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Nicole Sanquer demande un vol spécial pour les résidents bloqués, « sur des critères objectifs »

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Après avoir entendu le ministre de la Santé annoncer une capacité d’accueil en quatorzaine de 1 000 personnes, la députée Nicole Sanquer qui suit le dossier des « naufragés du covid-19 » en métropole demande que soit organisé au plus vite leur rapatriement, sur des critères objectifs,  et sans nécessairement attendre les rares places sur les vols affrétés par l’État : elle demande l’affrètement par le Pays d’un vol spécial.

Nicole Sanquer s’alarme des déclarations officielles après l’arrivée samedi soir du troisième vol de continuité territoriale. « On nous dit qu’il y a eu des évasanés, mais qu’il y a des résidents polynésiens qui étaient en déplacement personnel, professionnel, médical, et en précarité sociale. Donc j’estime qu’on a commencé à rapatrier les résidents, mais sans avoir établi des critères de priorité ! »

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Si elle trouve « rassurantes » les déclarations officielles sur la capacité d’accueil en quatorzaine à Tahiti, elle ne se satisfait pas de la règle « premier inscrit, premier élu » énoncée par Jacques Raynal lundi. À cela s’ajoute, dit-elle, une complication supplémentaire pour les résidents bloqués, déjà inscrits sur une liste à Paris, mais que la délégation vient de réorienter vers une nouvelle adresse.

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Des Polynésiens aux quatre coins du monde, et des étudiants

Nicole Sanquer évoque aussi les ressortissants polynésiens coincés dans d’autres pays. « Hors étudiants, j’ai identifié une vingtaine de personnes au Canada, une vingtaine en Australie aussi, en Calédonie et à Bali. » Une situation compliquée, car leur seule option était un rapatriement sur Paris proposé par le ministère des Affaires étrangères, ce que beaucoup ont refusé parce qu’ils n’y connaissaient personne ou parce que le coût de la vie y est plus élevé, et surtout parce qu’ils sont dans des endroits moins atteints que la France par le coronavirus. Elle cite aussi le cas d’une jeune fille de 16 ans partie en stage en Guadeloupe et bloquée là-bas, ou d’étudiants Erasmus en Espagne.

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Une lettre de recadrage d’Édouard Fritch aux députés

C’est un courrier du président du Pays, daté du 29 avril et adressé à Maina Sage, Moetai Brotherson et Nicole Sanquer, qui l’a hérissée. Édouard Fritch fait référence aux différentes « initiatives personnelles » des députés, et écrit : « Je vous laisse la responsabilité de vos engagements ». Et il se défend : « Certains laissent croire aux étudiants et aux autres résidents polynésiens que le gouvernement est passif. Ce qui est complètement faux. » Mais il refuse toujours le retour : « La non-maîtrise de l’évolution du covid-19 en Polynésie française m’interdit d’ouvrir des discussions sur la réouverture de nos frontières. » Et pourtant, dit la députée, le gouvernement « a dit à tout le monde que la circulation du virus en Polynésie était stoppée. »

Nicole Sanquer prend en exemple la Nouvelle-Calédonie qui a affrété des vols pour rapatrier ses résidents, et dit ne pas comprendre cette réaction du président du Pays : « En dehors de la continuité territoriale il a le pouvoir de prendre cette décision, et d’ôter ce caillou de sa chaussure qui lui coûte en popularité. Il ne se rend pas compte qu’il est en train de susciter la haine. »

Les naufragés oubliés des aides financières du Pays ?

En attendant, se pose la question de l’aide financière à ces personnes en France et ailleurs. 11 personnes ont pu bénéficier de la cagnotte de Maina Sage, via le compte personnel de la directrice de la Délégation à Paris : 100 euros par personne, une somme dérisoire. Un patenté en déplacement à Paris a pu recevoir l’aide mise en place par le PC Eco, indique Nicole Sanquer. « D’autres ont fait des demandes au PC Social, aucune réponse pour le moment. »

En revanche, dit Nicole Sanquer, « une soixantaine de personnes sont éligibles à une aide dispensée par les communes où ils sont en métropole, ce sont des paniers solidaires. Comme c’est une aide qui vient de la Sécurité sociale et que ce sont des ressortissants de la CPS, il a fallu faire valider ça par la ministre des Outre-mer, c’est chose faite. Mais c’est une aide qui vient évidemment de l’État. »

Interrogée ce mardi lors du point du PC Eco, la ministre des Solidarités Isabelle Sachet assurait que les demandes étaient prises en compte. Valérie Hong Kiou, à la tête de la DFSE, déclarait : « On peut les aider financièrement, mais ça prend du temps, pour vérifier les affiliations de chacun pour pouvoir déclencher les aides. Le mieux, c’est de prendre contact avec la délégation à Paris qui accueille une antenne de la CPS qui se fait le relais des services sociaux. » De la langue de bois dont on fait les chèques.