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Naufrage de migrants en Méditerranée: peut-être 500 morts

Athènes (AFP) – Le HCR redoutait mercredi jusqu’à 500 morts lors du récent naufrage dans le sud de la Méditerranée d’un bateau parti de Libye, un itinéraire dangereux vers l’Italie, plus fréquenté par les migrants vers la bonne saison.

Des migrants arrivés dimanche à Kalamata (Grèce) après avoir été secourus la veille en haute mer ont raconté avoir assisté à ce naufrage, a expliqué à l’AFP Carlotta Sami, porte-parole pour l’Europe du Sud du Haut commissariat de l’ONU (HCR) pour les réfugiés, basée à Rome.

Alors que les départs de Libye, et dans une moindre mesure d’Egypte, enregistrent une forte progression depuis quelques semaines, comme chaque année à cette saison, ce drame porte à plus de 1.250 le nombre de morts ou disparus cette année en Méditerranée selon le HCR.

L’Italie redoute aussi que l’accord UE-Ankara coupant la route des Balkans pousse les migrants à emprunter davantage cette voie.

La plupart des 41 rescapés de Kalamata ont pris la mer à une date encore indéterminée près de Tobrouk, dans l’est de la Libye, à bord d’un bateau de 30 mètres de long transportant entre 100 et 200 personnes.

Après plusieurs heures en mer, les passeurs ont essayé de les transférer sur un bateau plus grand qui transportait déjà « des centaines de personnes dans des conditions terribles de surcharge », selon un communiqué du HCR.

« A un moment pendant le transfert, le plus grand bateau a chaviré et coulé », a poursuivi le HCR. Les survivants sont ceux qui n’étaient pas encore montés à bord de ce second bateau, dont on ne sait pas d’où il était parti, et ceux qui ont réussi à nager jusqu’au plus petit bateau après le naufrage.

Selon le frère d’un rescapé rencontré par l’AFP à Mogadiscio, cette embarcation était partie le 7 avril d’Alexandrie, en Egypte. « Trois membres de ma famille, deux hommes et une femme (…), sont morts en mer dans cette tragédie », a expliqué cet homme qui a pu parler par téléphone avec son frère. 

Les rescapés sont 37 hommes, trois femmes et un petit garçon de 3 ans voyageant avec sa famille. Selon le HCR, 23 venaient de Somalie, 11 d’Ethiopie, 6 d’Egypte et un du Soudan.

Un Ethiopien a affirmé avoir perdu sa femme et son enfant, selon une responsable de l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), Zoé Sakouli.

Les rescapés ont dérivé en mer « pendant peut-être trois jours » selon le HCR avant d’être repérés et secourus samedi par un cargo battant pavillon philippin qui les a débarqués dimanche à Kalamata, dans la presqu’île du Péloponnèse.

– « Les témoignages concordent » –

Selon la police portuaire grecque, ils n’avaient pas signalé de naufrage aux autorités.

Après avoir été hébergés plusieurs jours dans le stade municipal de Kalamata, ils étaient attendus dans la soirée à Athènes où ils devraient être pris en charge dans deux hôtels par des psychologues et des travailleurs sociaux.

« Les témoignages concordent », a assuré à l’AFP une porte-parole du HCR en Grèce, expliquant qu’un agent de l’organisation avait pu s’entretenir avec les survivants.

En septembre 2014, un autre drame impliquant un transbordement en pleine mer avait déjà fait jusqu’à 500 morts. Des passeurs avaient coulé leur bateau venu d’Egypte après que des migrants eurent refusé de monter sur une embarcation plus petite. C’est une dizaine de survivants exténués et repêchés trois à quatre jours plus tard qui avaient témoigné. 

Ce nouveau drame vient s’ajouter à une litanie déjà longue, au premier anniversaire du pire naufrage, qui avait fait jusqu’à 800 morts le 18 avril au large de la Libye.

Depuis, une armada patrouille au large des côtes libyennes: opération Triton de l’agence de contrôle des frontières Frontex, opération navale anti-passeurs Sophia, opération Mare Sicuro de la marine italienne, mais aussi les bateaux privés affrétés par SOS Méditerranée ou d’autres ONG.

Dans un communiqué, le HCR a réclamé une nouvelle fois « l’augmentation de voies régulières pour admettre les réfugiés et les demandeurs d’asile en Europe » afin d’éviter les traversées clandestines meurtrières.

« Nous devons tout mettre en œuvre pour récupérer les corps de ceux qui sont morts et réconforter ceux qui ont survécu », a déclaré mardi à l’ONU le président somalien, Hassan Sheikh Mohamud.

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