ACTUS LOCALES

Moorea : le Pays présente son projet de « zone de développement prioritaire »

©Presidence

Le ministre du Logement et de l’Aménagement, Jean-Christophe Bouissou, a présenté ce jeudi la « zone de développement prioritaire de Moorea-Maiao » qui devrait être créée par une loi du Pays début 2022. Logement accessible, mais aussi hébergement touristique, équipements publics, et mise en valeur et accessibilité des sites publics littoraux en constituent les grands axes. À la contestation, il oppose la nécessité du développement d’une activité diversifiée et donc de l’emploi. Il rappelle aussi que la commune de Moorea, et donc la population de l’île, est maîtresse du jeu, notamment parce que c’est elle qui décide du PGA, du PGEM et de leurs modifications. 

Alors que la contestation gronde à Moorea, Jean-Christophe Bouissou a fait le point sur le devenir de Moorea tel qu’envisagé par le gouvernement. Il était entouré des directeurs de plusieurs services et établissements publics (Moana Blanchard et Bruno Marty de l’OPH, Georges Puchon de l’Aviation civile, Olivier Solari de Opua, l’agence d’aménagement et de développement durable, Bernard Amigues, directeur de la construction et de l’aménagement, Oraihoomana Teururai, directeur de l’Habitat et de la Ville, et Orama Lehartel de la DPAM), pour présenter un projet de loi du Pays qui devrait être soumis à l’assemblée début 2022, et qui créera la « zone de développement prioritaire de Moorea-Maiao » (ZDP) dont l’objectif est de « relancer l’économie et d’inciter à la réalisation de programmes d’envergure profitables durablement aux Polynésiens. »

Un développement multi-sites (17 en tout) et portant sur plusieurs axes : logement, mais aussi hébergement touristique, équipements publics, et mise en valeur et accessibilité des sites publics littoraux.

  • le domaine de Tahiamanu à vocation touristique ;
  • le port de Vaiare pour le développement de ses activités portuaires (sur la partie littorale de la cocoteraie dont le Pays pourrait rapidement se porter acquéreur) et l’aménagement d’une plage publique, de l’autre côté en direction d’Afareaitu ;
  • l’aéroport de Temae pour le développement de l’industrie et des services. Le Pays souhaite réactiver les vols Tahiti-Moorea en assouplissant les formalités d’embarquement, et implanter un hangar de maintenance pour jets privés ;
  • la zone à vocation touristique et hôtelière de Temae ;
  • le site du golf pour le développement du tourisme et de l’habitation résidentielle ;
  • la baie de Cook à vocation touristique et culturelle ;
  • le fond de la baie de Cook à Paopao pour le développement du tourisme et de l’agriculture ;
  • le fond de la baie d’Opunohu à Papetoai pour le développement du tourisme, de la culture, de l’agriculture et de la recherche ;
  • l’ancien club Med et les sites hôteliers dégradés situés à Haapiti pour le développement du tourisme et des activités touristiques
  • des sites dédiés et des emprises réservées autour de l’île de Moorea pour la mise en valeur d’espaces publics littoraux ;
  • sept sites remarquables pour des opérations d’habitat et d’aménagement de services de proximité.

Un « comité stratégique d’aménagement et de développement durable de la commune de Moorea-Maiao » sera mis en place pour la « concertation », présidé par le ministre de l’Aménagement et dont le vice-président sera le maire de la commune. Y seront présents ou représentés les ministres des Finances, du Tourisme et de la Culture, les maires délégués, trois membres de la société civile désignés par le conseil municipal, et le directeur de l’agence d’aménagement et de développement durable des territoires de la Polynésie française. Le comité pourra faire appel à des intervenants extérieurs et commanditer des études. Le projet a reçu l’assentiment du conseil municipal, indique le ministre, et le comité pourrait même voir le jour avant l’adoption de la loi.

L’intérêt particulier d’une ZDP réside dans la mise en œuvre d’un dispositif d’aide en faveur du développement de grands investissements comportant des équipements structurants pour la Polynésie française. Les programmes d’investissements agréés en Conseil des ministres seraient réalisés dans un délai de 5 ans pour un montant au moins égal à 15 milliards par projet (mais le seuil pourrait être baissés, dit le ministre), les délais pouvant être prorogés à 10 ans si les investissements étaient supérieurs à 30 milliards Fcfp.

Le Pays vient clairement au secours d’une municipalité qui peine jusqu’ici à trouver les mots pour répondre aux critiques des « activistes qui mélangent tout », tout en concédant que « c’est normal tant qu’on ne communique pas ».  Derrière les contestataires, « vous n’avez pas l’impression qu’il y a une manipulation politique ? demande Jean-Christophe Bouissou à la cantonade. Présentez-vous aux élections, mais ne venez pas pointer du doigt le gouvernement ! »  S’il s’est attaché à expliquer que le gouvernement garde fermement l’œil sur le ballon, il a aussi souligné que la commune de Moorea, et donc la population de l’île, est maîtresse du jeu, notamment parce que c’est elle qui décide du PGA, du PGEM et de leurs modifications. Et que dans une économie libérale, le pouvoir du Pays sur les transactions entre acteurs privés est limité. « Le gouvernement a le dos large, mais il ne peut pas porter les sacs à dos de tout le monde, » a déclaré le ministre.

Le point sur les projets en cours

En 2020, a précisé Jean-Christophe Bouissou, 199 permis de construire à Moorea avaient été délivrés ; en 2021, le chiffre atteint déjà 256, mais 177 relèvent de l’OPH. Le Pays dénombre 8 projets actuellement en cours : 42 logements à Paopao, la rénovation de l’hôtel Cooks Bay (72 chambres), le projet de pension Ulala Beach (14 unités), une résidence de 17 logements et la complétion du Fare Natura, le tout à Paopao. À quoi il faut ajouter le projet d’hôtel du golf (153 chambres) à Teavaro, un lotissement de 14 logements à Afareaitu, et les 3 terrassements de la cocoteraie à Vaiare. Sur ce dernier projet, aucun permis de construire n’est déposé, car le programme initial de logements n’est pas compatible avec le PGA qui classe ce terrain en zone industrielle. Le Pays n’exclut pas de se porter acquéreur de la partie littorale de la cocoteraie, pour l’inclure dans la réhabilitation de la zone portuaire. À Temae, aucune demande de permis n’a encore été déposée pour une éventuelle extension de l’hôtel Sofitel, mais à cet endroit, répète le ministre, « le PGA prévoit une zone touristique à vocation hôtelière, c’est le conseil municipal qui l’a décidé il y a des années ». Et Jean-Christophe Bouissou rappelle que le Pays est propriétaire de 36 hectares adjacents à la propriété Enany qui pourraient être partiellement utilisés pour faire une extension de la plage publique sur 400 mètres. De nombreux sites d’accès public à la mer ont été recensés et sont susceptibles de faire l’objet d’aménagements.

Il a également produit un tableau des investissements immobiliers de particuliers étrangers à Moorea (4 achats, pour un montant total de 221,5 millions de Fcfp) mais ils ne concernent que les investisseurs hors Union européenne, les résidents en France ou en Nouvelle-Calédonie, par exemple, n’étant pas comptabilisés. « On ne peut pas interdire la vente aux étrangers, a rappelé le ministre, c’est attaquable dans le droit national et dans le droit européen. Et on ne peut pas empêcher les Polynésiens de vendre leurs terres. L’argent apporté par les étrangers, c’est de l’argent qui circule dans l’économie. Si la Polynésie n’intéressait personne, je ne sais pas quel serait le niveau de vie. » Pas question non plus de réguler par la fiscalité, en augmentant la taxe sur les plus-values immobilières : « les propriétaires monteraient simplement leurs prix. » Mais le ministre dit vouloir s’intéresser de plus près au fonctionnement des SCI, qui permettent à leurs actionnaires de bénéficier de droits d’enregistrement réduits.

Faciliter la construction de logements abordables

Le domaine public comprend aussi 14 hectares à Teavaro, ou encore 84 hectares à Paopao qui pourraient accueillir notamment des logements intermédiaires abordables. Une adaptation de la défiscalisation viendrait faciliter la construction de logements intermédiaires, et l’accession des locataires à ces logements.

 

 

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