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Nahema Temarii : « Il n’est pas question pour l’instant d’emmener ces Jeux ailleurs »


De retour de Paris, la ministre des Sports et de la Jeunesse a cherché à clarifier le débat sur la tour des juges de Teahupo’o. La Polynésie compte bien honorer son contrat sur l’organisation olympique et l’option de déplacer la compétition à la Taharu’u n’est « pas privilégiée ». Reste donc l’homologation de la tour en bois, difficile, mais aussi la possibilité d’utiliser la tour en alu en limitant l’impact sur le récif. « Le problème, ça n’est pas la tour, c’est la perforation », rappelle-t-elle.

Si la présidence a pris les rênes sur l’épineux dossier de la tour des juges de Teahupo’o, le ministère des Sports en reste une cheville ouvrière, le lien entre les multiples acteurs du sujet. C’est ce que rappelle Nahema Temarii, en visite à Paris ces derniers jours, qui s’est justement entretenue avec le président du comité d’organisation (COJO) Tony Estanguet avant son retour au fenua hier. Ce jeudi matin, elle cherchait donc à rassurer, et à préciser les déclarations de Moetai Brotherson sur le sujet en milieu de semaine. Oui, la « recherche de solutions » prend du temps pour concilier exigences olympiques et inquiétudes locales, non l’exécutif ne baisse pas les bras, pas plus d’ailleurs que Paris 2024, ou que l’État qui ont « parfaitement compris les enjeux ». Certains, en métropole notamment, spéculent déjà sur un abandon de l’organisation des Jeux par la Polynésie. « Il n’en est pas question pour l’instant », répond Nahema Temarii, puisque « la Polynésie a signé un contrat » pour l’organisation et compte bien le respecter. « Si on ne se tient pas à ce contrat, il faudrait que ce soit une autre ville qui organise, ce qui ne nous convient pas puisque ça voudrait dire financer l’organisation ailleurs. »

Papara « pas privilégiée »

Des Jeux hors de Teahupo’o, c’est pourtant bien ce qui a été évoqué par Moetai Brotherson au micro de TNTV. Le président a expliqué qu’en cas d’échec d’autres solutions, « la seule proposition raisonnable » serait de rapatrier l’épreuve olympique sur le site plus accessible, plus équipé – et beaucoup moins « mythique » – de la Taharu’u, à Papara. Une idée déjà discutée, à titre de « spot de secours » lors de la constitution du dossier, mais aussi mise sur la table « dès le début de la nouvelle mandature lors de la première visite de Moetai Brotherson à Paris ». Avec à chaque fois une fin de non-recevoir du comité d’organisation qui a encore rappelé cette semaine que c’est bien Teahupo’o qui a candidaté et qui doit donc recevoir les surfeurs du monde entier. À entendre Nahema Temarii, cette idée n’existe quoiqu’il arrive « qu’au titre de la bonne gouvernance, qui nous oblige à proposer l’ensemble des options réalistes et réalisables ». « Mais ce n’est bien évidemment pas l’option privilégiée. »

La tour en alu toujours dans la course

Alors qu’est-ce qui est privilégié parmi « les six solutions différentes » qui ont été listées avec le comité ? Pas la construction d’une tour sur la plage, alternative écartée car jugée inadéquate, vu la distance à la vague, tant du point de vue arbitral qu’audiovisuel. L’utilisation de la vieille tour en bois reste une porte de sortie potentielle, avec, comme l’a pointé Moetai Brotherson, la difficulté de l’homologation de la structure. « Pour le comité, la seule vraie exigence c’est la sécurité » reprend Nahema Temarii, qui assure, contrairement à ce que le président laissait penser mercredi, que la nouvelle tour en alu, fabriquée et toujours en montage à terre, n’est pas complètement sortie des débats. Car « si on revient à la base du mouvement, le problème, c’est la perforation du platier, pas la tour ». Une version révisée, « allégée », pourrait-elle être installée sans avoir à construire les importantes fondations pointées du doigt à Teahupo’o ? « C’est aussi là dessus que nous travaillons. Si jamais les fondations pouvaient être renforcées sans pour autant déteriorer ou ajouter des performations supplémentaires, pour accueillir cette tour en aluminium, ça pourrait être une solution ».

« L’heure du top – down est terminée »

La ministre tient aussi à prendre la défense du collectif d’opposants à cette nouvelle tour, critiqués par beaucoup pour le timing et les conséquences de leur protestation. « Il faut comprendre ce qui disent ‘écoutez, ça n’est pas le moment’, mais c’est un mouvement pacifiste, et je ne peux pas m’empêcher d’être fière de voir des Polynésiens qui s’engagent pour défendre leur patrimoine ». Plutôt que les militants, la ministre pointe du doigt la responsabilité du gouvernement précédent, qui aurait manqué de transparence, et qui, malgré les discours, – « ce n’est pas la Polynésie qui va s’adapter aux Jeux mais les Jeux qui s’adapteront à la Polynésie », avait répété Édouard Fritch – n’aurait pas fait les démarches nécessaires pour que « les gens de Teahupo’o soient au courant de ce qui allait se passer ». Il faut que la classe politique quelle qu’elle soit comprenne que l’heure du top – down est terminée, insiste la ministre nommée à 32 ans. Cette nouvelle génération de Polynésiens a envie de donner son avis, de se positionner, et a besoin d’être consultée »

Quoiqu’il en soit, Nahema Temarii demande à tous de « laisser travailler » le gouvernement, le Haut-commissariat et le comité d’organisation. Qui devraient, comme l’a précisé le président Brotherson, avoir plus d’information lors de la « dernière réunion technique », prévue ce 15 novembre.

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