Le Nobel de la Paix 2024 a récompensé l’organisation japonaise Nihon Hidankyo, qui rassemble et fait témoigner des victimes des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki. C’est le sixième prix, en autant de décennies, attribué à des personnalités ou des organisations œuvrant contre le développement, les essais ou l’utilisation des armes nucléaires dans le monde.
« No More Hibakusha ». C’est le mot d’ordre de la Nihon gensuibaku higaisha dantai kyōgi-kai, « confédération du Japon des organisations des survivants des bombes A et H, plus connue sous le nom de Nihon Hidankyo. Cette organisée créé en 1956 pour rassembler, défendre et faire témoigner les victimes des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki (désignés comme Hibakusha en japonais) a été déclarée lauréate du Prix Nobel de la Paix 2024 ce vendredi. Nihon Hidankyo est distingué « pour ses efforts en faveur d’un monde sans armes nucléaires et pour avoir démontré, par des témoignages, que les armes nucléaires ne doivent plus jamais être utilisées », a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Jorgen Watne Frydnes, cité par l’AFP. Il s’agit pour le comité, à l’approche de la commémoration des 80 ans des deux bombardements atomiques, lancés les 6 et 9 août 1945 par l’Armée américaine pour obtenir la capitulation du Japon, signé moins d’un mois plus tard, de « mettre l’accent sur la nécessité de maintenir le tabou nucléaire ». Un discours qui fait écho aux menaces d’utilisation de la bombe qui ont été proférées depuis 2022 et l’invasion par la Russie de l’Ukraine, mais aussi la montée des tensions et de la violences dans d’autres zones du monde.
Ce n’est pas la première fois que le mouvement anti-nucléaire militaire est récompensé par un Prix Nobel. En 1962, l’Américain Linus Carl Pauling avait été destinataire du prix pour sa campagne contre les essais d’armes nucléaires. En 1974, c’est le Premier ministre Japonais Eisaku Sato qui est récompensé pour sa renonciation à l’arme nucléaire, suivi, en 1985, de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire. Dix ans plus tard, en 1995, le physicien polonais Josef Rotblat, connu pour avoir été le seul scientifique à avoir quitté le projet Manhattan avant le bombardement d’Hiroshima, est choisi par le comité norvégien avec le mouvement Pugwash qu’il a lancé. Plus récemment, en 2005, c’est l’Agence internationale de l’énergie atomique, solidairement avec son directeur égyptien Mohamed el-Baradei qui sont applaudi pour leurs efforts visant à interdire l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins militaires. Enfin en 2017, le Prix Nobel de la paix est allé à l’Ican, campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires, qui avait elle-même récompensé quelques années plus tard la militante polynésienne Hinamoeura Morgant-Cross. C’est donc la sixième fois que le mouvement anti-nucléaire est récompensé par le Nobel en un peu plus de 60 ans.