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Moetai Brotherson en rendez-vous chez Google à Singapour

©Presidence

C’est peut-être le rendez-vous singapourien qui illustre le projet le plus concret du président du Pays : Google va commencer les études sur le tracé des câbles sous-marins qui doivent passer par la ZEE polynésienne. Il y a trois jours, le gouvernement a enfin publié un arrêté modificatif très attendu par le géant américain du numérique, prolongeant l’autorisation de Subcom de mener ces recherches. Juste à temps pour faire avancer les échanges avec Google, qui investit lourdement dans la région.

Le président du Pays s’est rendu hier au siège Asie-Pacifique de Google à Singapour. Il y a rencontré à nouveau Shirshendu Bhattacharya, négociateur stratégique et chef de l’innovation-câbles sous-marins du géant américain, qu’on avait vu en février dernier à Papeete, et Gavin Ku, chef de la sécurité et de la conformité des réseaux sous-marins pour la région.

Le gouvernement a fait paraître le 25 mars un arrêté du conseil des ministres qui prolonge jusqu’à la fin février 2025 l’autorisation accordée en novembre dernier à la société Subcom pour procéder aux opérations de « prospection, d’étude et de sondage » préalables à la pose des câbles sous-marins de Google dans les eaux polynésiennes. Deux navires de recherche sont autorisés à mener ces opérations, l’Ocean Titan, actuellement a Oakland, au nord de la Californie, et l’Ocean Invincible, qui a franchi le canal de Panama il y a quelques jours à peine.

Une course contre la montre

Une autorisation très attendue par Google. Début février, Shirshendu Bhattacharya était venu à Papeete pour rencontrer le président du Pays et le haut-commissaire. Vu le montant des investissements prévus, il était pressé d’obtenir toutes les autorisations nécessaires à l’avancée du projet, dont le rétroplanning est enclenché. Rappelons aussi que la France et les États-Unis, mais également l’Australie, qui ont renforcé leur coopération stratégique dans le Pacifique, soutiennent les ambitions de Google dans la région. « Ça témoigne de la confiance d’un acteur majeur comme Google dans les possibilités et le potentiel de notre pays à devenir le hub digital du Pacifique Sud », déclarait Moetai Brotherson sur notre antenne en janvier après la révélation du projet. C’est vrai, notamment du point de vue de la proximité du continent sud-américain, et du potentiel énergétique de l’île de Tahiti, plus important que celui des états insulaires voisins. Ça témoigne aussi, sans aucun doute, de la confiance de Google dans le parapluie stratégique français. Si les électeurs américains, en novembre prochain, plaçaient à nouveau Donald Trump à la Maison Blanche, ces choix politiques pourraient être remis en question. Il s’agit donc aussi pour Google d’avancer suffisamment vite pour ne pas voir ses plans remis en question par le politique.

Moetai Brotherson et sa délégation ont été conviés à deux sessions de discussions, la première sur « l’investissement dans les câbles sous-marins », puisque Google s’est lancé depuis plus d’une dizaine d’années dans un vaste programme d’investissement dans ce domaine, seul ou en partenariat avec des états comme le Chili. Microsoft et Facebook aussi investissent dans ces vecteurs indispensables à tous les Gafam pour soutenir la performance de leurs services en ligne. La seconde session a été consacrée aux « initiatives en matière de compétences et d’éducation », un point que Moetai Brotherson avait mis en avant lors de l’annonce de ce déploiement mais qui reste à préciser. Shir Simchayoff, directrice des partenariats Google, assistait à la réunion en visio-conférence.

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Deux autres rencontres sur le thème du numérique

La délégation polynésienne a aussi rencontré d’autres acteurs du secteur : Air Trunk Singapore, spécialisée dans la gestion de centres de données « hyperscale » et les infrastructures cloud. Les membres de la délégation ont été invités, après une présentation des opérations et actions réalisées par l’entreprise internationale, à se rendre sur le site. Elle a pu prendre la mesure d’un exemple de centres de données de 78 mégawatts, le plus grand de Singapour.

Enfin le communiqué de la présidence évoque la rentre entre la délégation et la société LaunchPad@one-north, « qui a pour vocation de mettre en commun diverses startups, des incubateurs, des investisseurs en capital-risque et autres services professionnels. Cette plate-forme multidisciplinaire comprend des entreprises basées sur la connaissance, des instituts d’enseignement supérieur et des instituts de recherche à la pointe de l’innovation. Étant un programme d’accélération de start-ups, la direction a appuyé son discours de présentation sur plusieurs points d’intérêts et d’importants potentiels pour la Polynésie française comme l’accès à l’expertise technologique, les possibilités de partenariats, l’accès à des financements, ou encore une visibilité internationale.»