Après la défaillance technique de l’hélicoptère qui a mis à mal l’opération de sondage des sols de Moorea lancée en 2022, la commune veut relancer l’opération en avril 2025. Aujourd’hui, le lancement de cette étude, chiffrée initialement à un peu plus de 80 millions, entraînerait un surcoût d’environ 60 millions pour Moorea-Maiao. Un investissement important que la mairie souhaiterait voir financer à 75 % par le Pays et l’État.
Découvrir de nouvelles ressources en eau. C’est l’objectif de « l’étude de caractérisation géophysique des ressources souterraines » que la commune de Moorea veut voir aboutir d’ici 2025. Un projet qu’elle porte avec Bora Bora depuis 2019, coûtant initialement 80 millions, mais qui au final devrait coûter le double. En cause, « des problèmes techniques » déclarés par Tahiti Nui Helicopters, le sous-traitant local de la compagnie de géophysique danoise SkyTEM, choisie par le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) qui s’était engagé à apporter un concours technique mais aussi financier à l’opération, à hauteur de 34 millions, comme le Pays. Pour autant, ce premier essai raté n’a pas dissuadé la municipalité qui « ne veut pas abandonner » ce projet « structurant ». Le gouvernement, conscient du « prisme touristique » de l’île, dit comprendre la démarche.
Un besoin en eau grandissant
« L’augmentation de la population, passée de 7 000 à 20 000, met une pression sur cette ressource en eau et ils ont besoin de trouver de nouvelles sources, explique le président du Pays Moetai Brotherson. Pour ce faire, pas d’autre choix que la voie des airs, selon la commune qui dit se heurter à des difficultés d’accès. « Ça ne peut pas se faire par des moyens simples », ajoute ainsi le président qui évoque lui aussi l’utilisation des « moyens lidar » – une technologie de télédétection consistant à pointer un laser sur une surface et à mesurer le temps que met le laser à revenir à sa source – pour identifier ce qu’il y a dans les sous-sols.
Prioriser les forages souterrains
Car de son côté, la municipalité insiste sur le fait qu’elle veut prioriser les forages souterrains, qui reviennent moins cher puisque l’eau y est de meilleure qualité. Aujourd’hui Moorea en compte 12, en plus des 8 captages de sources et des 21 captages en rivière qui font l’objet de traitement onéreux dans les deux usines de l’île. C’est là tout l’enjeu de cette étude que la commune veut réussir à mener coûte que coûte. « C’est un projet qui nous tient à cœur, explique Karen Mou, directrice générale des services de la commune. La solution que l’on a identifiée, c’est de faire appel à un hélicoptère qui viendrait d’Australie. » Il s’agit en l’occurrence de la société United Aero Helicopter » dont les services atteindraient plus de 83 millions au total.
60 millions de surcoût
Un investissement conséquent, qu’elle prévoit de partager avec la commune de Bora Bora. Coût final de ce surplus financier pour l’île sœur, un peu plus de 60 millions, dont la mairie demande le financement par la Délégation pour le développement des communes (DDC, structure du Pays) à hauteur de 24 millions, et par la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR, dispositif de l’État) à hauteur de 21 millions. Si ces demandes sont approuvées, la commune devra toutefois sortir près de 11 millions. À noter enfin que ce projet rentre dans le cadre des travaux entrepris pour répondre aux règles du CGCT qui imposent aux communes de fournir de l’eau potable à ses administrés, ce qui serait déjà le cas, d’après la commune, sur 75% de son territoire.