Paris (AFP) – Le dispositif de sécurité déployé sur la promenade des Anglais à Nice le soir du 14-Juillet « n’était pas sous-dimensionné », a affirmé mercredi la responsable de l’IGPN Marie-France Moneger-Guyomarc’h après avoir rendu son rapport, jugés insuffisants par l’élu LR Christian Estrosi.
Face aux polémiques, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait demandé le 21 juillet un rapport à l’IGPN sur ce dispositif de sécurité, qui n’avait pu empêcher Mohamed Lahouaiej Bouhlel de foncer avec un camion dans la foule, tuant 84 personnes.
Ces polémiques « sont le fruit d’une mauvaise compréhension ou une interprétation des informations peut-être pas complétement stabilisées qui ont été rapidement fournies dans un souci de transparence », a estimé Mme Moneger-Guyomarc’h.
L’enquête a notamment confirmé le nombre de policiers nationaux (64) et municipaux (42) déployés pour assurer la sécurité des festivités. Ce chiffre de policiers nationaux avait été contesté par Christian Estrosi.
Le président LR de la région Paca et 1er adjoint au maire de Nice et le maire de la ville Philippe Pradal ont jugé pour leur part mercredi soir que ce rapport de l’IGPN « ne saurait être suffisant », déplorant « des questions qui demeurent ».
« Le rapport certifie que 64 policiers nationaux étaient engagés sur la +Prom’ Party+. Pourtant, ce même rapport indique que dans une zone comprise entre la rue Meyerbeer, à l’ouest, et le début du quai des Etats-Unis, à l’est, sont présents : 2 sections CDI soit 24 personnes, deux BAC soit 6 personnes, et 3 BTS soit 9 personnes ; au total donc 39 personnes », ont relevé dans une déclaration à l’AFP MM. Estrosi et Pradal.
« Le reste des 64 agents était dans le Vieux Nice, alors que les 30.000 personnes présentes pour le feu d’artifice étaient sur la promenade des Anglais. Il n’y avait donc que 39 policiers nationaux sur la Promenade et pas 64 », ont-ils encore dénoncé.
Le rapport de l’IGPN précise par ailleurs que le dispositif a fait l’objet de « quatre réunions préparatoires dont deux en préfecture » avec des représentants des polices nationale et municipale.
– Deux enquêtes judiciaires –
Il était acté que la police municipale était chargée des points de barrage à la circulation (Gambetta et Ile de beauté) et la police nationale de trois points de contrôle (Meyerbeer, Verdun et Phocéens) délimitant la « Prom’ party », zone dans laquelle circulaient aussi des policiers en patrouille.
« Traditionnellement la police municipale participe au défilé dans l’après-midi et les défilants sont invités à la garden party du maire. Ce sont les policiers nationaux qui assurent pendant ce temps-là les points de circulation sur le périmètre des festivités et ils sont relevés à partir de 20H30 par les policiers municipaux qui reprennent leur mission de circulation », a expliqué la cheffe de la « police des polices ».
« Il était donc normal de trouver à 21H00 à l’angle de la rue Gambetta et de la Promenade des Anglais (à l’endroit où le camion du terroriste est entré dans la zone piétonne de la promenade), deux policiers municipaux devant un barrage qui déviait la circulation », a-t-elle relevé.
La « police des polices » a rencontré des « interlocuteurs très marqués par les événements » et qui « vivent très mal les polémiques » comme « une mise en cause injustifiée ».
Dimanche, la cheffe du service pilotant la vidéosurveillance à la police municipale de Nice, Sandra Bertin, a de son côté affirmé avoir subi des pressions de la place Beauvau pour modifier son rapport sur ce dispositif de sécurité. Deux enquêtes préliminaires ont été ouvertes par la justice après ces accusations: l’une à Nice pour « abus d’autorité », l’autre à Paris pour « diffamation ».
© AFP DOMINIQUE FAGET
La responsable de la police des polices (IGPN) Marie-France Moneger-Guyomarc’h, tient une conférence de presse, le 27 juillet 2016 à Paris