ACTUS LOCALES

New Tahara’a : le groupe City détaille et défend son projet

Crédit photos : CityPF

« Surpris » par l’opposition de Teura Iriti au projet de complexe résidentiel, commercial et hôtelier, le représentant local du groupe City a tenu à répondre point par point à la mairie de Arue. Eaux, déchets, accès au public et biodiversité… Selon Teiva Raffin, le New Tahara’a répond à toutes les normes mais surtout aux besoins de la collectivité. Il assure que le groupe français veut devenir un acteur « au long terme » du développement économique et de la création d’emplois en Polynésie. Où il « réinvestira tous les gains » de ses projets locaux.

Lire aussi : New Tahara’a : la mairie d’Arue va « tout faire » pour que le projet du groupe City « ne voie pas le jour »

Un nouveau quartier « ouvert à tous », de l’emploi et de l’attractivité pour la commune, et une renaissance d’un « site mythique ». Voilà en somme comment Teiva Raffin décrit le projet du New Tahara’a après l’offensive de la mairie d’Arue, qui s’y est déclarée fermement opposée. Le directeur général délégué du groupe City en Polynésie française se dit « surpris » par la position de la tavana Teura Iriti qu’il a rencontrée par deux fois l’année dernière, pour présenter le projet de complexe résidentiel, commercial et hôtelier qui doit sortir de terre en lieu et place des ruines de l’ancien Hyatt. Les réactions du conseil municipal n’avaient pas été négatives, explique-t-il. La mairie dit avoir, courant octobre, exprimé ses réserves dans un courrier au Pays, mais n’aurait « jamais » adressé de commentaire officiel au promoteur, ni évoqué un projet de rachat public du terrain. D’après le dirigeant, certaines interrogations exprimées oralement par les élus avaient tout de même été prises en compte dans le projet. Qui a, ces derniers mois, « beaucoup avancé ».

Un « nouveau quartier » ouvert à tous, et des loyers « accessibles »

Pas question de rentrer dans la confrontation, mais Teiva Raffin tient à répondre point par point aux arguments avancés par les élus municipaux – à qui il propose un débat public et médiatique sur le projet. D’abord en réfutant l’idée, avancée par Jacky Bryant, que le groupe City voulait créer un « ghetto de riches » ou un petit « Monaco » à Arue. Certes, le site abritera un hôtel 5-étoiles de 141 chambres, qui doit prendre la place du Hyatt abandonné, 5 villas dédiées à la location touristique. Mais il comptera surtout 250 logements, du T2 au penthouse, répartis sur 4 zones. « 60% seront des logements à loyers intermédiaires à modérés », légalement plafonnés. « Idéals pour les jeunes couples polynésiens », appuie le responsable. Le reste du parc résidentiel, de plus haut standing, s’adressera « à la clientèle locale désirant acquérir un logement principal en marché libre », assure-t-il, promettant « une première à Tahiti » en matière d’offre de logement et de services.

Parmi les équipements « accessibles à tous » du site de 12 hectares réaménagé : un centre de commerces et de loisirs, des bureaux, un espace bien-être un parc paysager avec observatoire, plusieurs restaurants et un « foodcourt » présentant plusieurs « roulottes », un centre d’art et un espace culturel « pouvant rappeler les légendes et histoires du site », une base nautique, un espace culturel et des espaces d’évènements privés. « On ne construit pas un hôtel pour un hôtel, on construit autour du site existant, un nouveau quartier, un nouvel espace de vie qui sera ouvert gratuitement à la population, aux familles polynésiennes, comme le parc Paofai » reprend Teiva Raffin. La plage et le beach house situés au pied de la falaise devraient eux être accessibles, par un funiculaire ou des télécabines.

Restent tous les points techniques soulevés par la mairie. La consommation d’eau ? Une compétence communale, rappelle le directeur et une question déjà évoquée avec les élus. L’ancien hôtel s’appuyait déjà sur des bassins de stockage situés dans la montée, et le promoteur est prêt à discuter avec les autorités pour trouver « des solutions d’améliorations nécessaires ». Les déchets ? Une  autre compétence communale, mais le directeur pointe que, comme en matière d’eau potable, les redevances engendrées permettront à Arue de développer ses services dans le reste de la commune. La gestion des eaux usées ? Les cabinets d’étude auraient conçu une solution d’évacuation par émissaire des eaux retraitées qui, « calcul de courants à l’appui », ne risqueraient pas de dégrader la qualité des eaux de baignade. Les ressources naturelles et la biodiversité ? Des défrichages sont bien prévus pour lancer le chantier, mais le projet prévoit des aménagements paysagers importants pour créer des espaces verts « en adéquation avec le futur développement touristique ». « Ce sera un hôtel dans un parc, et pas l’inverse », assure le directeur pour qui « l’un des facteurs clés de succès du projet repose sur le respect de l’environnement ». De la végétation au tombant du récif, « nous n’allons tout de même pas saccager nos propres atouts naturels ».

« Tous les gains réinvestis en Polynésie »

Pour City, qui porte en Polynésie plusieurs projets hôteliers et résidentiels – dont le complexe Ocean Park de Punaauia, qui fait lui aussi débat et sur lequel le groupe va communiquer « prochainement » – le Tahara’a a une symbolique toute particulière. C’est par les annonces de vente de ce terrain que le groupe français, spécialisé dans l’aménagement et l’immobilier, mais qui gère aussi « environ 1 500 clés » d’hôtels en France et dans le monde, s’est intéressé à la Polynésie. Avec « un siège local à Papeete, et une équipe qui s’étoffe » City entend bien s’installer « dans la durée ». Et devenir, au même titre que d’autres groupes, « un partenaire du pays et un acteur du développement ». Côté logement, le schéma d’aménagement de la Polynésie table sur 14 000 à créer en 10 à 12 ans, « et on peut aider à avancer ». Côté social, le New Tahara’a représenterait à lui seul 210 salariés d’hôtel en exploitation, et « environ 500 emplois » au total. Sans compter les « plus de 600 travailleurs » qui doivent intervenir sur ce chantier. « Un début de relance économique » pour le pays, et, pour Arue, une dynamique qui « s’inscrit dans les engagements pris par les élus lors des dernières municipales », précise Teiva Raffin. Côté touristique, le groupe, qui gère un parc de 1500 clés en France et dans le monde, projette à terme d’exploiter 500 à 600 chambres dans l’hôtellerie du pays. Preuve de cette démarche « de long terme » : City s’engage à « réinvestir tous les gains qu’ils feront sur tous les projets dans le pays ». « Ils s’engagent à ne rapatrier aucun franc, aucun euro vers la métropole », insiste le directeur.

Rachat par le Pays : 3 milliards et des incertitudes

Pour le responsable le projet consiste à « faire revivre un site fermé depuis 25 ans et aujourd’hui désert, abandonné ». « Il y a énormément de nostalgie, à Tahiti, autour de cet hôtel où tout le monde avait l’habitude de se retrouver le weekend », rappelle Teiva Raffin pour qui le Tahara’a « born again » sera l’occasion pour Arue de se replacer au centre de la vie tahitienne. Quid du projet évoqué par Jacky Bryant de créer un parc territorial mêlant botanique, histoire et culture ? Cela implique pour le Pays de racheter le foncier – sans droit de préemption, en l’absence de PGA, d’après Teiva Raffin – de démolir et désamianter les bâtiments existants. Soit « au moins 3 milliards de francs », avant aménagement, et sans garanties de développement économique et d’emplois, explique le responsable. « Entre la PSG, les conséquences du virus, et les autres problèmes que le territoire doit surmonter, il y a sûrement d’autres priorités » pointe-t-il.

Le directeur de l’antenne locale de City signale au passage que la mairie d’Arue, si elle veut un nouveau parc public, pourrait s’appuyer sur les terrains militaires rétrocédés par l’armée, et déjà attenants à des équipements sportifs. « S’ils ont besoin d’un aménageur, pour ce projet ou un autre, on peut aider », précise-t-il.

 

 

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