Recalée par les autonomistes, Naumi Mihuraa a décidé de faire cavalier seul dans cette campagne, en présentant une « candidature libre », mais soutenue par le Rassemblement National, dans la 3e circonscription. La fille de Lana Tetuanui, qui a claqué la porte des rouges après les discussions entre autonomistes, revendique une petite équipe jeune, venue de tous horizons. Elle plaide pour « une politique différente », au-delà du clivage sur l’indépendance ou non.
Un bulletin blanc « pour la paix« , avec des écritures rouge « pour le pays et pour les Raromatai » : voilà les couleurs choisies par Naumi Mihuraa, au moment de déposer sa candidature libre pour les élections législatives, dans la 3e circonscription. La jeune femme de 35 ans a apporté son dossier dimanche au Haut-commissariat. Paradoxalement, c’est un conflit qui a motivé cette décision, puisque la fille de la sénatrice Lana Tetuanui souhaitait initialement présenter cette candidature sous les couleurs du Tapura.
Durant les longues discussions préalables à l’accord entre autonomistes, le parti d’Édouard Fritch a finalement retenu le nom de Moerani Frébault (dont elle était la suppléante pour les Européennes) pour la 1ère circonscription. Laissant donc les deux suivantes aux autres forces de cette coalition, dont la 3e à Pascale Haiti-Flosse du Amuitahiraa. Un parachutage qui n’est pas passé pour le clan Tetuanui : la mère a démissionné du parti et la fille a donc décidé de faire cavalier seul.
« On a fait le choix de se lever »
« Le président du Tapura a préféré choisir quelqu’un d’une autre circonscription pour venir porter la notre », regrette la candidate, qui a fait tout son parcours chez les jeunes du Tahoeraa avant de prendre le train rouge lors de la création du Tapura en 2016. « On peut parfois se plaindre en silence, mais cette fois on a fait le choix de se lever, je ne suis pas la seule », raconte la candidate, suppléée par Pari Oito, un jeune fonctionnaire territorial originaire de Punaauia, arbitre dans le championnat de football à ses heures perdues.
Concernant l’influence de sa sénatrice de mère dans cette candidature : « bien sûr qu’elle me conseille, elle joue son rôle et s’inquiète un peu pour moi. Elle s’attendait à ce que je puisse un jour partir en campagne, peut-être pas de cette manière-là, mais elle est avec moi ». En revanche, Lana Tetuanui ne fait pas partie de l’équipe de campagne : « elle a confiance en nous, elle c’était que c’était notre moment pour porter notre voix ».
« Un message à porter au niveau de notre génération »
Elle précise être suivie dans sa démarche par « de jeunes amis proches » venus du Tapura mais « aussi des indépendantistes« , avec des personnes « expérimentées au niveau juridique », d’autres venus de milieux associatifs ou religieux, ou encore un entrepreneur. Elle dit avoir été inspirée dans son ambition « par les jeunes du Tavini ».
Interrogée sur son positionnement, Naumi Mihuraa explique que « ce clivage entre autonomistes et indépendantistes est ancré et entretenu par les politiciens et les médias. Mais quand on parle de cherté de la vie, ce sont les mêmes problèmes pour tout le monde ». Celle qui compte présenter son programme, articulé en cinq points, dans les jours à venir, estime qu’il y a « un message fort à porter au niveau de notre génération, pour peut-être faire une politique différente et arrêter de se focaliser sur ce qui nous divise ».
Une candidature « libre » mais soutenue par le RN
Contactée dimanche après-midi, l’intéressée expliquait attendre un coup de fil avec le patron du Te Nati-RN Éric Minardi : « on espère, on croise les doigts pour qu’il nous soutienne ». Ce fut chose faite dans la soirée. Le Rassemblement National soutient donc la candidature libre de la jeune femme, qui n’est toutefois pas investie par le parti. Eric Minardi assure qu’elle siègera avec le groupe RN à l’Assemblée nationale en cas de succès le soir du 6 juillet. Ce que l’intéressée réfute, préférant attendre de voir quelle sera la recomposition de l’assemblée au moment venu.
Il faudra pour cela convaincre les électeurs de la 3e circonscription, où Tati Salmon (Heiura- Verts), Pascale Haiti-Flosse (Autonomistes) et la sortante Mereana Reid-Arbelot (Tavini) sont aussi candidats. « J’ai un profond respect pour madame Mereana, c’est une amie proche de la famille, elle partage nos moments difficiles, donc je ne vais pas pouvoir l’affronter de manière personnelle. C’est donc un vrai challenge, puisqu’on va pouvoir »l’affronter » sur le fond, sur les idées et la vision politique ». Deux visions qui risquent effectivement de s’opposer fortement, au vu du soutien reçu.
Peu importe le fossé entre le RN et le Tavini, « c‘est un honneur de concourir avec elle sur cette circonscription ». Voilà pour les louanges. Concernant Pascale Haiti-Flosse, « je n’ai rien à dire sur elle », coupe Naumi Mihuraa. Si le bulletin est blanc, le message ne semble donc pas adressé à tout le monde.