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ND-des-Landes: un projet « surdimensionné » pour les experts, mais toujours pertinent pour Matignon

Paris (AFP) – Coup de semonce pour l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes: un rapport d’experts juge le projet « surdimensionné », suggérant de le revoir à la baisse ou de moderniser l’aéroport de Nantes Atlantique, mais Matignon considère néanmoins que sa « pertinence » est validée.

Le référendum local sur la construction très controversée de cet autre aéroport en Loire-Atlantique aura d’ailleurs lieu le 26 juin, selon la ministre de l’Environnement Ségolène Royal.

« Force est de constater que le projet, fruit d’une conception ancienne, est surdimensionné », souligne ce rapport rédigé par trois ingénieurs généraux des ponts, des eaux et des forêts et remis à Mme Royal.

La ministre les avait chargés, mi-janvier, d’examiner les alternatives ou solutions « complémentaires » à ce projet, vieux de 50 ans, qui oppose riverains, opérateurs, élus et défenseurs de l’environnement.

« Les différents scénarios étudiés se résument, après analyse critique, en un choix entre une modernisation de Nantes Atlantique et un aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes redimensionné à une seule piste au lieu des deux prévues », concluent les ingénieurs.

Aussitôt, chaque partie a fait sa lecture du rapport.

Matignon a estimé qu’il validait « la pertinence d’un transfert ».

Quant à l’hypothèse de réduire le projet à une piste, les services du Premier ministre semblent mettre en doute sa « faisabilité juridique », relevant que l’étude « ne se prononce pas » là-dessus. 

Manuel Valls avait annoncé que les travaux seraient lancés dès octobre, en cas de victoire du « oui » au référendum, qui doit être limité au seul département de Loire-Atlantique. Un choix considéré par les opposants comme plus favorable à l’adoption du projet.

Mais pour les détracteurs de Notre-Dame-des-Landes, le rapport remet de toutes façons en cause le référendum même.

« Si le projet est contesté par les experts, on ne va pas demander au public +est-ce que vous en voulez?+ alors qu’on vient d’en montrer les failles! », dit Françoise Verchère, coprésidente du « Collectif des élus doutant de la pertinence de l’aéroport ».

« Le réaménagement de l’aéroport existant est clairement mis sur la table comme une alternative sérieuse », souligne la Fondation Hulot.

Contacté par l’AFP, Vinci, qui mène le projet, n’a pas fait de commentaires.

– « Renouer le dialogue » –

Les trois experts se fondent notamment sur les nombreuses études déjà réalisées, notamment celle de la « commission du dialogue », déjà réservée  en 2013.

Pour ces ingénieurs, le choix de Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres de Nantes, « apparaît encore comme un compromis acceptable, malgré des difficultés à ne pas sous-estimer ».

Le site « accueille une biodiversité riche et variée mais insuffisante pour justifier un zonage réglementaire de protection », estiment-ils.

Mais « au lieu d’un projet à deux pistes de 3.600 m, dont l’une à 60 m de largeur, qui était celui d’un aéroport à vocation intercontinentale, la mission suggère de retenir un projet à une seule piste de 2.900 m de longueur et 45 m de largeur, jugée suffisante pour les besoins d’un trafic essentiellement intra-européen ».

Cette révision réduirait la consommation d’espace d’environ 200 hectares, sur les quelque 600 prévus actuellement.

Cependant, la transformation de Nantes Atlantique reste une autre option, soulignent les auteurs: « l’agrandissement de l’aérogare est possible, et la rénovation de la piste est nécessaire ».

« Les questions de bruit resteraient prégnantes » toutefois. Et la nécessité de maintenir l’aéroport ouvert pendant les travaux pourrait « peser sérieusement » sur les coûts. 

La facture s’élèverait à environ 300 millions d’euros pour un objectif de 7 millions de passagers annuels (4,4 millions en 2015), un chiffre qui n’inclut pas l’impact du chantier sur l’activité aéroportuaire.

Ce texte vise à « nourrir le débat », selon le ministère de l’Environnement, en vue du référendum. « L’idée de ce rapport est de regarder à fond, et de façon impartiale, les alternatives, et répondre à toutes les objections pour renouer le dialogue », explique Mme Royal.

La ministre, qui n’a jamais caché son scepticisme à l’égard du projet actuel, évoque le compromis obtenu lors de la crise du barrage de Sivens (Tarn), où le projet initial avait finalement été modifié. 

« Des solutions ne sont pas impossibles, même si c’est difficile », dit-elle.

© AFP/Archives JEAN-SEBASTIEN EVRARDDes opposants au projet de Notre-Dame-des-Landes devant le palais de justice de Nantes, le 13 janvier 2016