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« Nous n’allons pas tout déconstruire », rassure Moetai Brotherson

Moetai Brotherson a débuté son allocution par le rappel « des trois étoiles qui guideront l’action du gouvernement pendant ce mandat :  fa’atura (respect), fa’aora (soutenir), et fa’atupu (bâtir) ». Un discours de politique générale sans attaque de la précédente mandature.

Tout comme Antony Géros l’avait annoncé quelques minutes plus tôt, le président du Pays souhaite travailler main dans la main avec l’ensemble des représentants, quelle que soit la couleur de leur parti politique.  Ce ne sera pas un mandat en « rupture » avec le précédent, « nous n’allons pas tout déconstruire mais aligner notre programme sur le programme que nous avons porté devant le nunaa », a déclaré Moetai Brotherson.

La PSG au menu des premières rencontres à Paris

L’annonce phare de l’intervention du président est la création d’un statut de victime du nucléaire au sein de notre système de protection sociale. Cette mesure fera partie des premiers sujets qu’il abordera lors de son déplacement à Paris durant la semaine du 5 juin. Dans la négociation avec l’État sur le soutien à la protection sociale et à sa réforme, le président a indiqué que les discussions reprendraient sur les bases posées par l’ancienne équipe, qui aurait demandé 15 milliards de Fcfp sur 3 ans. Moetai Brotherson entend demander aussi à l’État des missions de l’IGF (Inspection générale des finances), de l’IGA (Inspection générale de l’administration) et de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales), afin « d’actualiser » la vision d’ensemble. On se souvient que l’IGAS, sollicitée par Edouard Fritch en 2017, avait effectué une mission en 2018 et rendu son évaluation du système de protection sociale et de santé en avril 2019. Si les délais sont les mêmes cette fois, la réforme de la PSG risque de se faire attendre.

Rassurer les entrepreneurs

Le président du Pays a fait un câlin aux chefs d’entreprise  –  « ces bâtisseurs, ces gens qui souvent ont mis tout ce qu’ils avaient dans l’œuvre d’une vie, ces gens qui prennent des risques au quotidien avec leurs deniers «  – promettant de les rencontrer dans les prochains jours « pour recueillir le fruit de (leur) réflexion ». Fini le « BTP pour faire du BTP », l’heure est aux travaux structurants pour lesquels « la commande publique sera au rendez-vous », affirme Moetai Brotherson : aéroport des Marquises, ou encore développement de la Presqu’île (mais sans jamais mentionner la route).

Réforme de la DDC et « nouvelles répartition des compétences » entre Pays et communes

Moetai Brotherson a également annoncé la mise en place d’une réforme de la Délégation au développement des communes (DDC) qui a la main sur l’instruction et le suivi de tous les dossiers de subventions, et des projets de loi pour « une nouvelle répartition des compétences » entre le Pays et les communes, le cadre réglementaire de la loi votée le 17 janvier dernier, à l’unanimité, étant aujourd’hui jugé « bancal ». Objectif : favoriser le développement des archipels, portefeuille du président, pour permettre le retour chez eux des îliens, « si on ne veut pas continuer de concentrer les problèmes sur la seule île de Tahiti. »

Le président du Pays a brièvement abordé les autonomies alimentaire et énergétique vers lesquelles il souhaite tendre, le fléau des embouteillages durant les heures de pointe, ou encore l’exemplarité dont nous devons faire vis-à-vis des enjeux environnementaux. Beaucoup de constats et d’intentions – par exemple des « grandes conférences » sur la santé, l’alimentation et l’éducation – et presque aucune mesure précise, notamment fiscale : mais « nous reviendrons bientôt vers vous avec tout un train de mesures et de textes que vous aurez à examiner et qui je l’espère seront l’occasion débats riche et productifs », a conclu Moetai Brotherson.