché par une éruption volcanique. En 2015, un large élan de solidarité était apparu au fenua pour récolter – à l’appel du gouvernement Tapura, mais aussi d’associations et d’entreprises comme Radio1 qui s’était associée à To Tiare pour financer la reconstruction d’une école. En plus des dons financiers quatre conteneurs de matériel donné par le Pays et de dons du public avaient été chargés par la flotille administrative. Avant d’être livrés à Port-Vila, un mois après le passage du cyclone Pam, en avril 2015, par un cargo privé, le Southern Moana. Des conteneurs qui contenaient bien, en plus de l’eau et des vêtements évoqués par Édouard Fritch, des denrées alimentaires. En plus de ces livraisons, dotées d’un budget de 10 millions de francs par le Pays, des techniciens du Pays ou d’EDT avaient été envoyés sur place pour aider aux réparations.

Si Moetai Brotherson fait référence à des conteneurs qui ont « pourri au soleil », c’est que de longs mois après cette livraison, en mars 2016, le bureau de gestion des catastrophes du Vanuatu (NDMO) avait annoncé qu’une partie des dons reçus de tous les pays du monde, parfois très tardivement vu les temps de transport, avaient été inutilisés. Certains produits restés sur les quais avaient effectivement dû être enfouis dans une décharge parce qu’ils étaient périmés ou avariés. Rien n’indiquait toutefois, dans la communication officielle des autorités ni-vanuatu, que les dons polynésiens faisaient partie de ces marchandises gâchées.