ACTUS LOCALESÉCONOMIEPOLITIQUESOCIÉTÉ Motu Link : un nouveau projet de compagnie low-cost en Polynésie Charlie Réné 2021-06-28 28 Juin 2021 Charlie Réné Motu Link compte se doter de deux ATR-600 pour commencer son exploitation. ©ATR La société Motu Link Airline a demandé une licence de transporteur aérien au Pays, qui pourrait lui accorder dans les prochaines semaines. La compagnie veut concurrencer Air Tahiti en proposant des billets à tarifs réduits vers les principales destinations des îles Sous-le-Vent et des Tuamotu à partir de 2022. La société a été créée en janvier dernier, et elle n’attend aujourd’hui que les sésames de l’administration pour entamer son décollage. Motu Link Airline, c’est le nom de cette SAS, a demandé au Pays une licence de transporteur aérien pour se positionner sur le marché domestique polynésien. Alors que le gouvernement a signé, le 17 juin, le contrat de délégation de service public avec Air Tahiti pour la desserte de 32 aérodromes « de désenclavement » pendant 5 ans, c’est sur la zone laissée en « libre concurrence » que ce nouvel acteur cherche se faire une place. Les responsables de Motu Link veulent commencer par voler sur les six lignes les plus fréquentées du fenua. Il s’agirait donc de relier Tahiti à Bora Bora, Raiatea, Huahine, Rangiroa, Fakarava et Tikehau… Autant de destination vers lesquelles la nouvelle compagnie veut offrir une offre « low-cost ». ATR-72 et vente en ligne Pour proposer des prix plus attractifs que ceux d’Air Tahiti, les porteurs du projet, qui ne souhaitent pas s’exprimer officiellement avant l’obtention de leur licence, ont assuré au Pays qu’ils pourraient comprimer leurs coûts d’exploitation sans rogner sur la sécurité. Parmi les leviers envisagés : une orientation « tout-numérique », avec une commercialisation sur internet plutôt qu’en agence et le développement de e-tickets et d’enregistrement en ligne, une masse salariale « rationalisée », des activités réduite à « l’essentiel »… Ou encore une flotte « optimisée ». Motu Link prévoit de se doter, dans un premier temps, de deux ATR 72-600, appareils qui constituent déjà une bonne partie de la flotte d’Air Tahiti, et dont la compagnie low-cost compte maximiser le temps de vol et la capacité. La société ne communique toutefois pas, à ce stade, sur une grille tarifaire. Il faut dire que la piste est encore longue avant un éventuel décollage. La demande de licence d’exploitation, qui a été déposée dès fin avril sur le bureau de gouvernement, a déjà fait plusieurs aller-retours et l’instruction du dossier serait aujourd’hui, selon nos informations, bien avancée. Les porteurs du projet ont bon espoir que la réorganisation du ciel polynésien, tout juste finalisée, ouvre la voie à une réponse positive dès les prochaines semaines. Côté finance, la société, qui se dit « 100% polynésienne » et compte parmi ses associés des professionnels locaux de l’aviation, a présenté « un plan de financement complet » au gouvernement. Mais elle reste pour l’instant discrète sur ses investisseurs, qui devront mettre sur la table plusieurs centaines de millions de francs. Encore beaucoup d’étapes Si elle bénéficiait effectivement de sa licence de transporteur aérien, Motu Link Airline devrait encore obtenir des autorisations du service d’État de l’aviation civile, qui s’assure notamment que les conditions de sécurité sont remplies. Une procédure très rigoureuse, et des dossiers complexes à monter, comme a pu le constater, ces derniers mois Tahiti Air Charter pour sa desserte des Marquises. Resteraient ensuite à finaliser les levées de fond, la commande des deux appareils et d’assurer la constitution des équipes, soit plusieurs dizaines de travailleurs qualifiés. Malgré toutes ces étapes, Motu Link affiche son ambition de lancer son exploitation au premier semestre 2022. Islands Airline, silence radio Ce n’est pas la première fois qu’un projet de compagnie affiche sa volonté de concurrencer Air Tahiti, avec, jusqu’à présent plus de promesses que de résultats. En 2017, Islands Airline avait elle aussi déposé une demande de licence de transporteur. La compagnie, pilotée par l’homme d’affaire Bill Ravel, visait alors huit, puis douze destinations, sans compter des dessertes régionales, en parlant déjà d’une stratégie « low cost ». Le projet avait fait débat au sein du gouvernement : certains craignaient que ce nouvel acteur mette en péril l’équilibre de la compagnie historique, qui ne bénéficiait alors pas de délégation de service public – et donc de financements – sur les lignes les moins rentables. Islands Airline avait fini par obtenir une licence devant la justice administratives, fin 2018. Un an et demi plus tard, en juillet 2020, et après que la crise Covid a causé l’effondrement du marché aérien, Bill Ravel, au micro de Polynésie la 1ere, se déclarait contraint de « différer » son projet qui n’a depuis plus fait parler de lui. « Cela ne remet pas en cause l’exploitation future de la compagnie aérienne qui croit fermement au potentiel de croissance touristique de la destination Polynésie et travaille sans relâche à sa mise en exploitation, précisait alors le président d’Islands Airline Frank Mailleret. La concurrence est nécessaire ». Et elle semble se structurer. 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