Après un « grand conseil » des orange mercredi soir, le Amuitahira’a, dont tous les candidats ont été éliminés au premier tour des législatives, appelle à bouder le second. Pour son président Gaston Flosse, pas question de soutenir « la politique catastrophique » du Tapura, ni les « plans du Tavini pour qu’Oscar Temaru redevienne président ». Cap sur les territoriales, donc, sans remettre en cause la ligne souverainiste de l’ex-Tahoera’a.
Soutenir le Tapura, le Tavini ou appeler à l’abstention. Pour le Amuitahira’a, qui s’est réuni hier soir en grand conseil, « les trois options étaient sur la table » à 10 jours du second tour. Pas question en revanche de ne donner aucune consigne de vote : « il faut prendre une décision », avait prévenu Gaston Flosse, qui a d’abord commencé par une analyse des chiffres du scrutin de samedi 4 juin. Des chiffres forcément décevants pour les militants : les trois candidats du parti orange – Pascale Haiti, Jonathan Tarihaa et Sylviane Terooatea – ont tous été éliminés, récoltant respectivement 14,4%, 12,8% et 14% des suffrages exprimés – là où le Tapura s’arroge 36,2% et le Tavini 27,5%. Surtout, avec 11 770 votes, les orange perdent 10 000 suffrages par rapport aux législatives de 2017.
Ni Édouard, ni Oscar
Mais ce recul, l’ancien président assure aujourd’hui qu’il s’y attendait, vu les « défis » qu’a dû traverser le parti : « je ne pensais même pas qu’on allait dépasser 8 000 voix », explique le Vieux Lion. Qui a donc invité ses militants à se tourner vers les territoriales de 2023 pour choisir les consignes de vote. Et dans cette optique, hors de question de voter pour le Tapura et de soutenir « sa gestion catastrophique du Pays, le Covid et ses 800 morts, le chômage, le coût de la vie… ». Pas question non plus de soutenir le Tavini: « On sait bien que leur objectif c’est de remettre Oscar Temaru président de la Polynésie, or nous l’avons déjà vu en 2004, et cela a été la catastrophe », reprend Gaston Flosse. Catastrophe pour catastrophe, le Amuitahiraa a « opté pour l’abstention ». À à la quasi-unanimité, précise son inébranlable président.
« Les candidats Tavini ont abandonné leur projet d’indépendance »
Pas question, enfin, de s’éterniser sur ce scrutin. « L’élection législative est derrière nous, c’est fini, on tourne la page », martèle le Vieux Lion. Après quelques semaines de « respiration » et de Heiva, le Amuitahira’a se lancera « de toutes ses forces » dans la bataille des territoriales. Toujours sur la même ligne. Car Gaston Flosse, qui sera toujours inéligible en 2023, attribue la défaite au « changement de nom refusé par certains anciens », à « l’affaire de Tauhiti Nena, qui est parti avec nos dossiers et qui ne fait que nous copier », et « surtout à Teura Iriti qui a manipulé tout le monde », mais pas au projet d’état souverain associé, ardemment défendu pendant la campagne. « Ça n’a rien à voir », explique-t-il. Pour le Amuitahira’a, l’état associé est toujours « la suite logique » de l’autonomie défendue, entre autres, par le Tapura, et une alternative « viable » à l’indépendance. « J’ai l’impression quand j’entends les candidats du Tavini qu’ils ont abandonné leur projet, il n’en ont que très peu parlé, tacle au passage l’ancien président. Ils ont parlé surtout du chômage, de la vie chère et des impôts, mais ça n’a rien à voir avec le travail du député ».