Tahei auti ia Moorea et l’association des habitants de Tema’e Moorea s’inquiètent : le projet de révision du plan général d’aménagement de la commune prévoit à peu de choses près, disent les défenseurs du motu, ce qui était prévu sous le précédent gouvernement. Le Sofitel Kia Ora pourrait ainsi fermer la route de la cocoteraie, et s’étendre le long de la quasi totalité de la plage publique. Elles demandent à Moetai Brotherson de préciser la position du Pays, qui a repris les négociations avec l’homme d’affaires.
La mairie de Moorea a entrepris en août dernier les travaux de révision de son plan général d’aménagement. Elle doit tenir demain à la mairie de Teavaro une réunion d’information sur le sujet. Les associations de défense du motu Temae avaient cru pouvoir souffler, après les déclarations le 6 septembre sur notre antenne de la vice-présidente en charge des affaires foncières, Éliane Tevahitua, qui annonçait que le Pays abandonnait le projet de rachat à Louis Wane d’une parcelle de 18 hectares de l’ancien domaine Enany.
Or le projet de la mairie montre toujours l’aménagement d’une route d’accès à la plage publique à partir de la route de l’aéroport, d’un parking, d’un fare potee et de sanitaires sur une très petite portion de plage – plus petite que la parcelle qui avait été réservée à un « jardin public » dans le précédent PGA. Pour rappel, Louis Wane n’a eu de cesse depuis le rachat de déplacer la route pour pouvoir fermer celle de la cocoteraie, et de faire annuler cette emprise réservée en bord de mer, deux conditions sans lesquelles il estime que son projet d’extension de l’hôtel ne sera pas viable. Le Sofitel Kia Ora s’étendrait alors dans ce qui est aujourd’hui la cocoteraie, avec pour conséquence, craignent les associations, de « privatiser » sans le dire l’essentiel de la plage publique.
Une information confirmée le mois dernier par la Direction des affaires foncières, qui indique que le Pays est en cours d’acquisition d’une petite partie de la parcelle proposée à la vente par Louis Wane. Juste assez pour faire la nouvelle route et les aménagements publics en bord de mer, loin des 18 hectares que Louis Wane aurait bien revendus au Pays pour la coquette somme de 2,2 milliards de Fcfp. Alain Bonno de AHTM répète ce que les associations disent depuis le début : « Pour nous, l’idéal serait que le Pays reprenne la zone réservée dans son intégralité, et s’il y avait une volonté politique ça pourrait même aller jusqu’à l’expropriation. » La commune, n’ayant pas les moyens de racheter cette zone, avait déjà fait cette demande au précédent gouvernement, qui s’y était refusé. Le nouveau gouvernement semble faire de même.
« C’est exactement le même tracé de route que celui du PGA de 2013, dit Alain Bonno, sur une zone humide que la mairie défendait encore l’année dernière, et qui est protégée par la convention de Ramsar de 1971 dont la France est signataire. » Aucune nouvelle construction ou nouvel ouvrage ne devrait y être possible.
Et les associations ont relevé une autre anomalie, disent-elles : dans l’acte notarié de la vente au sheik Enany, il était précisé que l’acquisition excluait « les voies de circulation ». Mais dans l’acte d’achat par Louis Wane, « il y a la disparition du vocable ‘voie de circulation’, remplacé par ‘servitude’. Est-ce une erreur du notaire ? Si c’est une servitude M. Wane peut effectivement la faire déplacer. Mais comment peut-il avoir acheté ce que Enany lui-même n’avait pas acheté ? » demande Alain Bonno.
Une demande de rendez-vous, puis un courrier envoyé cette semaine au président Brotherson sont encore sans réponse. Les associations veulent savoir si « le projet du maire de Moorea-Maiao est également celui du Pays ». Ce serait, dit Alain Bonno, un « véritable coup de poignard dans le dos ».