CRISE DES REFUGIES – La capitale de Bavière a accueilli 13.000 nouvelles personnes samedi mais ne dispose plus de places d’hébergement.
Malgré une organisation réglée au millimètre près, la municipalité de Munich, les associations et les bénévoles ont dû se résoudre à faire dormir 4.000 personnes dehors dans la nuit de samedi à dimanche. La ville accueille chaque jour des milliers de personnes, avec un pic de 13.000 samedi, mais ne dispose plus de places d’hébergement. Munich demande aux autres communes et au gouvernement de prendre leurs responsabilités.
Une ville débordée. Des tentes montées en urgence et quelques tapis de camping pour les plus chanceux : les dernières personnes arrivées à Munich ont dû dormir dans des conditions précaires samedi à Munich. Et les autorités redoutent qu’à l’avenir des réfugiés se retrouvent à dormir à même le sol, protégés seulement par des couvertures isotherme. Car Munich, point d’entrée dans l’« Eldorado allemand » pour les réfugiés et les migrants économiques venus du Sud, n’a plus aucune place d’hébergement disponible. Et le flux d’arrivées ne devrait pas tarir dimanche.
« Il faut maintenant déclarer l’état d’urgence ». Les autorités locales commencent donc à hausser le ton, estimant qu’elles ne peuvent supporter à elles seules tout l’effort. « Chaque train qui peut partir avec 500 réfugiés vers une autre ville d’Allemagne nous permet d’éviter le chaos ici à Munich », a ainsi déclaré le maire de Munich samedi. « Munich et la Bavière à eux seuls ne peuvent pas surmonter ce grand défi », a renchéri la municipalité dans un communiqué.
Le président de la Bavière, Horst Seehofer, est lui aussi monté au créneau. « Nous estimons qu’il faut maintenant déclarer l’état d’urgence. Ce qui veut dire décider l’ouverture de véritables camps, nous ne pouvons plus faire autrement », a-t-il martelé, avant de menacer d’aller voir le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, dont le pays a tendance à tout faire pour que les réfugiés ne restent pas sur son sol et poursuivent leur périple.
Le gouvernement pointé du doigt. Ces déclarations qui cachent à peine une forme d’exaspération envers la chancelière Angela Merkel, accusée d’avoir ouvert les frontières sans concerter les présidents de région ni prévoir une gestion au niveau national. Car l’Allemagne a décidé d’ouvrir ses portes en grand et de faire une entorse aux règles d’asile en Europe, qui prescrivent que les demandes soient déposées dans le premier pays d’entrée dans l’Union Européenne.
Les médias allemands évoquent la possibilité qu’un grand centre ferroviaire soit mis en place dans le Nord de l’Allemagne pour désengorger le Sud. Il permettrait aux trains arrivant d’Autriche de poursuivre directement leur route vers le nord sans passer par Munich. Mais le gouvernement n’a pas confirmé.
Et Berlin tance ses partenaires européens. Le ministre allemand des Transports Alexander Dobrindt a par ailleurs dénoncé dimanche « l’échec complet » de l’Union européenne à contrôler ses frontières extérieures face à l’afflux des migrants et réclamé des mesures « efficaces ». « Des mesures efficaces sont à présent nécessaires pour stopper l’afflux » face à « l’échec complet de l’UE », dont « la protection des frontières extérieures ne fonctionne plus », a-t-il écrit dans un communiqué. Selon lui, les « limites de capacité » d’accueil de l’Allemagne « sont atteintes ».