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Tahara’a : la mairie d’Arue « va tout faire » pour que le projet du groupe City « ne voie pas le jour »


Une enquête publique sera lancée lundi autour du projet de complexe résidentiel, commercial et hôtelier porté par le groupe City sur le site de l’ancien hôtel Hyatt du col du Tahara’a, à Arue. La tavana Teura Iriti appelle la population à y « participer massivement » et se déclare fermement opposée au projet. Avec son adjoint Jacky Bryant, ils appellent le Pays à racheter le terrain.

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Après Punaauia, et les protestations contre la résidence Ocean Park, c’est à Arue que les projets du groupe City ont du plomb dans l’aile. Cette fois pas de collectifs citoyens, de manifestations, et de pancartes sur le terrain, c’est la mairie qui a lancé les hostilités ce matin. La tavana Teura Iriti, entouré d’une partie de sa majorité municipale et de plusieurs adjoints, a voulu elle-même annoncer l’ouverture d’une enquête publique concernant l’étude d’impact sur l’environnement du réaménagement du Tahara’a. Une enquête publique qui s’étendra du 27 juin au 29 juillet, et qui doit donner la possibilité « à toute la population polynésienne, qu’elle soit d’Arue ou non », de s’exprimer sur projet du groupe City. Le groupe immobilier français s’est porté acquéreur, sous certaines conditions suspensives, de l’ancien hôtel Hyatt et de son terrain de 12,1 hectares. Son idée : redonner vie au site au travers d’un complexe mêlant des parties résidentielles, un centre de commerce et de loisir et une partie hôtelière.

« Ce projet a une seule vocation, c’est la spéculation »

La première édile de Arue appelle donc à « participer massivement » à cette enquête, mais surtout affiche son opposition ferme au projet. « Le permis de construire, la demande de défrichage, cette étude d’impact, il y aura un avis défavorable de notre part », pointe l’élue qui a récemment rejoint le Tapura à l’assemblée. Pourquoi ? Parce que nous avons été élus au sein de la commune pour protéger nos ressources et notamment le col du Tahara’a qui est un site historique, un site qui a un environnement extraordinaire, le seul endroit d’Arue où on peut bien se baigner, où l’eau est propre… Nous sommes là pour nous lever avec toute la majorité pour dire, non, stop à ce projet ».

Dans le détail, la mairie reproche au projet son « impact sur la biodiversité et les ressources naturelles d’Arue », sa « consommation hydraulique disproportionnée » – environ 900 m3/jour -, sa production de déchets ménagers – +35m3 de bac gris par collecte d’après la mairie -, « l’absence d’information sur la gestion des eaux pluviales » ou encore « l’évacuation des eaux usées traitées en mer ». La mairie avait déjà fait part de ses réserves, et de ses interrogations, au Pays en octobre dernier. Le groupe City, lui, n’a reçu aucune réponse officielle, mais a tout de même fait « pas tenu compte ». Pour Teura Iriti et son équipe, la position semble en effet définitive : « On va tout faire pour que ce projet ne voie pas le jour ». Aux côtés de la tavana, ce vendredi, son troisième adjoint Jacky Bryant, qui mâche pas ses mots. « Ces projets-là n’ont qu’une vocation, c’est la spéculation », attaque le chef de file de Heuira – Les Verts, pour qui le groupe City veut « profiter de toutes les aides possibles et imaginables » pour construire « un Monaco » à Tahiti, une zone « qui exclut les Polynésiens ». Le projet prévoit pourtant bien des accès publics à la côte. Mais pour l’élu et militant, qui insiste sur le fait qu’aucun grand site, entre Aorai Tini Hau et la pointe Vénus n’offre un accès public à la côte, « il faut rendre ces 12 hectares à la population ».

« Nous implorons le Pays de racheter ces 12 hectares »

Comme Teura Iriti, il demande donc « au pays d’acheter » ce « site panoramique unique ». Pour quel prix ? Si ni le groupe City, ni le propriétaire n’a rendu public le montant et les conditions de la vente, le site de l’ex-Hyatt était sur le marché, il y a encore quelques mois, à 2,5 milliards de francs. Une somme qui ne comprend à priori pas les coûts de déconstruction et de désamiantage de l’hôtel en ruine. « Créer de la dette n’est pas une difficulté tant que l’on maitrise l’outil, reprend Jacky Bryant. Nous implorons le président du Pays de créer de la dette parce que cette dette va répondre à un besoin ».

Il s’agirait, pour l’adjoint au maire, de créer un espace public et « de mixité sociale » qui permettrait de valoriser la biodiversité – notamment les essences menacées – de Tahiti, de planter des plantes à vocation médicamenteuse, d’offrir un nouvel espace d’animation… Et d’en profiter pour le transformer en un site « historique » qui permettrait de raconter l’histoire de Arue et de Tahiti, celle des premiers échanges avec les navigateurs européens ayant mouillé dans la baie de Matavai toute proche. Ou encore celle de Omai, jeune Polynésien ayant embarqué avec le capitaine Cook et premier Océanien avoir été présenté à la cour d’Angleterre, où il vécut deux ans de 1774 à 1776, avant de revenir au fenua.

Un projet qui reste toutefois à monter, à présenter, à discuter, et à financer. « On a commencé à avoir des discussions sur le sujet », assure Teura Iriti pour qui le message, vu l’importance des sujets fonciers, « sera partagé par tous ». Lors de ces derniers échanges avec le groupe City, il y a quelques semaines, le président Édouard Fritch n’aurait d’après les promoteurs, pas évoqué un projet de rachat du terrain par la collectivité.

L’étude d’impact doit être consultable sur le site de la mairie d’Arue d’ici quelques jours. Pour déposer officiellement un avis – le commissaire enquêteur ne tiendra pas compte des avis postés sur les réseaux sociaux – il convient de se rendre aux service techniques d’Arue, situés servitude Vaianaunau, derrière la laiterie Sachet au PK 2,215 côté montagne. Horaires d’ouverture : du lundi au jeudi de 7h15 à 11h30 puis de 12h15 à 15h15, et le vendredi de 7h15 à 11h30 puis de 12h15 à 14h15.

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