Le recensement 2022 mené par l’ISPF a permis d’estimer la population polynésienne à 278 786 habitants, soit 1% de plus que cinq ans auparavant. Mais cette augmentation, qui ne concerne pas les Australes et les Tuamotu, se fait à un rythme de plus en plus faible. Il faut dire que les naissances ont tendance à ralentir et que le solde migratoire lui, est plus que jamais négatif : en 5 ans, la Polynésie a connu 20 500 départs et seulement 14 000 arrivées. Les principaux enseignements de ce recensement.
- La population augmente, mais moins rapidement
En août 2022, la Polynésie comptait 278 786 habitants. Un chiffre qui est en augmentation de 1% par rapport à 2017, date du dernier recensement, soit 570 personnes de plus par en moyenne. « Le ralentissement démographique amorcé il y a vingt ans se poursuit et la croissance de la population ralentit, pointe l’ISPF. La population augmentait de 6 % entre 2002 et 2007, puis de 3,3 % entre 2007 et 2012 et de 2,9 % entre 2012 et 2017. » Reste que trois des cinq archipels gagnent de la population. Avec 36 000 habitants (+1,7% depuis 2017), les Raromatai signent la plus forte augmentation, notamment grâce à Huahine (+3,1%), et Bora Bora (+2%, 10 760 habitants). Raiatea reste l’île la plus peuplée de l’archipel avec 12 400 habitants mais sa population croît moins vite. Même diversité aux Marquises, dont la population (9 480 habitants) augmente de 1,4%. Quand Hiva Oa gagne près de 6% de résidents, Ua Pou en perd 2%. Les Tuamotu – Gambier (16 760 habitants), elles, perdent 0,9% de leurs habitants, quand les Australes (6 600 habitants) se dépeuplent encore plus rapidement : -5,4% en seulement cinq ans et même -12,3% à Rurutu. Quant aux îles du Vent, avec +1,3% en cinq ans, elles représentent désormais 209 980 habitants. Faa’a et ses 29 830 habitants (+1%) reste la commune la plus peuplée du pays mais sa population augmente moins vite que celle de Punaauia (2,4%, 28 780 habitants). Manque de logements oblige, la population de la zone urbaine progresse plus lentement (+0,4% entre 2017 et 2022 après +2,2% durant les cinq années précédentes) que celle de la la zone rurale (+2,6%). La zone Mahina – Punaauia rassemble toujours 64,8% des habitants de Tahiti. Enfin, la population de Moorea augmente deux fois plus vite que celle de la Polynésie française : +2,2% après +3,4% et +4,4% aux derniers recensements.
- Moins de naissances, plus d’espérance de vie
Ce ralentissement démographique s’explique notamment par un ralentissement des naissances. 500 de moins par an, en moyenne, entre 2017 et 2022 par rapport aux 5 ans précédents pour un total de 3 600 bébés sur la période. « La fécondité en baisse depuis de nombreuses années s’est stabilisée depuis 2017″, note toutefois l’ISPF, qui rappelle que le nombre d’enfants par femme est passé de 4,2 en 1977 à 1,8 en 2022. Moins de naissances, mais un taux de fécondité stable : l’explication, c’est un baisse du nombre de femmes en âge de procréer, au travers du vieillissement de la population, et du départ des jeunes Polynésiens vers la métropole et l’étranger.
Les décès, eux, augmentent légèrement (+200 par an en moyenne sur la période, pour 1 700 décès sur la période) du fait d’un plus grand nombre de matahiapo. Ce qui n’empêche pas le solde démographique naturel de la Polynésie de rester positif (+1 900 personnes par an) et l’espérance de vie d’augmenter (79 ans pour les femmes et 75 ans pour les hommes, un an de plus qu’en 2017).
- Davantage de jeunes qui partent, mais davantage de retours au pays
Le solde migratoire, en revanche, est plus que jamais négatif. La Polynésie a connu chaque année 1 300 départs de plus que d’arrivées entre 2017 et 2022, un déficit qui se creuse. , « Entre 2017 et 2022, 20 500 personnes ont quitté la Polynésie française, soit 7 % de la population, relève l’ISPF, qui estime que ces départs ont augmenté de 18% par rapport au dernier recensement. 800 jeunes de 18 à 25 ans sont concernés en moyenne par an : Chaque année, un jeune adulte sur dix quitte donc le territoire. » Le fenua a dans le même temps enregistré 14 000 installations en 5 ans, un chiffre là aussi en augmentation. Parmi eux 9 700 natifs de métropole (69%), une part qui diminue légèrement. « Ils sont 11 000 âgés de 15 ans ou plus et ils occupent un emploi sept fois sur dix, précise l’institut. Parmi les nouveaux arrivants en emploi, 14 % sont enseignants et 15 % sont policiers ou militaires » 2 100 de ces 14 000 arrivants étaient en outre natifs de Polynésie, et donc de retour au pays. « Ces nouveaux arrivants se sont rapidement insérés sur le marché du travail : 85 % sont en emploi » estime l’institut. Ces retours au pays sont en hausse de 33% sur la période.
- La part de natifs augmente légèrement
En 2022, les natifs de Polynésie française représentent 88 % des habitants du fenua soit 245 900 personnes, précise l’ISPF. Les natifs de métropole représentent eux 8,8 % des habitants, soit 24 570 personnes. « En 20 ans, la part des natifs de Polynésie française a progressé d’un point, la part des natifs de France hexagonale a baissé de 0,7 point », précise l’ISPF. Le nombre de natifs du reste de l’outre-mer est en légère baisse et celle d’étrangers (1,7% de la population en 2022) est relativement stable.
- Les résidences secondaires explosent
Si le nombre de logement récents a augmenté fortement en Polynésie ces cinq dernières années (11 700 en 2022 contre 9000 en 2017), ce sont les résidence secondaires qui en profitent le plus. Souvent mises en location sur AirBnB par des résidents, leur nombre a augmenté de 39,9% dans les îles Sous-Le Vent entre 2017 et 2022. Le chiffre a presque doublé à Moorea (+88%, 1 480 logements), a été multiplié par 2,5 à Bora Bora (680 contre 270) et 1,7 à Huahine (450 contre 260).
- Des ménages plus petits
L’ISPF comptait 5,2 personnes par foyer en 1977, contre 3,5 en 2017 et 3,3 aujourd’hui. Ça n’est pas seulement dû au plus faible taux de natalité : l’éclatement des noyaux familiaux continue. Les ménages polynésiens restent toutefois nettement plus grands qu’en France hexagonale (2,2 personnes) et comptent souvent plusieurs familles (25,9% d’entre eux). Les ménages à plusieurs noyaux regroupent
43 % des Polynésiens en 2022, précise l’institut, qui voit la part de familles nombreuses (trois enfants ou plus) diminuer de 8 à 6%. À l’inverse, la part des personnes seules parmi les ménages augmente (17,5 % en 2022 après 15,2 % en 2017, rassemblant 5% de la population) comme la part des couples sans enfant qui représentent désormais 11 % de la population.