Quatre experts internationaux se sont exprimés sur la situation actuelle en Nouvelle-Calédonie dans une déclaration très à charge contre le gouvernement français et l’action des forces de l’ordre, rapportant des faits difficiles à vérifier. Les Loyalistes et le Rassemblement ont qualifié ces propos de « faute politique grave ». Les précisions de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Trois mois après les premières exactions, c’est dans une déclaration officielle publiée mardi 20 août sur le site du Haut-commissariat des Nations Unies que quatre experts se disent « très préoccupés » par la situation en Nouvelle-Calédonie. Un communiqué dans lequel les quatre rapporteurs tiennent des propos très tranchés, qualifiant notamment « d’excessif » et « d’exclusivement répressif » le comportement des forces de l’ordre et de la justice depuis le début de la crise. « Nous sommes conscients que des actes de violence ainsi que des dommages aux biens privés et publics ont été commis par certains manifestants. Cependant, les moyens utilisés, la gravité des violences rapportées, l’intensité de la réponse répressive et le caractère raciste et discriminatoire de certains actes de violence, ainsi que le nombre de morts et de blessés, d’arrestations et de détentions arbitraires et de disparitions forcées sont alarmants. »
« Violences à caractère raciste »
Les quatre experts s’inquiètent par ailleurs de ce qu’ils qualifient comme une « tentative de démantèlement de l’Accord de Nouméa« . En touchant au corps électoral, le projet de réforme constitutionnelle ferait, selon eux, « sauter l’un des fondements » de l’accord. Ils remettent également en cause la légitimité de la troisième consultation référendaire de 2021, tenue « en plein deuil coutumier observé par le peuple kanak » à la suite de l’épidémie de Covid-19. Les experts de l’ONU vont plus loin encore dans leurs propos, reprenant à leur compte des « allégations« , selon leurs propres termes. Ainsi, ils évoquent des « violences à caractère raciste commises par des milices armées, qui ont causé la mort de trois manifestants« , des « disparitions forcées » de Kanak ou encore la « criminalisation de défenseurs des droits de l’homme kanak par l’application abusive du droit pénal« , sans qu’il soit possible à l’heure actuelle de vérifier ces informations.
Ils concluent en demandant au gouvernement français « d’engager rapidement un dialogue avec le Comité spécial de la décolonisation et les institutions coutumières kanak pour trouver une solution pacifique au conflit » et d’abroger le projet de loi constitutionnel.
Un déplacement du Sénat coutumier à l’ONU
Une déclaration qui intervient cinq semaines après le déplacement d’une délégation du Sénat coutumier, accompagné de Mickaël Forrest, au palais des Nations unies, à Genève, à l’occasion de la 17e session du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones. Une instance fondée pour aider les États membres à remplir les objectifs fixés par les Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Les propos des experts n’ont pas manqué de faire réagir, notamment du côté des non-indépendantistes. Dans un communiqué diffusé ce mercredi (mardi pour Tahiti), les groupes Loyalistes et Rassemblement ont qualifié cette déclaration de « faute politique grave« . « Elle jette durablement l’opprobre sur le travail, jusqu’alors respectable, des Nations Unies sur le dossier calédonien au travers du comité de décolonisation (C24). »
Pour les deux partis, le groupe d’experts n’a fait que reprendre des « fausses informations du camp indépendantiste« . « Non, les forces de l’ordre n’ont pas neutralisé des manifestants mais bien des émeutiers dangereux. » Les Loyalistes et le Rassemblement défendent par ailleurs le résultat des trois référendums, « supervisés par l’ONU, via le comité de décolonisation, qui les a toutes validées » et le projet de dégel du corps électoral « que les partis indépendantistes ont signé« .
Les Nouvelles Calédoniennes
Qui sont les quatre experts ?
Les quatre experts qui signent cette tribune sont : José Francisco Cali Tzay, rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, Gina Romero, rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association, Ashwini K.P, rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme et Irène Khan, rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression. |