Le président du Pays, à Tonga pour le Forum des îles du Pacifique, a demandé au secrétaire général de l’ONU Antonio Gutteres que la Polynésie puisse bénéficier des programmes de formation de deux instances onusiennes pour aider à la révolution digitale que l’arrivée de Google au fenua va rendre possible. Par ailleurs, il a réitéré ses critiques sur la gestion du dossier calédonien.
Ce lundi après-midi, Moetai Brotherson a pris la parole au Forum des îles du Pacifique sur le développement numérique. Il est « crucial » que le Pacifique s’insère dans le développement numérique mondial, a-t-il déclaré, « Le numérique jette des ponts par dela les différences, et encourage un progrès durable ». Tout aussi cruciale est la cybersécurité et Moetai Brotherson a mis en avant, sans citer l’État, « les mesures que nous avons prises pour renforcer la cybersécurité pour les Jeux Olympiques ».
Enfin il a parlé de l’Initiative Pacific Connect de Google qui, outre Tahiti, va créer trois autres hubs dans la région : Hawaii, Guam et Fidji. Un projet qui va « faciliter l’intégration de la région dans l’économie globale et encourager l’innovation dans tout le Pacifique », a déclaré le président.C’est au titre de ce projet qu’il s’est adressé à Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU présent à Tonga : la Polynésie – qui avait déjà fait une « démo » d’un outil de traduction du reo tahiti au forum de Rarotonga en 2023 – aura besoin de l’aide des programmes de formation de l’Unesco et de Unitar (United Nations Institute for Training and Research) pour son « futur centre de recherche et d’intelligence artificielle ».
Paris doit faire davantage confiance « aux voix de la région qu’à ses propres diplomates »
Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre tongien Siaosi Sovaleni avait appelé les dirigeants du Forum réunis à Nuku’alofa à « respecter la vision de nos fondateurs sur l’autodétermination, y compris en Nouvelle-Calédonie. » Hier, Moetai Brotherson a déclaré que « la France a toujours eu un problème avec la décolonisation » dans le Pacifique Sud, et que Papeete avait alerté Paris depuis trois ans sur la possibilité de troubles violents, « mais ils n’écoutent pas. Il faut qu’ils changent leur vision des territoires du Pacifique. Ils doivent faire confiance aux voix de la région davantage qu’à leurs propres diplomates, parce que le retour qu’ils ont est parfois de parti pris ou inexact. »
Mais alors que le Forum, à la demande des dirigeants calédoniens, a repoussé sa mission à Nouméa qui devait se tenir avant le sommet, l’ambassadrice de France pour le Pacifique, Véronique Roger-Lacan a sèchement répliqué : « La seule question diplomatique ici est la mission du Forum. La diplomatie française est ici pour réaffirmer, au nom du président Macron, la disponibilité totale de la France pour une mission d’information en Nouvelle-Calédonie, dès qu’il y aura un consensus au sein du Forum. Les voix qui doivent être entendues par les leaders du Pacifique sont toutes celles de l’Accord de Nouméa, pas seulement les indépendantistes. Il n’y a aucun parti pris ou inexactitude dans ces simples faits. »
Mais le président du Pays a également souligné que le cas de la Polynésie n’est pas le même : « Nous n’adoptons pas nécessairement la même stratégie que la Nouvelle-Calédonie. Nous avons un colonisateur commun, mais nous sommes des pays différents dans des contextes différents. Nous devons trouver notre propre chemin vers l’autodétermination. »