Tapura qui « ne changera pas », projet pas clair du Tavini… La présidente de A here ia Porinetia, invitée que Quart d’heure de campagne sur Radio1 et TiareFM, a assuré qu’elle excluait « à ce stade » les propositions d’accord ou d’alliance des autres partis. La colistière de Nuihau Laurey préfère promouvoir les 50 propositions de son mouvement vert en matière d’économie, d’institution, mais aussi d’éducation, d’administration ou d’agriculture… L’idée directrice : « libérer le système ».
« On est sur le terrain tous les jours », et ça dure déjà depuis plusieurs mois pour A here ia Porinetia. Il faut dire que le mouvement lancé en 2020 par Nicole Sanquer, Nuihau Laurey et Félix Tokoragi, devenu officiellement un parti en début d’année dernière, a dû travailler à « se faire connaitre, se présenter à la population » pour tenter de rentrer dans la cour des grands. Et les résultats des législatives – pas de candidats qualifiés au second tour, mais près de 12 000 voix, autant que le Amuitahira’a, au premier – a confirmé cette ambition pour les territoriales. « Aujourd’hui, on est un parti structuré, on a des équipes dans toutes les communes, ça facilite le travail » détaille Nicole Sanquer, invitée du Quart d’heure de campagne jeudi, qui dit avoir des retours « très positifs » sur le terrain. Certains considèrent même la liste aux couleurs vertes comme le « faiseur de rois » de cette élection : celle qui va, en fonction de ses alliances ou de ses accords, faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre de l’échiquier politique. Et pourtant la présidente du parti veut être claire : « A here ia Porinetia est en campagne pour être une alternative, proposer un nouveau projet pour la Polynésie, et notre objectif, c’est son application. Par conséquent, à ce stade là, on rejette toutes les alliances ».
« Nous ne voyons pas comment nous pouvons travailler avec le Tapura »
Des discussions avec d’autres partis ? Il y en a eu, reconnait-elle toutefois, par exemple sur l’éventualité d’un accord de gouvernement pour l’après-élection. « Mais nous ne voyons pas comment nous pouvons travailler avec le Tapura, puisque nous en sommes sortis, nous connaissons le fonctionnement à l’intérieur. Nous avons proposé des alternatives à l’assemblée, tout a été rejeté. Je ne pense pas que ça changera demain, détaille-t-elle. Du côté Tavini, on comprend pas trop le programme, on parle d’indépendance, mais à quelle échéance ? ». « Nous nous proposons 50 mesures réalisables en 5 ans, nous avons des priorités pour lutter contre la vie chère et vraiment réformer ce système qui est trop politisé, avec moins d’administration, plus d’accompagnement, on veut soutenir l’initiative privée et évidemment ça passe par le renouvellement des personnes qui gouvernent ». Bref, « à ce stade là », pas d’alliance ni d’accord, « c’est le programme que nous promouvons que nous voulons mettre en application ».
Le renouvellement de la classe politique et la modernisation des institutions fait effectivement partie des grands axes du programme de A here ia Porinetia, qui a tout de même intégré sur sa liste quelques élus expérimentés comme Sylviane Terooatea, Étienne Tehaamoana ou Bernard Natua, entre autres. Limitation des mandats en nombre et dans le temps, diminution du nombre d’élus, généralisation du référendum local ou mesures de transparence sur les aides financières publiques… Des thèmes mis en avant depuis plusieurs mois, comme l’allègement de la fiscalité et des dépenses publiques, par Nuihau Laurey, choisi comme tête de liste dans ces territoriales. Mais les cinquante propositions de A here ia Porinetia impliquent aussi de profonds changements en matière de politique de santé, de foncier, de culture, ou d’éducation, sujet qui tient particulièrement à cœur à l’ancienne enseignante Nicole Sanquer.
« Est ce que tous les parents veulent que l’école soit en reo ? Je ne pense pas »
Face aux résultats « catastrophiques » de l’enseignement polynésien, elle propose de revoir le schéma directeur des formations et « d’adapter » le système au contexte insulaire et aux réalités socio-économiques du Pays ». Il s’agit entre autres de créer de développé les filières de professionnalisation précoce comme les CJA, de proposer des dispositifs de mis à niveau ou de multiplier les passerelles entre filières, afin de lutter contre le décrochage scolaire. L’ancienne ministre de l’Éducation (2014 – 2017) avait fait partie de ceux qui avaient œuvré pour l’entrée du reo Tahiti au second degré, en tant que LV2. Elle se montre toutefois très dubitative quant à l’idée du Tavini de rendre cet enseignement obligatoire jusqu’en Terminale et à son évolution en langue d’enseignement des autres matières. En raison des capacités de formations des enseignants, mais surtout de la volonté des parents. « Aujourd’hui, tous les parents peuvent choisir cette LV2 pour leurs enfants, malheureusement, il choisissent généralement une autre langue : il n’y pas eu de création de nouveaux postes pour les professeurs en reo. Ce n’est vraiment pas une préoccupation première pour les parents », note-t-elle estimant toutefois que « ça pourrait être une bonne question à poser à la population » via un référendum local. « Est-ce que tous les parents veulent que l’école soit en reo ? Je ne pense pas, surtout que ça serait un handicap pour la poursuite des études », précise-t-elle.
Violences : couvre-feu ciblé sur les mineurs
Pour l’ancienne ministre d’Édouard Fritch, les bagarres qui ont défrayé l’actualité ces derniers temps – à Bora Bora récemment – sont à la fois le fruit d’un problème social, de carences dans l’éducation, mais aussi d’un problème « de sécurité dans nos communes ». Elle rappelle qu’au pont de l’Est à Papara, ou à Nivee côté Hitia, les grands rassemblements sauvages, souvent teintés de drogue ou de violence, « et on trouve des mineurs » sont habituels. « On n’agit qu’au coup sur coup, quand il y a des drames », pointe-t-elle. Le parti propose d’investir davantage sur la prévention et de mieux articuler l’action de l’État et du Pays sur la sécurité. Mardi, Nuihau Laurey avait estimé sur TNTV, à propos des rixes de Bora Bora qu’il fallait mettre en place des couvre-feu sur place. « Un couvre-feu qui s’adresserait aux mineurs, précise sa colistière. Il faudra responsabiliser les parents pour faire en sorte que ces mineurs ne soient pas sur la route, en train de participer à des fêtes. Il faut plus de prévention, mais à moment donné aussi, de sanctions.
Côté jeunesse, A here ia Porinetia propose en outre un investissement massif dans la formation agricole et maritime. Une façon aussi d’avancer vers l’autonomie alimentaire, « l’affaire de tous » et sur laquelle le Pays « n’a pas assez mis les moyens ».
« Mettre les moyens » sur l’agriculture et protéger les utilisateurs de cannabis thérapeutique
Défiscalisation pour les petits porteurs de projets, simplification administrative pour tous, formations « avec les associations comme partenaires privilégiés », solutions innovantes comme l’hydroponie et pari sur les îles « futures moteurs du développement »… Il s’agit aussi de mieux accompagné les jeunes formés « pour lier tous les maillons de la chaîne » et de réorienter les contrats aidés : les CAE représenteraient « 5 milliards de francs de gaspillage », avec des contrats « qui partent en grande partie dans l’administration et qui ne servent pas à l’insertion ».
La liste de propositions des verts foncés ne cite pas en revanche la question du cannabis, sujet sur lequel la représentante et ex-députée a été très active. Parce que le Pays a fini par voter un nouveau cadre législatif, précise-t-elle. Un cadre qui ne peut pas être appliqué par défaut d’arrêtés. En cas de victoire, A here les prendra, et complètera la législation pour combler des lacunes, du côté du CBD, notamment. « Ça reste une priorité », assure Nicole Sanquer qui précise n’avoir jamais voulu légaliser le cannabis récréatif : « il s’agit de protéger les malades qui utilisent ces produits ». Et pourquoi pas développer une industrie locale.
Enfin la présidente de A here ia Porinetia précise qu’en cas de victoire, un collectif budgétaire sera immédiatement pris par son équipe et celle de Nuihau Laurey pour « réduire les dépenses de bureaucratie et de train de vie des élus et du gouvernement ». « Rien que les frais de bouche et de réception, c’est 180 millions par an », pointe-t-elle. Quant à l’administration, sa réforme devra s’accélérer : « des délais qui s’allongent, des papiers à refaire, ça décourage l’initiative privée, l’administré subit son administration ». « Nous voulons libérer ce système » insiste Nicole Sanquer.
Quart d’heure de campagne, tous les matins à 8 heures sur TiareFM et Radio1Tous les matins à 8 heures jusqu’au premier tour, le « Quart d’heure de campagne » donne la parole, en direct sur TiareFm, Radio1 et notre page facebook, à un des candidats des sept listes engagées dans ces territoriales. Propositions, réactions, stratégie et alliances… De quoi vous faire votre opinion pour les scrutins 16 et 30 avril. Le programme :
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