Le procureur n’a formulé aucune réquisition, estimant que sa responsabilité n’était pas avérée dans la mort de l’enfant.
L’INFO. Le procureur n’a formulé aucune réquisition à l’encontre de l’enseignante. C’est une décision inattendue survenu mardi dans le procès de la mort accidentelle de Khoren, 11 ans, retrouvé pendu dans le couloir de son école, à Arles, en 2011, alors qu’il avait été exclu de sa classe. Pour le ministère public, il n’y a pas lieu de poursuivre pénalement l’institutrice jugée pour homicide involontaire. Mardi, cette dernière, Agnès Maulard-Lelong, a tenté de s’expliquer devant le tribunal correctionnel de Tarascon, dans les Bouches-du-Rhône. Elle encourt cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende. La décision a été mise en délibéré au 29 octobre.
Pourquoi la décision du procureur est-elle surprenante ? Tout au long des débats, l’institutrice a été malmenée par le procureur et par le président du tribunal. Ils lui ont reproché à maintes reprises d’avoir laissé Khoren seul dans le couloir, livré à lui-même pendant 45 longues minutes, alors qu’il avait demandé plusieurs fois à réintégrer la classe. « Va rejoindre les manteaux qui eux aussi ne travaillent pas », lui avait lancé l’institutrice. Quel était le sens de cette sanction ? Agnès Maulard-Lelong a été incapable de livrer une explication. Pour le parquet, qui estime qu’il y a eu négligence et imprudence, un devoir de surveillance s’imposait. Mais le procureur a également souligné qu’il n’y a pas eu de faute intentionnelle et surtout aucun texte qui oblige un enseignant à surveiller constamment un élève de visu.
« On croyait que nos enfants étaient en sécurité ». « Si les textes manquent à ce point de précisions là-dessus, c’est extrêmement inquiétant. Cela veut dire qu’un enfant peut passer autant de temps que l’enseignant le désire dans le couloir, sans surveillance », a regretté au micro d’Europe 1 la mère de Khoren. « Nous, on croyait que nos enfants étaient en sécurité à l’école », a-t-elle poursuivi. « Il serait bien que l’Education nationale ait une conscience un jour », s’est pour sa part offusqué le père de l’enfant. « Le ministre actuel aura peut-être l’intelligence de recadrer ces faits de manière à ce que l’on ait pas à se retrouver à nouveau dans cette situation », a-t-il espéré.
Les explications confuses de l’institutrice. « Je ne pense pas que je sois responsable de la mort de Khoren », a déclaré à la barre en préambule, d’une voix à peine audible et tout de noir vêtue, Agnès Maulard-Lelong. Un peu plus tard, à une question du procureur qui lui demandait si elle se sentait « moralement responsable », elle a répondu « oui », avant de se tourner vers les parents et de leur dire qu’elle était « désolée ». « Je ne suis pas restée 45 minutes sans le voir (…) des élèves sortaient lui parler », a objecté l’institutrice, répondant souvent de manière hésitante, d’une voix faible, cherchant dans ses souvenirs, tandis que le magistrat la questionnait encore sur son refus de réintégrer l’enfant. Le tribunal va-t-il finalement relaxer l’institutrice qui est restée froide et impassible tout au long des débats ? Réponse le 29 octobre.