ACTUS LOCALESNOUVELLE-CALÉDONIESOCIÉTÉ

Nouvelle-Calédonie : l’État devrait trancher cette semaine sur le report du référendum

Si le référendum se tient le 12 décembre, « nous ne serons pas là le 13 pour discuter » a prévenu un responsable du FLNKS, qui menace de boycotter le scrutin s’il n’est pas reporté. Côté loyaliste, les prises de parole s’enchaînent pour que la date soit maintenue et que le Caillou puisse enfin « tourner la page ». Une décision devrait être prise à Paris dans le courant de la semaine.

La date approche et les tensions grandissent autour du troisième et dernier référendum de sortie de l’accord de Nouméa. Constatant que la violente vague épidémique qu’a connu le Caillou, et qui s’estompe peu à peu, n’a pas permis de mener une campagne et un débat serein sur ce scrutin, les différents partis indépendantistes ont demandé le report de la consultation, prévue pour le 12 décembre. Face au refus de l’État et à la levée de bouclier des loyalistes, le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste) a annoncé qu’il appellerait au boycott du scrutin si la date était maintenue. Dans une interview accordée aux Nouvelles Calédoniennes, Victor Tutugoro, chef de file de l’UPM, un parti indépendantiste membre du FLNKS, a précisé que si le référendum se tient le 12 décembre, « nous ne serons pas là le 13 décembre pour discuter de la construction du pays et de l’après ». Une référence à la période de transition qui doit débuter au lendemain de ce troisième et dernier référendum d’indépendance et durer jusqu’en juin 2023.

Côté loyaliste, on rappelle que les indépendantistes ont demandé dès qu’ils ont pu ce troisième vote plutôt que de s’engager, après deux résultats favorables au maintien dans la France (par 56,7% puis 53,3% des voix) dans une solution négociée et surtout on dénonce une instrumentalisation de la crise sanitaire à des fins « politiciennes ». Mais au delà de la question des conséquences du Covid sur ce vote, le FLNKS et ses responsables dénoncent un « changement de méthode » de l’État, « beaucoup plus directif » sur la question référendaire – un « virage qui coïncide avec la position d’une partie de la droite locale« , précise Victor Tutugoro. Et soutiennent que « les conditions ne sont pas réunies pour tenir un référendum » et que « la sérénité nécessaire n’est pas là ».

Une décision à Paris mercredi ?

Une position qui n’a pour l’instant pas fait fléchir Paris. Dans une interview diffusée sur TV5 Monde, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a estimé que « la participation est une appréciation politique qui est naturelle et libre dans une démocratie », et qu’un boycott «  »n aucun cas elle altèrerait la sincérité du scrutin ». Le responsable précise tout de même que le gouvernement central « regarde de près » la situation, et pourrait prendre une décision de report « en fonction de la « la situation sanitaire ». Le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie a précisé, sur NC la 1ere, que cette décision pourrait être prise ce mercredi en Conseil des ministres national. En attendant, des moyens importants de maintien de l’ordre sont en train d’être déployés sur le Caillou. 1400 gendarmes, 130 véhicules supplémentaires, dont une trentaines de blindés, une centaine de policiers, et côté armée, 250 militaires supplémentaires appuyés par deux hélicoptères puma et un Casa… L’objectif est d’assurer la sécurisation des lieux de vote et de la logistique du scrutin, et de faire face à d’éventuels mouvements de protestations avant ou après le vote.

Les partisans du maintien contre-attaquent

Et à l’heure des réflexions à Paris, les partisans du maintien de la date tentent eux aussi de se faire entendre. Une cinquantaine de « représentants de la société civile » ont adressé au président Emmanuel Macron une lettre ouverte pour le maintien de la troisième consultation au 12 décembre, rapportent les Nouvelles Calédoniennes. On trouve parmi ces signataires des responsables syndicaux, patronaux, ou associatifs, des soignants, ainsi que des représentants du monde culturel ou sportifs. Un collectif dont peu de membres sont proches des mouvements indépendantistes, et qui explique que le report serait une « erreur ». « Il est urgent que les discussions se tiennent entre les acteurs indépendantistes et loyalistes, les acteurs de la société civile et l’État, pour écrire enfin une nouvelle page de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie », notent les signataires. Du côté des partis loyalistes, le discours est plus ferme. La présidente de la Province Sud Sonia Backès a signé une tribune dans Le Figaro pour appeler au maintien de la date. La menace de boycott des indépendantistes « décidé par quelques-uns, prend en otage les Calédoniens en menaçant de les priver de leur liberté d’exprimer leur souhait de rester, ou non, au sein de la République française et de se projeter, enfin, vers l’avenir ».

Lettre ouverte à Emmanuel Macron d’un collectif citoyen pour le maintien du référendum, via Les Nouvelles Calédoniennes

Article précedent

Médecine traditionnelle : "Il y a une demande forte et on est prêt à y répondre"

Article suivant

Gouvernement : Nicole Bouteau a remis sa lettre de démission à la présidence

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Nouvelle-Calédonie : l’État devrait trancher cette semaine sur le report du référendum