CUPIDITÉ – Plus d’une cinquantaine de personnes ont demandé à déposer la marque « Je suis Charlie », en vain.
L’horreur et le recueillement n’empêchent pas certains de vouloir faire des affaires. L’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI) a annoncé mardi avoir reçu plus d’une cinquantaine de demandes pour déposer la marque « Je suis Charlie ». Le gendarme français de la propriété intellectuelle les a toutes déboutées.
>> LIRE AUSSI – Ce qu’on pourra lire dans Charlie Hebdo mercredi
Un afflux de demande. Depuis les attentats ayant visé la rédaction du journal Charlie Hebdo mercredi dernier, un slogan et un logo se sont imposés : la phrase « Je suis Charlie », écrite noir sur blanc en reprenant la typographie de l’hebdomadaire satirique. Face à un tel succès, de nombreuses personnes ont tenté de transformer cette formule en marque.
« Depuis le 7 janvier, l’INPI a reçu de nombreuses demandes de marques ‘Je suis Charlie’+, ou faisant référence à ce slogan », et l’institut « a pris la décision de ne pas enregistrer ces demandes de marques, car elles ne répondent pas au critère de caractère distinctif », souligne le communiqué de l’INPI.
Pourquoi déposer la marque « Je suis Charlie » ? Tant qu’une marque ou un slogan ne sont pas déposés auprès de l’INPI, chacun peut l’utiliser comme bon lui semble. Mais dès qu’une marque est déposée, il est interdit de l’exploiter sans l’accord de son propriétaire. Ce dernier peut alors demander de l’argent pour autoriser son utilisation.
« En déposant votre marque à l’INPI, vous obtenez un monopole d’exploitation sur le territoire français pour 10 ans, renouvelable indéfiniment. Vous êtes ainsi le seul à pouvoir l’utiliser, ce qui permet de mieux commercialiser et promouvoir vos produits et services. Vous pouvez vous défendre en poursuivant en justice toute personne qui, notamment, imiterait ou utiliserait aussi votre marque », précise l’INPI.
Face à l’apparition massive de t-shirts, autocollants et autres badges, certains ont donc flairé le filon et ont tenté de s’accaparer cette formule pour en faire une marque, et donc gagner de l’argent. Sauf que pour déposer une marque, il faut passer par l’INPI et ce dernier a décidé de ne pas transiger.
>> LIRE AUSSI – Je suis Charlie : le « bad buzz » des 3 Suisses
Une formule qui appartient à la communauté nationale. « Ce slogan ne peut pas être capté par un acteur économique du fait de sa large utilisation par la collectivité », explique l’Inpi dans un communiqué. D’autant plus que l’inventeur de la formule et du visuel sur fond noir, Joachim Roncin, a dès le départ précisé que « le message et l’image sont libres de toute utilisation. En revanche je regretterais toute utilisation mercantile ».
Plusieurs plateformes de commerces en ligne ont d’ailleurs commencé à serrer les vis : Ebay et Amazon se sont engagées à reverser leurs commissions à l’hebdomadaire, quand d’autres ont purement et simplement retiré ces produits de leurs boutiques en ligne.
>> LIRE AUSSI – #JeSuisCharlie : le 11 janvier, historique aussi sur les réseaux sociaux