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Nouvelle-Calédonie : coup de filet dans les rangs indépendantistes

Une opération des forces de l’ordre a eu lieu ce mardi à Nouméa. Policiers et gendarmes ont notamment bloqué l’accès du siège de l’Union Calédonienne, parti indépendantiste, où devait se tenir une conférence de presse. Huit interpellations ont eu lieu, dont celle Christian Téin, le leader de la CCAT, collectif mis en cause par l’État dans les émeutes qui ont éclaté le 13 mai dernier. Les individus interpellés sont notamment soupçonnés d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ou d’un délit. Le parquet « entend conduire cette phase de l’enquête avec toute l’objectivité et l’impartialité nécessaires ». De nombreux commerces et bureaux ont baissé le rideau dès midi par crainte de nouveaux débordements. Le point avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

C’est tôt dans la matinée mercredi (mardi à Tahiti) que huit personnes ont été interpellées, à Nouméa et au Mont-Dore. Parmi elles, le leader de la CCAT, Christian Téin. Et ce, dans le cadre de l’enquête ouverte par le parquet le 17 mai dernier pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ou d’un délit.

Cette procédure concerne aussi des suspicions de vols avec arme et en bande organisée, de destruction de biens par incendie en bande organisée, de complicité par instigation des crimes de meurtre et tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique et de participation à un groupement formé en vue de la préparation d’actes de violences sur les personnes et de destructions de biens.

Pour ces qualifications pénales relevant du champ de la criminalité organisée, le placement en garde de garde à vue est d’une durée maximale de 96 heures, explique le procureur de la République Yves Dupas, qui précise que « conformément aux dispositions du code de procédure pénale », chacune de ces huit personnes placées en garde à vue a reçu notification par l’officier de police judiciaire des faits reprochés et de leur qualification pénale ainsi que des motifs de leur placement en garde à vue.

« Manifestation de la vérité »

« Les droits fondamentaux de la personne placée en garde à vue comprenant notamment le droit d’être assisté d’un avocat, le droit à un examen médical et le droit de garder le silence lors des auditions ont là également été notifiés, poursuit Yves Dupas, qui ajoute que « les enquêteurs et le parquet entendent conduire cette phase de l’enquête avec toute l’objectivité et l’impartialité nécessaires dans l’objectif essentiel de la manifestation de la vérité. »

« Enquête ouverte avec la sous-direction antiterroriste »

Cette enquête préliminaire est diligentée par la section de recherche de la gendarmerie de Nouméa, en lien avec la direction générale de la gendarmerie nationale, la direction nationale de la police judiciaire et la sous-direction antiterroriste ainsi que le groupe interministériel de recherches de Nouméa (GIR).

L’UC appelle au calme

« L’État français persiste dans ses manœuvres d’intimidation. Ces arrestations étaient prévisibles », dénonce le président de l’UC, Daniel Goa, qualifiant ses arrestations « d’abusives ». Alors que, ajoute-t-il, « des responsables locaux anti-indépendantistes et des miliciens criminels se pavanent en toute liberté. » Le mouvement demande des « explications immédiates » sur ces interpellations et « met en garde les responsables de cette situation », à savoir les élus locaux Loyalistes, qui se « prétendent défendre la sécurité des Calédoniens de ne pas continuer de souffler sur la braise ».

L’Union calédonienne appelle l’ensemble des relais CCAT ainsi que la jeunesse au calme et « à ne pas répondre à la provocation tant sur le terrain que sur les réseaux sociaux. » Pour Daniel Goa, « l’ordre et la justice coloniale sont dangereux. Nous sommes dans une période de grande colère et de tension, l’État Macron continue de nous défier, mais comme il a été dit dans toutes les réunions : faisons attention à nos vies ! « 

« Les déclarations publiques haineuses et les attaques des forces de l’ordre sont de nature à mettre en danger la sécurité des Calédoniens » pour l’Union calédonienne qui « réitère urgemment » sa demande de renvoi du haut-commissaire Louis Le Franc et du procureur de la République Yves Dupas qui « enveniment la situation ». Daniel Goa conclut en répétant son message : « A tout le pays, du Nord au Sud, des îles : un appel au calme est lancé ». 

Des commerces fermés dès midi

Par ailleurs, plusieurs barrages, tenus tant par des militants que par « des voisins vigilants » ont été démantelés à Nouméa. « Aucun incident n’est à signaler à l’exception d’un blocage sur le col de la Pirogue où un dispositif de sécurisation a été mis en place pour débloquer la circulation routière« , indique le Haut-commissariat dans un point de situation. Une réponse aux inquiétudes de nombreux travailleurs nouméens, qui ont décidé de rentrer chez eux dès midi, par peur d’éventuels débordements après l’annonce de l’arrestation du leader indépendantiste de la CCAT. Une grande partie des enseignes et des institutions de la capitale ont également baissé leurs rideaux. Face aux rumeurs qui enflent, le Haut-commissariat précise également que « l’accès au centre-ville est libre et sécurisé« . Les embouteillages observés depuis la fin de matinée dans l’agglomération, et en particulier à Nouméa, « ne sont pas dus à des blocages mais à l’engorgement de la circulation« , assure le Haut-commissariat, qui signale également que la reprise des cours en province Sud « s’est parfaitement déroulée ce matin« .

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Jt Vert 19/06/2024

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