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Moetai Brotherson « mitigé » devant un gouvernement central « très à droite »

Moetai Brotherson a fait part ce lundi de sa « réaction mitigée » au gouvernement Bayrou. Il veut voir une lueur d’espoir dans le maintien en poste du ministre des Affaires étrangères, qu’il perçoit comme « plutôt favorable » au processus de décolonisation, et dans l’arrivée à Bercy de l’ancien DG de la Caisse des dépôts. Il se rend à Paris le 11 janvier et invitera le nouveau ministre des Outre-mer Manuel Valls à venir, pour la première fois, en Polynésie. pour les premiers contacts avec ce nouveau gouvernement dont la durée de vie pourrait être aussi courte que trois semaines, et sans doute pas beaucoup plus longue que huit mois.

C’est « une réaction mitigée » à l’annonce de la composition du gouvernement Bayrou pour Moetai Brotherson.  Un gouvernement « très à droite, mais ça c’était déjà le cas auparavant », avec notamment la reconduction de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur et la nomination de Gérald Darmanin au ministère de la Justice. La seule « bonne nouvelle » pour le président du Pays est le maintien de Jean-Noël Barrault au Quai d’Orsay, dont il affirme qu’il était « plutôt favorable à la tenue de discussions multilatérales en juin lors du Comité des 24 ».

Ce n’est pas la première fois que Moetai Brotherson exprime son optimisme sur ce point, mais le chemin est long entre les politesses parisiennes et la position officielle de la France à New York, qui n’a pas varié : lorsque la France s’y exprime, c’est pour répéter qu’elle ne reconnait pas le processus onusien de décolonisation.

À Paris, 3e instrument financier et convention santé au programme

Le président du Pays se rend à Paris le 11 janvier prochain. L’arrivée au ministère des Finances d’Éric Lombard, ancien directeur de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), est aussi un motif d’espérer : « Certainement celui qui est le moins à droite dans ce gouvernement. On verra à l’usage si Bercy est toujours aussi intraitable ou s’il y a moyen de discuter » dit Moetai Brotherson, qui veut parler de la revalorisation du 3e instrument financier, au moins à hauteur de l’inflation, par lequel l’État finance avec le Pays les investissements structurants.

Quant à Manuel Valls, nouveau ministre des Outre-mer, c’est lui que Moetai Brotherson dit vouloir rencontrer en priorité. Il n’est encore jamais venu en Polynésie : « Ce sera l’occasion de l’inviter à venir se rendre compte par lui-même à la fois des potentiels, mais aussi des difficultés et de la spécificité de notre fenua. »  Manuel Valls a au moins une chose pour lui, dit-il, sa connaissance du dossier calédonien dans lequel il avait été « très impliqué » lorsqu’il était Premier ministre puis lorsqu’il avait présidé la Commission de suivi de l’évolution institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie. Moetai Brotherson veut aussi s’assurer que le comité interministériel des Outre-mer, prévu en mars et pour lequel il a des dossiers d’ordre financier mais aussi institutionnel, sera maintenu.

Il y a également la question de la convention santé entre le Pays et l’État, toujours pas renouvelée. La précédente, qui portait sur la période 2021-2023, avait été prorogée sur 2024. Le ministre de la Santé Cédric Mercadal accompagnera Moetai Brotherson à Paris pour faire avancer ce dossier urgent qui a des incidences marquées sur le budget de la CPS et du CHPF.

Un gouvernement en sursis 

Mais le gouvernement Bayrou survivra-t-il au mois de janvier ? Le Premier ministre devrait faire son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale le 14 janvier. Dans le premier grand entretien qu’il a accordé à BFMTV lundi soir, François Bayrou a promis de n’utiliser l’article 49.3 « qu’en dernière extrémité » et s’est dit « persuadé qu’il ne sera pas censuré », alors que La France insoumise a promis de déposer une motion.

Pour la députée Nicole Sanquer, l’urgence est le vote du budget, Elle craint la réaction de l’Assemblée nationale face à un gouvernement qui ne reflète toujours pas les résultats des dernières législatives. « La bonne nouvelle, dit-elle, c’est qu’on aura des interlocuteurs, mais pour combien de temps ? »

Car si François Bayrou et son gouvernement, dont la moitié des ministres sont issus du précédent gouvernement, passe les premiers obstacles, son horizon ne dépasse guère le mois de septembre prochain : dès juillet la Constitution permet de nouvelles élections législatives, qui pourraient être organisées à la rentrée suivante.

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