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Moutons, café, vanille et pota à l’ombre des panneaux solaires de Mataiea


Après les troupeaux de bovins à Taravao, la nouvelle ferme photovoltaïque de Mataiea promet de faire de l’ombre à la fois à des cultures et à de l’élevage. Concombres, pota, vanille, café et graines de chia poussent déjà sous les serres, en attendant du cacao ou des fruits. Mais les moutons, mis à part cinq premiers pensionnaires, se font attendre. Après avoir étudié la Martinique et Hawaii, les exploitants pourraient aller les chercher à Eiao, aux Marquises.

La centrale de Manasolar est la deuxième grande ferme photovoltaïque de à Tahiti, après Mahana O’hiupe, lancée voilà un mois par la famille Siu et ses partenaires à Taravao. Les deux projets ont en commun – outre une puissance équivalente – de valoriser doublement le foncier où ils sont installés. Sous ses panneaux haut-perchés, Mahana O’hiupe laisse ainsi paître un troupeau d’une centaine de bovins géré par le propriétaire du terrain, Jonui Maau-Raoulx. Manasolar, dont les installations couvrent au total 10 hectares, a de son côté fait en sorte d’offrir plusieurs options à la Société civile agricole (SCA) Vaihiria, gérée par Tamatoa Bambridge, propriétaire du terrain où se trouvait déjà une exploitation bio.

Des « tests » sous serre…

Une partie des panneaux a ainsi été installée suivant un format de toiture, pour constituer trois serres de 700 mètres carrés chacune. Des concombres, pota et autres produits maraîchers ont déjà poussé sous les structures, avec, pour certaines productions, des cycles améliorés grâce à l’ombre et le système de brumisateur automatisé. Plus loin, des plants de café et de vanille sont déjà en terre, et des bacs accueillent des graines de chia et bientôt d’autres plantes aromatiques. Des arbres fruitiers, et des légumes traditionnels polynésiens devraient aussi être plantés sous d’autres « structures hautes » de la ferme solaire et Philippe Neuffer, beau-frère de Tamatoa Bambridge, compte bien lancer sous ces panneaux ou sous les serres d’autres essais comme des plantations de cacao adaptées à l’ombre. Il s’agit de tester, de valider, pour la SCA comme pour d’autres exploitants. « En milieu tropical, avec ce genre de serres, on connait pas trop le comportement des plantes, notamment à cause de la baisse de la photosynthèse, explique Tamatoa Bambridge. Du coup on va essayer plusieurs protocoles, toujours avec notre certification bio, pour savoir ce qui pousse, ce qui pousse pas, faire des comparaisons du plein champ avec du sous serre, voir ce qui s’adapte le mieux en fonction du contexte. »

Bref, sous les panneaux aussi il s’agit d’innover. Et la SCA pourrait même aller plus loin, dans des techniques d’élevage, de culture et d’aquaculture novatrice, si elle pouvait profiter d’une partie de la production électrique de la centrale. Ce qui est, à l’heure actuelle, prohibé par les règles fixées par la direction de l’Énergie pour ces grands appels à projets. « On espère que ça va changer, qu’ils vont considérer ces exploitations agrivoltaïques dans leurs deux dimensions », reprend Tamatoa Bambridge.

… Et un troupeau qui tarde

Derrière les serres solaires, l’autre partie de la centrale comporte des milliers de panneaux beaucoup plus proches du sol destinés à l’élevage de moutons. Le troupeau est pour l’instant des plus réduits : cinq bêtes, empruntées au troupeau de la famille Coppenrath. Il faut dire que ce projet d’élevage à viande, accompagné par un ingénieur agronome, a déjà buté sur de nombreuses complications. Le groupe Moux et la SCA, en « joint-venture », avaient d’abord tenté d’importer une race très prometteuse de moutons sans laine de Martinique. Mais des alertes sanitaires nationales ont empêché leur transport vers le fenua, qui devait obligatoire passer par la métropole.

Les regards se sont donc tourné vers Hawaii, où existent aussi plusieurs races tropicalisées, avec un transit là encore compliqué, par Los Angeles, puis San Francisco en camion, et enfin Tahiti. Nouvelles embûches administratives et sanitaires du côté des autorités américaines. L’idée n’est pas abandonnée, mais les responsables du projet pensent à une alternative : les moutons de Eiao, petite île inhabitée des Marquises où des bêtes ont été débarqués par des navigateurs européens au XIXe siècle. « Il y a aussi des moutons et des chèvres à Mehetia, c’est plus près » note le tavana Tearii Alpha pendant la présentation. Les travaux se poursuivent, « mais on aura pas un méchoui tout de suite », sourit Tamatoa Bambridge.

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