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Motu Link veut faire décoller son avion-cargo interîles dès cette année

La compagnie Motu Link, un temps sur les rangs pour concurrencer Air Tahiti, a abandonné l’idée du transport de passagers pour se réaiguiller vers le fret interîles. Son ATR 72-500 version cargo, en voie d’acquisition, doit ainsi permettre d’amener des produits frais dans les archipels et surtout d’embarquer, au retour, les produits de la mer et la production agricole des îles vers Tahiti. Le Pays, intéressé, entend créer  « cadre intelligent » pour accompagner la société locale. Objectif : un décollage avant la fin de l’année… et la saison des letchis.

Motu Link Airline est sur le point de décoller. C’est en tout cas ce qu’affirme Moetai Brotherson après une rencontre, ce mercredi, avec les responsables de cette future compagnie aérienne locale que le gouvernement « accompagne depuis un an ». Le projet, lui, est plus ancien. Début 2021, la société fraichement créée affirmait pouvoir concurrencer Air Tahiti vers les îles les plus fréquentées, dès l’année suivant, et grâce à un modèle « low cost » assumé. En octobre de la même année, Motu Link obtient sa licence de transporteur aérien, premier sésame avant de pouvoir entrer en activité, et délivré par le Pays pour une activité de transport de passagers et de fret. Mais les deux ATR-600 alors annoncés n’arriveront jamais sur les tarmacs polynésiens. Les difficultés actuelles d’Air Moana, seul nouvel opérateur à s’être lancé, début 2023, parmi tous ceux qui s’étaient annoncés, ont de quoi refroidir d’autres potentiels concurrents à Air Tahiti.

Produits périssables vers les archipels, poissons et fruits vers Tahiti

Mais plutôt que l’abandon ou la mise en sommeil, Motu Link a choisi de faire un pas de côté et informe les autorités, début 2023, de sa volonté d’acquérir un ATR en version cargo plutôt qu’avec des sièges passagers. L’idée : assurer un service de fret vers les archipels, où l’approvisionnement en produits frais est parfois compliqué. Et proposer aux îles d’embarquer leur production locale vers Tahiti sans avoir à la stocker et à lui faire subir les longues traversées en goélette. Vu les coûts de l’aérien, il ne s’agit pas de transporter du coprah, mais des produits plus fragiles et de plus grosse valeur ajoutée, comme les produits de la pêche lagonaire, aux Tuamotu notamment, le thon et les autres poissons du large pêchés aux Marquises, les taro, carottes, pastèques des Australes et les produits maraichers de tout le fenua.


Les responsables de la société, toujours discrets mais qui auraient réussi à réunir assez d’investisseurs locaux, avaient tenté pour ça d’exploiter un ATR en leasing, qui était sur le point d’être livré depuis l’Australie en fin d’année dernière. Un problème contractuel a fait capoter l’opération, et c’est désormais un autre appareil, un ATR 72-500 qui a déjà servi pour du transport de passagers mais qui a été reconditionné par le constructeur pour du fret, que la compagnie souhaite acheter et non plus louer. Un appareil qui peut embarquer jusqu’à 8 tonnes de fret à chaque vol et qui suffirait, dans un premier temps du moins, à faire fonctionner la compagnie. Les financements auraient été bouclés auprès de partenaires privés « locaux et nationaux », des dossiers sont en cours d’étude chez certains partenaires publics (à la Sofidep et l’OCI notamment) et aucune défiscalisation n’est demandée, puisque l’opération porte sur un avion d’occasion.

« Modèle innovant » soutenu par le Pays

Si les responsables de la compagnie ont rencontré le président Moetai Brotherson et le ministre des Finances Tevaiti Pomare ce mercredi, c’est pour évoquer d’autres formes de soutien. Le Pays soutient déjà les producteurs des îles, agriculteurs ou pêcheurs, dans l’envoi de leur production à Tahiti, et l’idée serait d’adapter ce soutien à au fret aérien. Des encadrements de tarifs et la prise en charge des frais de transports de certains produits de nécessité – frais ou congelés notamment – vers les archipels sont aussi au centre des discussions, qui seraient déjà « bien avancées ». « Le gouvernement, notamment les ministres de l’Économie et du secteur primaire vont travailler sur la mise en place d’un cadre pour aider intelligemment à l’accomplissement des missions de Motu Link, au bénéfice premier de nos archipels », écrit ainsi Moetai Brotherson qui parle d’un « modèle innovant qui devrait permettre un acheminement plus régulier et plus rapide de nos archipels ».

Motu Link doit encore renouveler sa licence obtenue en 2021 – et qui tombe en octobre prochain sans début d’exploitation -, obtenir les agréments du service d’État de l’aviation civile, finaliser ses recrutements, déjà lancés ces derniers mois, et qui doivent constituer une équipe totale de « 17 ou 18 personnes »… Bref, encore du travail, mais les responsables ont bon espoir de décoller avant la fin de l’année. Et avant la saison des letchis, précieuse production des Australes qui pourrait être la première à bénéficier du service de cet avion cargo interîles.

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